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EDITO. Crise de l’automobile : comment résister ?
L’industrie automobile européenne connaît aujourd’hui l’une des crises les plus violentes de sa longue histoire. Les marques emblématiques, fers de lance de l’industrie européenne, comme Volkswagen, Renault, Peugeot ou Fiat ne sont plus épargnées. Selon les cas, elles souffrent de chutes de ventes impressionnantes, reconnaissent des pertes de plusieurs milliards d’euros, sacrifient des sites et surtout des emplois, et se heurtent à des décisions politiques qui les pénalisent. Autrefois symbole d’une Europe puissante et prospère, l’industrie automobile de pays comme l’Allemagne, la France ou l’Italie subit aujourd’hui de plein fouet tous les virages et les incertitudes de l’économie mondiale : des exportations qui ont diminué, le plus grand flou sur les droits de douane aux États-Unis, et, surtout, la concurrence exacerbée des géants chinois qui dévorent le marché mondial en proposant des voitures de grande qualité dont les coûts de production sont inférieurs de 40 % aux nôtres. Depuis quelque temps déjà, nos « amis chinois » ont parfaitement compris que l’Europe était pour eux un immense terrain de jeu, qu’ils tenaient par exemple entre leurs mains l’essentiel de la production mondiale de batteries électriques, et qu’il s’agissait désormais de construire dans nos pays leurs usines de demain (ce qu’ils font en Hongrie et en Espagne). Comment résister à de telles conditions ?
D’autant plus que l’Union européenne, dans un magnifique sursaut écologique, a décidé de l’interdiction de vendre des voitures à moteur thermique en 2035. Décarbonation totale dans dix ans ? Passage obligatoire au tout-électrique ? Est-ce une injonction raisonnable ? Nous savons que, malgré les encouragements des États, les consommateurs sont pour le moins hésitants à changer leurs habitudes et les constructeurs européens cachent difficilement leurs incertitudes : comment maintenir la compétitivité dans un contexte aussi court où la concurrence (chinoise bien sûr) possède une belle avance ? Certains prévoient déjà une crise sociale de grande ampleur : la transition vers l’électrique menacerait 500 000 emplois dans un secteur industriel qui revendique encore 1,4 million de salariés. Sans oublier les craintes des 17 000 petites et moyennes entreprises européennes qui travaillent pour l’automobile et se savent particulièrement vulnérables face à un tel choc industriel.
Pour l’industrie automobile européenne cet avenir incertain pourrait s’écrire, selon les cas, dans un protectionnisme forcené qui nous obligerait à revenir au moteur thermique, ou encore dans une soumission totale aux procédés imposés par les constructeurs chinois, enfin à un juste milieu, c’est-à-dire une entente entre partenaires pour harmoniser les normes et apaiser le marché. Enfin, il serait judicieux de repousser l’échéance européenne de 2035 pour que nos constructeurs s’adaptent plus facilement au changement et renouent avec le dynamisme qui était jadis le leur. Car nos atouts restent déterminants : nous possédons un marché intérieur étendu, une main-d’œuvre qualifiée et de vraies capacités d’expertise et de recherche. Ces atouts font partie de l’histoire européenne. Autrement dit : notre savoir-faire industriel d’hier peut-il sauver nos automobiles de demain