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Budget : année blanche et ciel d’orage
L’ordonnance est connue et elle s’annonce salée : 40 milliards
d’euros d’efforts. C’est le traitement de cheval que François
Bayrou veut appliquer aux finances publiques pour rétablir
le dérapage budgétaire et amorcer le long – et miné – chemin
vers le retour sous les 3 % de déficit.
Pour y parvenir, une première étape se dessine : l’année blanche.
L’expression semble promise à un avenir haut en couleur. Le principe
: décalquer le budget 2025 sur celui de 2026, mais sans tenir
compte de l’inflation. À la clé, près de 20 milliards d’euros d’économies.
Soit la moitié des 40 milliards visés. Tracée d’un trait de plume
magique, cette esquisse minimaliste est tentante.
Mais se serrer ainsi la ceinture, en passant l’inflation à la trappe donc,
signifie aussi qu’il n’y aurait pas d’augmentation des minima sociaux.
Ce qui pénaliserait les plus modestes. De même qu’il n’y
aurait pas de revalorisation du barème de l’impôt sur le revenu.
Ce qui reviendrait à une hausse d’impôt déguisée. Or,
François Bayrou et plus encore Emmanuel Macron l’ont répété à
maintes reprises, le levier fiscal n’est pas une option.
Certes, le Premier ministre veut faire participer « tous les Français ».
Cela peut s’entendre. Mais alors qu’il dévoilera ses intentions après le
14 juillet, il va surtout devoir proposer une cure d’austérité empreinte
de justice. Après huit ans de ruissellement au goutte-à-goutte, il serait
inconcevable de couper l’eau à tous les étages. En clair, sans distinguer
les grands irrigués du macronisme et les autres.
François Bayrou devra y prendre d’autant plus garde qu’il ne peut
s’appuyer sur aucune majorité à l’Assemblée. Ces derniers jours l’ont
montré, le bloc central n’est plus qu’une pétaudière, sinon un canard
sans tête divaguant au gré des opportunismes, ne rechignant pas
même à s’attaquer à l’héritage présidentiel, comme on l’a vu avec la
suppression des impopulaires ZFE. Un coup de balai appuyé sans
surprise par la droite mais aussi par Horizons, le parti d’Édouard
Philippe, et une poignée de députés MoDem, le mouvement de…
François Bayrou. Lesquels n’ont pas hésité à aligner leur voix sur
celles du RN et de quelques mélenchonistes. Tout ce petit monde
préparerait une prochaine dissolution qu’il ne pourrait mieux s’y
prendre…
Dans cette ambiance de sauve-qui-peut et de chacun pour soi, l’année
blanche promet surtout, pour le gouvernement, des nuits sans sommeil
sous un ciel d’orages. On a connu des assurances (sur) vie plus
solides.
Éditorial Sud-Ouest Jefferson Desport