• Jean-Claude Souléry. DDM
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Jean-Claude Souléry La DDM
 

Il a suffi de quelques minutes pour que le monde change. Il a suffi de cette altercation soudaine entre Donald Trump et Volodymyr Zelensky, abondamment filmée et retransmise en direct, pour que les pays occidentaux, un instant sidérés, comprennent que, désormais, la sainte alliance entre les États-Unis et l’Europe était devenue de l’histoire ancienne – et que le fameux "parapluie militaire américain", inauguré au lendemain de la Seconde guerre mondiale et conforté durant toute la Guerre froide, venait sous nos yeux de se replier. Plus de "parapluie" alors même que l’orage gronde à nos frontières.

 

Ce dimanche à Londres, dix-neuf pays occidentaux ont collectivement et poliment répondu au Président américain, exprimant à la fois leur solidarité envers l’Ukraine agressée, leur engagement à lui livrer de nouveaux moyens pour sa défense et leur désir de rechercher un plan de paix.

Encore faut-il démontrer sa force pour convaincre et contraindre aussi bien le Russe Vladimir Poutine et ses appétits de conquêtes que ces Américains désormais si peu soucieux d’écouter et d’entendre leurs anciens alliés.

 

Les coups de gueule de Donald Trump ont certes réveillé l’Europe, mais ils lui ont surtout fait prendre conscience de sa vulnérabilité. Par la force des choses – puisque l’heure est venue de devoir assumer seul notre sécurité et par conséquent bâtir une défense commune suffisamment forte et dissuasive –, nous voilà invités à des sacrifices et à une hausse des budgets militaires dont on ignore encore le véritable coût. Dans ce monde inquiétant qui consacre la loi du plus fort et face à la valse funèbre du nouveau couple Trump-Poutine, l’Europe est en effet conviée à ce dilemme qu’a parfaitement résumé Emmanuel Macron : "On veut choisir ou subir ?". Sous-entendu : sommes-nous suffisamment unis et résolus, avons-nous suffisamment conscience de la force de nos armées, pour imposer la paix en Ukraine et se passer de l’aide des États-Unis ?

 

Ce jeudi à Bruxelles, un nouveau sommet devrait esquisser les efforts que les Européens sont prêts à consentir au nom de leur sécurité. Il faudra bien sûr convaincre les diverses opinions publiques qu’il y va de leur propre destin – et, dans le contexte politique et budgétaire que nous connaissons, ce ne sera pas une mince affaire.

Les enjeux sont pourtant historiques – à moins de mégoter sur nos ambitions européennes et de renoncer aux valeurs qui sont les nôtres. Pour ne pas subir, il nous faudra choisir.