«Grande réforme fiscale». Trois mots qui ont de quoi apeurer les épargnants français, déjà les plus taxés d’Europe. D’autant plus lorsqu’ils sont prononcés par Lucie Castets, candidate du Nouveau front populaire dans la course à Matignon. La championne de la gauche unifiée l’a martelé dans les colonnes de la Tribune dimanche : le NFP ira «chercher des recettes fiscales et sociales à hauteur de 150 milliards d’euros à l’horizon 2027, afin de financer son programme et de réduire le déficit». Pour ce, la coalition gagnante des législatives anticipées, qui n’a d’ailleurs «pas pour objectif premier de respecter le pacte de stabilité et de croissance» de l’UE - mise sur plusieurs chevaux : le renforcement de la progressivité de l’impôt sur le revenu, la taxation des expatriés, un élargissement du patrimoine taxé et la renaissance de l’ISF. 

L’Impôt de Solidarité sur la Fortune, instauré en 1989 puis remplacé en 2018 par l’Impôt sur la Fortune Immobilière (IFI), était pensé à l’origine comme «une contribution de solidarité». Et non pas comme «une revanche contre les riches», arguait Michel Rocard lors du discours pour sa ré-instauration (il avait été supprimé l’année précédente par Jacques Chirac). Pourtant, le premier ministre d’alors n’était pas dupe. «Une imposition trop forte inciterait à la fuite des capitaux », reconnaissait-il alors, en écartant tout de go l’idée d’une simple taxation «symbolique» et «idéologique».