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Sécurité : le préfet Louis Laugier et le général Hubert Bonneau pressentis à la tête de la police et de la gendarmerie
Après plusieurs semaines d’âpres négociations entre le ministère de l’Intérieur, qui propose traditionnellement les noms, Matignon et l’Élysée, qui les avalisent selon une règle non écrite mais indispensable en période de cohabitation, le casting à la tête des forces de l’ordre semble enfin calé. Selon plusieurs sources, Louis Laugier, jusqu’ici préfet de l’Isère, est pressenti pour être nommé, ce jeudi en Conseil des ministres, au poste très convoité de directeur général de la police nationale en remplacement de Frédéric Veaux, qui a quitté ses fonctions le 29 septembre dernier.
Annoncé de manière insistante depuis plusieurs jours, ce grand commis de l’État serait donc préféré à Alexandre Brugère, 37 ans, ex-directeur de cabinet de Gérald Darmanin à Beauvau, dont il est resté un fidèle. L’ancien locataire de la Place Beauvau revenu à la mairie de Tourcoing n’a pas ménagé ses efforts pour défendre la candidature de son poulain auprès d’Emmanuel Macron. En vain.
Une source informée précise que Bruno Retailleau a donné son veto. N’ayant manifestement pas apprécié que son prédécesseur fasse comme s’il n’avait qu’à entériner ses choix, le nouveau premier flic de France avait décidé d’auditionner lui-même les candidats potentiels.
Le niveau était relevé. Alors que les noms de Céline Berthon, directrice générale de la sécurité intérieure, Fabrice Gardon, directeur de la police judiciaire de Paris - un proche du préfet de police de Paris, Laurent Nuñez - et de Frédérique Camilleri, préfète de l’Essonne passée par la préfecture de police des Bouches-du-Rhône, ont été évoqués, le consensus se serait finalement fait autour de la personne de Louis Laugier, en passe donc de prendre les rênes d’une institution forte de 145.000 femmes et hommes.
Un atout non négligeable
À 59 ans, ce préfet n’est pas un inconnu dans la maison police, même s’il n’a jamais été « flic ». Celui qui a commencé sa carrière en tant qu’officier de l’armée active, comme chef de section d’un bataillon de chasseurs alpins, rejoint la préfectorale en 2000 avant d’être tour à tour chef du service de gestion des personnels et directeur des ressources humaines de la DGPN. Un atout non négligeable avant de piloter une maison complexe, où gronde souvent le risque de la fronde sociale, liée à l’obtention de primes promises lors des JO ou de moyens matériels (voitures, commissariats, moyens radio et logiciel de rédaction de procédure…) très attendus.
La nomination attendue du préfet Louis Laugier devrait ouvrir la voie à d’autres, elles aussi stratégiques, puisque l’une d’entre elles visera à renouveler le commandement de l’Office antistupéfiants (Ofast), alors que les règlements de compte ensanglantent le pays sur fond de trafics de drogue.
Pour la Direction générale de la gendarmerie, où le jeu était aussi assez ouvert, le choix se serait arrêté sur le général de corps d’armée Hubert Bonneau. Un pur produit de la « maison bleue », à la plus grande satisfaction d’un corps composé de 120.000 militaires tenus par le devoir de réserve. En coulisse, tous redoutaient plus que tout d’être placés sous la coupe d’un « civil », fût-ce un « grand » préfet, à l’image de Pierre Steinmetz, qui pilota cette arme entre 2000 et 2002 avant de devenir directeur de cabinet de Jean-Pierre Raffarin à Matignon. Ou encore de Pierre Mutz, qui fit le « job » les deux années suivantes et eut la particularité d’être aussi préfet de police de Paris.
À 57 ans, Hubert Bonneau est a priori, donc, appelé à remplacer à la tête de la gendarmerie nationale le général d’armée Christian Rodriguez, qui, comme son ancien homologue de la police, avait été prolongé dans ses fonctions jusqu’à la fin des Jeux olympiques et paralympiques avant de tirer sa révérence fin septembre. Brestois d’origine, Hubert Bonneau est un fort en thème, passé par le lycée naval de la ville avant d’entrer à l’école spéciale militaire de Saint-Cyr Coëtquidan, puis à l’école des officiers de la gendarmerie nationale de Melun.
La traque des frères Kouachi
Dès 1990, il commande un peloton à l’escadron de Luçon, dans cette Vendée si chère à Bruno Retailleau. Après avoir été tour à tour adjoint de l’escadron parachutiste de la gendarmerie nationale, patron de la gendarmerie départementale de Papeete en Polynésie française et instructeur à l’école des officiers de Melun, il prend la tête de la section de recherches de Rennes après un passage à l’école de guerre et celle du groupement de gendarmerie de la Corse. La trajectoire d’Hubert Bonneau, déjà très complète, prend un tour particulier en 2011 lorsqu’il rejoint les gendarmes d’élite du GIGN, dont il devient le chef de 2014 à 2017.
Pendant cette période, il va piloter aux côtés du général Denis Favier, directeur général de la gendarmerie, la traque des frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo en janvier 2015 et abattu au terme de trois jours de traque à la sortie d’une imprimerie à Dammartin-en-Goële (Seine-et-Marne).
Attendu à la tête de la gendarmerie, Hubert Bonneau devrait vite tracer sa feuille de route, sachant que l’institution doit notamment déployer sur le terrain pas moins de 200 nouvelles brigades qui vont être créées dans les dix prochaines années pour, a-t-on promis à l’Élysée, « mieux tenir le terrain » et densifier ses liens avec les populations, en particulier celles qui vivent dans la « profondeur du territoire ». Outre les postes de DGPN et de DGGN, le Conseil des ministres devrait également procéder à de prochaines nominations en souffrance de plusieurs préfets de région et de département.