EDITORIAL. Élection à la présidence de l’Assemblée : suspens total

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      Lionel Laparade./ /Photo DDM.  - LAURENT DARD
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    Lionel Laparade
     
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    La question n’est pas de savoir si les 577 députés de la dix-septième législature de la Ve République parviendront ce jeudi à se trouver un ou une présidente.
    Conséquence de la période complètement folle dans laquelle patauge la France depuis le 9 juin, nous ne sommes plus sûrs de rien. Mais nous pouvons néanmoins nous raccrocher à cette certitude, puis ensuite à un espoir : quelqu’un se hissera sur le perchoir ce jeudi, et peut-être alors commencerons-nous à y voir un peu plus clair au sujet de l’avenir du pays…
    Jusqu’au probable et nécessaire troisième tour de scrutin qui désignera l’autorité d’un hémicycle encore plus instable que le précédent – souhaitons bon courage à "l’heureux " élu –, le suspens sera total. Personne d’ailleurs ne se hasarde sérieusement à un quelconque pronostic à propos d’un résultat parfaitement indéchiffrable. En l’absence de majorité claire et parce qu’il s’agit d’un vote à bulletin secret, tout est possible, "sauf le pire", soulignent les adversaires du RN. À gauche, on espère même tenir le parti de Marine Le Pen à l’écart de tous les postes clés de l’Assemblée, nonobstant les plus de 10 millions de suffrages qu’il a remportés.

    Quelle que soit la profusion de candidats, symptôme de la crise que nous traversons, on devine le scénario de la finale qui devrait opposer le Nouveau Front populaire au représentant d’une coalition de la droite et du centre aux contours toujours mouvants. Attention toutefois au trublion Charles de Courson qui croit pouvoir contredire un récit écrit d’avance…
    Incapables de se mettre d’accord sur un nom à proposer au chef de l’État pour Matignon, les alliés du NFP ont réussi l’exploit de s’entendre sur une candidature unique pour le perchoir. Ne pas le faire eut été suicidaire, et si le principe de réalité a fini par l’emporter s’agissant de la présidence de l’Assemblée, pourquoi ne triompherait-il pas des divisions sur le choix du prochain Premier ministre ?
    À trop se chercher des poux les uns les autres depuis dix jours, les Insoumis si l’on en croit Sophia Chikirou, ont trouvé des "punaises de lit" chez les socialistes.
    Quelle ambiance… Au spectacle que les alliés du NFP donnent à voir, on se demande si le Front républicain dressé avec succès contre le RN dans l’entre-deux tours, n’a pas transformé le résultat des élections législatives en fardeau pour la gauche rassemblée qui n’en demandait pas tant. Et si elle est parvenue à un compromis pour briguer la succession de Yaël Braun-Pivet, c’est peut-être qu’au regard de l’arithmétique électorale, elle ne croit tout simplement pas à sa victoire.
    La déception que le NFP inspire, ses reculades devant l’obstacle ou ses responsabilités, sont inversement proportionnelles à l’énergie que consacre le camp présidentiel à chercher des partenaires, sceller des pactes et créer les conditions d’une gouvernance qui le replacerait miraculeusement au centre du jeu.
    Si cette hypothèse se confirme, personne ne pourra lui faire reproche d’avoir poussé ses pions face à une gauche qui pratique la stratégie de l’évitement et s’est elle-même condamnée à agir en contre pour mieux préparer, croit-elle, l’échéance de la présidentielle. On sait déjà, en écoutant ses électeurs, que c’est un mauvais et dangereux calcul…