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Déserts médicaux :le territoire sur ordonnance

 

 

 


En révélant ce vendredi la cartographie des déserts médicaux
les plus arides, le gouvernement est entré dans la phase
concrète de son plan de lutte. Dès le 1er septembre 2025, les
généralistes installés sur une zone bien pourvue seront incités
à exercer leurs fonctions dans l’une des 151 intercommunalités
prioritaires. Jusqu’à deux jours par mois. « Une obligation de fraternité
» invoquée au nom de la « solidarité territoriale ». « Le manque de
médecins est intolérable », avait martelé François Bayrou le 25 avril
dernier en déplacement à Puycapel dans le Cantal.


Reste que cet appel à la solidarité et à la fraternité, inspiré par l’esprit du
serment d’Hippocrate, est une façon habile de tordre la main aux médecins,
très attachés à leur liberté d’installation, acquise à la sueur de
longues études. Pour l’heure, la mesure reste incitative, mais pourrait
devenir obligatoire. « Si ce plan ne marchait pas, […] je crains

qu’un changement plus radical ne devienne nécessaire et inéluctable
», menace François Bayrou. Le message est clair. Et
la situation grave sur 87 % du territoire. Le Sud-Ouest n’échappe pas à la
« diagonale du vide », qui traverse notamment la communauté de
communes Coeur Haute Lande, ou celle des Bastides Dordogne-Périgord.
6 millions de Français n’ont pas de médecin traitant, dont
620 000 porteurs de maladie chronique. Pis, d’après une étude menée
par l’Association des maires ruraux, les habitants des campagnes
vivent deux ans de moins que les urbains, faute d’accès aux soins. Le
plan mise aussi sur la cohorte des 3 700 docteurs juniors qui sortiront
de la faculté en novembre 2026. Et sur le rapatriement des étudiants
français partis faire leurs études de médecine à l’étranger. Ajoutée à la
disparition du numerus apertus, cette première phase de mesures
permettrait de doter le pays de 20 % de médecins supplémentaires à
l’horizon 2027, soit 50 000. Et bénéficier à 2 millions de patients : un
début donc. Aux médecins qui auraient du mal à avaler la pilule, il faut
rappeler qu’ils ont échappé à une régulation plus coercitive avec le
projet de contrainte à l’installation, proposé par le député socialiste
Guillaume Garot et voté à l’Assemblée nationale. L’alternative est moins
raide : un petit effort de deux jours par mois, qui peut sauver 2 millions
de vies. Cela ne suffira pas, d’ailleurs, à résoudre tout le problème des
déserts médicaux. Le ministre en est conscient, il veut surtout lancer la
mécanique. « Arrêter de subir », dit-il. Arrêter de subir les inégalités
d’accès aux soins. Pour l’instant, la prescription reste légère. Pour
soigner « la fracture territoriale », il va falloir plus qu’un saupoudrage
de blouse blanche, arrosé de confraternité. Un traitement de choc.

 

                         

                                   Éditorial Sud-Ouest  Aude Ferbos



29/06/2025
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