625 lignes ou 819 lignes ? Pal ou Secam ? Voilà des termes techniques qui datent du temps où l’étrange lucarne était un gros cul-de-lampe crépitant, capricieux, mais fascinant. Ah, elle en a fait du chemin, la télé, en quelques décennies. Il y a tout juste 20 ans, la TNT réussissait à glisser plein de signaux sur nos vieux râteaux. Et l’on passait alors de six chaînes à trente : de quoi ne plus savoir où donner de la zappette.

Le changement des chiffres et des lettres qui s’annonce pour aujourd’hui va donner un coup de peigne au râteau. On va ajuster le canal des enfants juste avant le bloc d’info, pour leur éviter de tomber sur les guerres. On regroupe l’actu en direct : LCI ou France Info ne cachaient pas leur jalousie d’être reléguées sur des chiffres lointains. Et on récupère les numéros de deux canaux aujourd’hui disparus : NRJ 12 n’a pas réussi à convaincre l’Arcom. Il faut dire que la chaîne était plongée dans une terrible léthargie, ne cessant de diffuser et rediffuser les mêmes séries. Même le Docteur Who, astucieux sorcier, était à la peine pour la réenchanter.

Quant à C8, c’est son trublion Cyril Hanouna, qui a fini par la plomber, avec son moulin à fake news et ses sorties nauséabondes.17mises en garde de l’Arcom, quand même. On sait que l’animateur devrait ressusciter sur M6 ; on suppose qu’il sera sous haute surveillance. On attend enfin de découvrir la petite nouvelle, T18, portée sur les fonts numériques par Laurent Ruquier, une valeur sûre du PAF, qui s’attaque à un réel challenge. Pour Novo 19, on attendra la rentrée.

Mais ce 6 juin ne sera qu’un petit débarquement sur nos petits écrans. La vraie révolution est déjà en marche depuis longtemps. Elle ne passe plus par les antennes de nos toits, mais bel et bien par les boxes, qui – eh oui ! – explosent la TNT avec la fibre optique. Depuis belle lurette, les chaînes payantes, Canal, Netflix, Disney, Bein sport… se sont invitées dans nos foyers.

Et ce sont des univers infinis qui se déroulent, avec des choix multiples, un confort de vision et d’audition qui auraient laissé sans voix Pierre Tchernia ou Raymond Marcillac… Les opérateurs classiques ont d’ailleurs dû emboîter le pas de la boîte, avec les replays ou les programmes à la demande. Les patrons de chaînes, qui rêvaient de rassembler toute la famille devant un programme, savent bien que tout cela est désormais ventilé façon puzzle : une mosaïque où se dispersent les branchés devant l’ordinateur, les jeunes rivés au portable, les sportifs devant l’écran plat.

La télé fait-elle encore rêver ? Pas sûr, et pas sûr qu’elle croie encore en elle. Les chaînes "gratuites" ne cessent de déverser des torrents de publicité. Les téléspectateurs ne seraient-ils plus que des "cerveaux disponibles" ?