• Patrick Louis
    Patrick Louis DDM - LAURENT DARD
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Patrick Louis LA DDM

À condition de le soigner avec un peu d’ail et de persil (pour la graisse de canard ou l’huile d’olive, les spécialistes sont partagés), ce mal qui peut toucher n’importe qui finit généralement très bien. Personne n’est à l’abri. Aucun vaccin connu ne peut lutter contre cet irrésistible appel de la forêt, des bois et des près. Le « cueilleur » de champignons peut être (assez souvent) touché dès l’enfance mais il arrive qu’il soit dépisté adulte, à la lumière bénie des RTT ou des nombreux week-ends prolongés, bien plus tard aussi, la libération de la retraite sonnée.

Il peut vivre à deux pas des sites privilégiés mais vient le plus souvent des grandes villes après avoir quitté très jeune son paradis d’origine.

Dans ce dernier cas le gourmand peut subir le handicap dit « de la plaque d’immatriculation ». Le 31 passe très mal dans les monts de Lacaune et les pneus du 92 ne présentent qu’une durée de vie limitée en Couserans. Si vous vous amusez à tenter de réaliser un portrait-robot du cueilleur de champignons vous allez être surpris et vous retrouver rapidement en difficulté. Il ou elle peut appartenir à toutes les couches de notre société, paysans bien sûr, fonctionnaires, ouvriers, chômeurs, artisans et même militaires ou… ecclésiastique ! Aucunes restrictions professionnelle ou sociale, et, cela va sans dire, les sujets peuvent pencher, dans le secret de l’isoloir, pour n’importe quel (ou aucun !) parti politique.

 

Pas de chercheur type, l’appel de la reine morille, du majestueux bolet, de la renaissante oronge, du délicat mousseron ou de la généreuse girolle (nous gardons modestement un faible pour les rosés des prés bientôt invités aux brumes d’automne) concerne tout le monde. Par contre tous les candidats ne sont pas également récompensés et nous avons même remarqué que ce sont souvent les mêmes qui font le plein. Des chroniqueurs du Stade toulousain par exemple, sans différence d’âge, empilent ainsi les paniers comme leurs joueurs préférés les Boucliers…

Les chemins délicieux, autrefois révélés par un grand-père, une tante, un voisin bienveillant (si ça existe !) peuvent être repérés aujourd’hui par… GPS. Fin d’une belle époque ou progrès appréciable, à vous de juger. Espérons quand même que les guidages venus du ciel ne soient pas trop efficaces, les pilleurs déjà assez nombreux lors des pousses miraculeuses n’ont pas besoin de ça pour ratisser, au sens propre et sans pitié aucune, des zones toujours plus larges.

« Cèpe extra » aurait pu chanter Léo Ferré. Il a dû en déguster quelques poêlées lors de ces années au château lotois de Perdigal, à Saint-Clair en Bouriane. Mais son plat préféré parait-il, sa « penne Leo », ne mariait dans sa chère Toscane que des nouilles avec des saucisses, de… Toulouse bien sûr.