En 2025, il va falloir revenir dans les librairies !

On imagine que des milliers de livres ont été déposés au pied
du sapin de Noël. De tout format, pour tous les âges, pour
tous les goûts. On espère surtout qu’ils ont été achetés dans
des libraires indépendantes, pas chez un mastodonte américain
et multinational dont le fondateur, Jeff B., imitant une majorité
de grands patrons des États-Unis, vient de faire allégeance à Donald
Trump – lequel, à part ceux qu’il a publiés, par exemple « Comment
devenir riche », n’a sans doute jamais ouvert un bouquin de sa vie.
Business is business.

Paradoxalement, l’épidémie de Covid s’est avérée bienveillante avec les
librairies, reconnues commerces essentiels après des tergiversations
animées au sommet de l’État. Alors que la France, elle peut en être
fière, compte déjà plus de 3 500 établissements, ce ne sont pas moins
de 574 nouvelles librairies qui ont vu le jour entre 2019 et 2023,
dont une sur cinq dans des communes de moins de 5 000 habitants,

souvent doublées d’un café ou salon de thé.

Le livre n’est donc pas un privilège citadin, tant mieux.Même si le vaccin reste conseillé, le Covid s’est éloigné de nos pensées et de nombreux
libraires ont franchi la porte du purgatoire. Rentabilité faible, charge
de travail et charges financières, complexité due à la surproduction
éditoriale, beaucoup d’entre eux n’ont presque plus le temps de lire. Un
comble ! Peut-être l’engouement des Français pour ces objets de papier
dans lesquels on s’aventure avec bonheur est-il un peu retombé.
Selon le cabinet spécialisé Xerfi, les mois à venir ne sont pas réjouissants.
Pour se rasséréner, les petites librairies devraient afficher en2025

un taux de croissance de 8,2 %, les moyennes de 5,6 %. Même le
Père Noël en jetterait son bonnet. La vente de livres relève du secteur
privé mais c’est aux pouvoirs publics de l’aider, comme en 1981 avec le
prix unique du livre imposé par Jack Lang.

Les réponses politiques sont différentes. Dans les Pays de la Loire, on
sabre les subventions à la culture, donc à la lecture. En Nouvelle-Aquitaine,
un nouveau contrat 2025-2027 en faveur du livre vient d’être
adopté, avec une enveloppe régionale de 2,26 millions d’euros. Quoi
qu’on puisse penser de lui, la France a pour Premier ministre un authentique
amateur de littérature. Certes, le dossier livre pèse peu à côté de Mayotte,

de l’Ukraine ou du budget 2025 mais, puisqu’il est à Matignon, à François

Bayrou de taper du poing sur la page.
                           

Benoît Lasserre éditorial Sud-Ouest