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Nouvelle-Calédonie : le pari risqué d'Emmanuel Macron pour tenter de renouer le dialogue

 

 

 

Le chef de l'Etat a annoncé ce mardi matin en Conseil des ministres son départ ce soir sur le Caillou. Il devrait prendre la parole à l'issue de son déplacement - a priori de 24 heures - pour des annonces sur la reconstruction, mais aussi sur l'explosif volet politique.

Emmanuel Macron a décidé de partir « dès ce mardi soir » en Nouvelle-Calédonie pour tenter de débloquer la situation.
Emmanuel Macron a décidé de partir « dès ce mardi soir » en Nouvelle-Calédonie pour tenter de débloquer la situation. (Ludovic MARIN/POOL/AFP)

Par Isabelle Ficek LES ECHOS

Publié le 21 mai 2024 à 18:48Mis à jour le 21 mai 2024 à 22:07
 

Surprise ce mardi matin. En Conseil des ministres, au lendemain d'un nouveau Conseil de défense et de sécurité sur la situation en Nouvelle-Calédonie à l'issue duquel Emmanuel Macron avait estimé qu'il y avait de « nets progrès » en matière de sécurité, le chef de l'Etat a annoncé à ses ministres décoller dès ce mardi soir pour le Caillou, afin, entre autres, d'« y installer une mission », a fait savoir la porte-parole du gouvernement, Prisca Thévenot.

« Il veut exprimer sa solidarité avec les Calédoniens, remercier les forces de sécurité intérieure très mobilisées pour permettre un retour au calme. Ce déplacement, ces 30.000 kilomètres en quelques jours, démontrent l'attachement du président de la République à la Calédonie, aux Calédoniens et l'importance du sujet sur lequel il s'est impliqué de longue date », a ensuite fait valoir l'entourage d'Emmanuel Macron. Comme un changement de ton.

Présence physique

Car certes, « priorité est donnée à l'ordre », mais l'Elysée a aussi insisté sur « l'attachement du chef de l'Etat à la reprise du dialogue ». « La Nouvelle-Calédonie, on le sait, c'est l'écoute, l'écoute, l'écoute », insiste désormais une source gouvernementale. Emmanuel Macron doit arriver à Nouméa jeudi matin pour échanger avec des élus - à ce stade, son entourage, très prudent tant la situation reste complexe, n'a pas communiqué sur les élus rencontrés - puis avec des membres de la société civile avant de prendre la parole pour « revenir sur le volet de la reconstruction, très important », ainsi que le « volet politique ».

 

« S'il s'apprête à faire cela, c'est bien parce que le président croit à la capacité de tout le monde de dialoguer, il croit que sa présence physique pour inciter les uns et les autres à dialoguer peut être utile et s'il est difficile pour l'instant pour les élus de venir à lui, c'est à lui de venir à eux », a encore martelé son entourage, alors que les vols commerciaux ne devraient pas reprendre avant samedi au moins et que si le Haut-commissaire Louis Le Franc a écrit dans un communiqué ce mardi matin que « le retour au calme se poursuit sur l'ensemble du territoire », « la situation reste très tendue », s'inquiète un conseiller de l'exécutif.

« Des grands commis de l'Etat »

C'est aussi au moment de cette prise de parole d'Emmanuel Macron - qui devrait rester « a priori 24 heures » en Nouvelle-Calédonie, selon un proche - que cette mission, demandée par de nombreuses forces politiques pour tenter de débloquer la situation, doit être installée. Mais elle sera « administrative », a précisé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin auditionné par la commission des Lois. « Des grands commis de l'Etat plutôt que des politiques », confirme un conseiller de l'exécutif.

 

Matignon, qui jusqu'à Edouard Philippe gérait le dossier de la Nouvelle-Calédonie, devrait ensuite suivre les travaux de cette mission. « Le schéma, c'est Mitterrand-Rocard, le président pilote politiquement ce dossier depuis le début, il est acteur clé depuis 2017, c'était le bon choix et la bonne stratégie de se rendre sur place et de reprendre l'initiative politique », veut croire le même.

« J'espère que les annonces du président Macron seront à la hauteur de la situation », a d'ailleurs déclaré Edouard Philippe lors d'une réunion publique à Bayonne mardi soir. « La situation est terriblement triste et dangereuse. La France, qui a une relation compliquée à son histoire coloniale, a une possibilité de trouver une solution originale, même si c'est plus difficile qu'il y a trois mois », a ajouté l'ancien Premier ministre.

La présidence Zorro

« C'est la présidence Zorro, le président ne peut s'empêcher de se mettre en première ligne », grince au contraire un ténor de la majorité, qui redoute que la venue du chef de l'Etat n'enflamme à nouveau la situation. Ce parlementaire note toutefois un « signe d'apaisement » ou plutôt « un pari sur l'apaisement » avec un chef de l'Etat qui, à ce stade, n'a pas décidé de proroger l'état d'urgence au-delà de 12 jours, ce qui nécessiterait un passage devant le Parlement.

Prudence oblige sur la suite des événements, un texte a été transmis au Conseil d'Etat, au cas où.

 

Parmi les questions, nombreuses, qui restent en suspens et auxquelles le chef de l'Etat sera amené à répondre face aux élus, figure la date de la convocation du Congrès pour valider - ou pas - le texte de loi constitutionnelle qui élargit le corps électoral. L'échéance de fin juin - prévue par le texte - et l'intransigeance, jusqu'ici, de l'Elysée, ont contribué à mettre le feu aux poudres. Mais ce mardi - petite évolution - son entourage se bornait à répéter qu'il « n'y a pas de scénario écrit à l'avance, il n'y a pas de décision prise à ce stade ».

Report du Congrès

Si le député Renaissance Nicolas Metzdorf a, en visioconférence depuis la Nouvelle-Calédonie, lors de la réunion de groupe ce mardi matin, exhorté à « tenir » sur la date du Congrès, rapportent des participants, il est isolé dans la majorité qui penche fortement, pour l'apaisement, vers un report du Congrès. Dans l'archipel, les loyalistes sont divisés sur la question. En métropole ce mardi, seul le chef de file des députés LR, Olivier Marleix, s'est aussi montré ferme sur le calendrier.

 

« Le président ne veut pas lâcher sans contrepartie : il veut le retour au calme et des garanties sur le fait que le dispositif politique va permettre à toutes les parties de se reparler, relève un macroniste de la première heure. Si sa venue permet cela, bingo ! S'il arrive avec des ultimatums et un empressement qui jusqu'ici ont plutôt envenimé les choses, alors la situation peut encore s'aggraver… Nous n'avons plus le droit à l'erreur. » Un vrai pari.

 

 

 

 



22/05/2024
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