Comme un malheur n’arrive jamais seul, il faut endurer en prime le concours Lépine des commentaires hasardeux, selon un protocole bien établi. Quelques Insoumis et leurs soumis tentent de minimiser le caractère terroriste ou antisémite de l’attaque, façon saut de haies. L’extrême droite profite de ce déni en mode ippon. Et la course à l’infâme est lancée. Les délires complotistes boostés par les trolls russes semant la confusion pour que chacun se trompe de couloir et croie dénoncer un attentat sous faux drapeau, là où il s’agit d’un vrai. Le tout entraînant une montée des extrêmes dans les urnes, débouchant sur une vie politique instable, accrue par une dissolution irresponsable, nous voilà au pied de l’obstacle. Avant de sauter, il faut se réjouir. Si notre rentrée est maussade, celle des extrémistes est carrément pourrie.
Pensez à cet assassin gorgé de haine qui a tout calculé pour tuer un maximum de Juifs dans une synagogue, et qui s’est gouré entre l’heure d’hiver et celle d’été. À une demi-heure près, il a foiré sa rentrée. Et que dire de celle du Hezbollah, dont la riposte vengeresse interceptée, à quelques secondes de tuer, n’a finalement dévasté qu’un poulailler. Du côté russe, on pensait poursuivre tranquillement son invasion et on se fait surprendre à domicile. Outre-Atlantique, Trump le survivant devait repasser crème, et voilà que Harris tient la corde et lui mord l’oreille.
Même chez nous, la reprise n’est pas si simple pour les excités. Plus personne ne peut supporter LFI. Leurs provocations incessantes, leur radicalité infantile, n’en finit plus de faire grimper le RN, mais aussi de rapprocher les républicains sincères. Et tous les partis, en dehors de leurs alliés, ont prévenu : ils voteront la censure en cas de ministres insoumis. En bon lambertiste, Mélenchon a tenté un dernier tour, et propose d’abandonner cette idée si le président nomme Lucie Castets. Il ne fait que signer sa mainmise sur cette fausse trouvaille, sous influence LFI, et qui après avoir passé tout l’été à se rêver Première ministre va devoir revenir à cette dure réalité… Si la gauche voulait vraiment gouverner, elle n’avait qu’à chercher une majorité ! Après un été de fantasmes et de bouffées délirantes, il est temps d’atterrir. En l’état de décomposition de notre Assemblée, avec un pays à droite et une Assemblée éparpillée entre un bloc central, un NFP arrivé en tête et un RN en force, un Premier ministre capable de faire voter un budget et quelques lois sera homme ou femme, technique ou politique, mais sans aspérités, capable de rassurer la gauche comme la droite et de débaucher des ministres des deux bords sans les marquer. Qui ? Ce sera la surprise du chef. Il en faut bien dans une rentrée.