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Conclave sur les retraites : un bricolage à la marge

Les partenaires sociaux ont décidément bon dos. Après avoir été regardés comme des empêcheurs de gouverner par un Emmanuel Macron pressé de faire passer ses réformes du premier quinquennat, les voici considérés comme le remède miracle pour donner au gouvernement Bayrou son passeport de longévité. Malheureusement pour les syndicats et le patronat, cette option, chatoyante à priori, ne vaut pas mieux que la misérable précédente.
Portés au pinacle par le Premier ministre après avoir été longtemps tenus pour quantité négligeable par le chef de l’Etat, les partenaires sociaux se sont en réalité retrouvés investis d’une mission qui les dépasse totalement : trouver, sur la réforme des retraites, un accord social qui consolide l’assise politique de François Bayrou, en particulier vis-à-vis du Parti socialiste. Le cadre strict qui avait été fixé (l’équilibre du régime des retraites en 2030) ajouté aux lignes rouges contradictoires qu’édictaient le patronat et les syndicats, rendait illusoire le rêve d’un grand accord. Et puisque le patronat, en responsabilité, refusait évidemment de toucher à l’âge légal de 64 ans, le conclave avec les syndicats ne pouvait que dériver vers un bricolage à la marge, sur la retraite hachée des femmes ou les carrières longues, tous sujets importants, certes, mais qui relèvent davantage d’un deal technique que d’un raout médiatique.
Naturellement, les bien-pensants applaudiront à cette revitalisation de la démocratie sociale, bien qu’elle ait renoncé à résoudre l’équation budgétaire. Et bien entendu, les optimistes souligneront la sanctuarisation des 64 ans, sans voir que le patinage du conclave risque au contraire d’avoir l’effet inverse dans l’opinion publique.