ENTRETIEN. "Je pense avoir fait le job", dernière rentrée à l’hôtel de ville pour le maire de cette sous-préfecture
Après quelques jours de vacances, le maire de Figeac, André Mellinger prépare avec sérénité la rentrée qui s’annonce particulière pour lui. Ce sera en effet la dernière rentrée à l’hôtel de ville pour l’élu lotois qui a annoncé son intention de passer le flambeau aux prochaines élections municipales. Rencontre.
Comment avez-vous perçu la saison touristique avec un mois de juillet compliqué selon les premiers retours des professionnels du secteur ?
D’après les échos que j’ai, la saison est quand même bonne, malgré ce qu’on voit au niveau national. Il y a à la fois l’angoisse de ce qui se passe dans le monde, la restriction sur le pouvoir d’achat mais je pense que Figeac tire bien son épingle du jeu avec autant de monde que l’année dernière.
Après le couac de la fête de la musique, il y a eu durant l’été une polémique entre un cafetier et l’association des marchés nocturnes. Une solution a-t-elle été trouvée ?
C’est encore une fois comment on concilie les intérêts collectifs et privés. L’association des marchés nocturnes a besoin de fonds pour faire l’animation et elle fait cotiser les producteurs présents. L’association va à l’avenir intégrer les cafetiers dans le tour de table.
Durant l’été, les deux grandes périodes de canicule ont mobilisé les services de la mairie qui ont recensé les personnes les plus fragiles…
C’est la démonstration que, dans un monde de plus en plus bousculé et incertain, la première porte d’entrée reste la mairie. C’est vers le maire qu’on se tourne spontanément pour trouver des solutions en cas de crise, aujourd’hui encore et malgré tous les transferts de compétences. On est là pour faire face au quotidien de nos habitants. La canicule, c’est un très bon exemple. Les urgences climatiques touchent comme d’habitude les personnes les plus fragiles vivant dans de petits appartements qui n’ont pas forcément de voiture pour aller se mettre au frais. Elles se retrouvent coincées en ville, d’où l’importance de s’occuper de cette population qui n’est pas propriétaire et n’a plus de lien fiscal avec la commune. Cela représente 50 % de nos administrés. C’est là le vrai débat des prochaines municipales qui va porter sur le service rendu à la population alors qu’il faut faire des économies. Quand on investit dans les espaces publics, cela profite à tout le monde, pas seulement aux touristes. Il faut sortir de cette vision des choses et des clivages qu’on a avec les oppositions sur la notion de ville agréable, facile à vivre avec le développement des transports, du vélo… Les transports doux concernent tout le monde. Et c’est la notion même du service public.

À lire aussi : MUNICIPALES 2026 à Figeac : "c’est un passage de témoin", le maire sortant André Mellinger ne briguera pas un 3e mandat
Comme pour les écoliers en juin, vous avez ouvert l’espace Mitterrand climatisé aux enfants du centre de loisirs cet été. À quelques jours de la rentrée scolaire, des travaux sont-ils prévus dans les écoles pour faire face aux futures vagues de chaleur ?
On a commencé des travaux d’isolation et on voulait faire une expérimentation en installant la climatisation au moins dans une classe pour chacune des écoles de la ville sauf qu’aujourd’hui nous sommes toujours sous le coup du Covid et que cela est en contradiction avec les consignes d’aération des classes. J’ai écrit à la Dasen du Lot mais je n’ai pas eu de réponse. Et on a aussi à prendre en compte le coût énergétique. On travaille donc plutôt sur des systèmes type brise-soleil et casquette pour faire de l’ombre ; l’architecte des bâtiments de France doit donner son accord. Il faut qu’on travaille sur l’isolation positive des bâtiments car nos écoles datent des années 60, 70, même si elles ont été rénovées, on voit bien que ce n’est pas si évident que cela. Ce sont des sujets auxquels il faut réfléchir mais qui ne vont pas se résoudre en un an. Il va falloir faire du cas par cas et peut-être aussi adapter les horaires de l’école en fonction des périodes de chaleur.

Les travaux s’achèvent aux Pratges. Au Surgié, ils vont démarrer. Quel est l’objectif de ces chantiers de renaturation ?
C’est l’idée que la nature en ville est positive pas seulement pour la biodiversité, pour reconnecter l’individu avec la nature. On a une autre vision du monde, il y a toujours un décalage entre le moment où on change l’environnement et le moment où la population se l’approprie. Au Surgié, le fait d’avoir des plans d’eau a correspondu à une époque, où on était moins mobile. Il y avait un culte de la baignade en rivière. L’idée était d’amener l’eau au plus près des habitants, sauf qu’on n’avait pas toutes les données du problème de pollution, ni de l’envasement et encore moins du réchauffement climatique. Aujourd’hui, on a l’idée qu’il faut plus laisser faire la nature. La nature a toujours raison.
Ce sera votre dernière rentrée avant les élections municipales de mars 2026 où vous ne serez pas candidat à votre succession. Comment abordez-vous ce moment ?
À l’issue des 36 années passées en tant qu’élu, je pense avoir fait le job. J’avais cette phrase en tête : c’est un long marathon semé de sprints. Comme je l’ai déjà dit, être maire c’est comme une course de relais, on passe l’écharpe. Le bon maire est celui qui arrive à courir la distance mais aussi à enjamber les obstacles. On continue avec la même pêche le dernier jour qu’au premier. Je suis content d’avoir pu porter ce flambeau pendant quelques années, d’avoir été élu avec un très, très bon maître plus qu’un guide Martin Malvy et d’avoir travaillé avec de très, très bons collègues mais aussi des équipes qui se sont données à fond. Le rôle du maire est de maintenir la ville en état de fonctionner pour les espaces publics, la voirie, l’éclairage, les réseaux d’eau… J’ai travaillé avec une équipe technique et administrative de grande qualité, c’est ce qui fait la force de Figeac. Ce sont des agents motivés, chacun à leur place qui n’ont qu’un objectif : l’intérêt général. Un des boulots du maire est de faire de la médiation entre l’intérêt général et les intérêts particuliers. C’est le cas avec le PLUi. L’intérêt général n’est jamais la somme des intérêts particuliers. Le PLUi, c’est préparer l’avenir pour que Figeac accueille de nouveaux habitants. On a la chance d’avoir des entreprises qui recrutent comme Figeac Aéro ou Ratier-Figeac. On le voit sur le territoire, il y a un parcours résidentiel avec d’abord une installation en appartement en locatif à Figeac puis la recherche d’une maison avec un terrain dans les communes autour, d’où l’intérêt de la communauté de communes.
Comment voyez-vous la suite ?
J’aspire à profiter un peu de mes petits-enfants. Être élu c’est une très belle expérience. J’ai beaucoup appris à la fois dans la nature humaine et c’est aussi une gratification. Moi je suis fils d’immigrés. Mon père est né à Budapest. Je suis Français car il a été naturalisé français. Donc c’est une fierté d’avoir pu servir à ma façon la République. C’est aussi une mise en pratique des valeurs que m’a inculquées ma mère, très proche de la nature, républicaine dans l’âme et ouverte aux idées progressistes. Le revers de la médaille, c’est le manque de disponibilité pour la famille, les absences. La satisfaction vient du retour des habitants quand je les croise, qui n’ont pas forcément les mêmes idées que moi, mais me témoignent leur respect. J’ai pris la suite de ce qu’on fait mes prédécesseurs, c’est une satisfaction personnelle.