2164 -Le Kiosque à journaux 37 posts

ÉDITORIAL
Une saison en enfer

Benoît Lasserre

SUD-OUEST

 

 

 

On n’en est pas à souhaiter la fin de l’été, synonyme de vacances,
de baignade, de voyage, de festivals ou de barbecue
(chacun choisira selon ses goûts). Mais on en connaît
qui doivent souvent regarder, autant que le ciel désespérément
bleu, le calendrier qu’ils vendent pour la nouvelle année.
Après un mois de juillet catastrophique, les pompiers sont de
nouveau confrontés à la fournaise du mois d’août. Ce mercredi
soir, on recensait en France huit feux gigantesques, dont celui qui
progresse à très grande vitesse dans les landes girondines, réplique
du brasier, dit de Landiras, qui a carbonisé environ
13 000 hectares de pinède, le mois dernier. Du jamais vu. Même si
le nord de la Loire est davantage préservé, la Bretagne n’est pas
épargnée, ni par la canicule, ni par les incendies, alors que cette
région est brocardée pour ses températures
polaires et sa pluviométrie excessive.


Autant que le personnel soignant, les caissières ou les routiers
pendant le Covid et le confinement, les pompiers méritent bien
sûr l’admiration et la gratitude de la population, qu’ils soient professionnels
ou volontaires. Courage, abnégation, dévouement, ce sont
les mots qui viennent en premier pour les qualifier. Mais, au plus
haut niveau de l’État, il est urgent de parler, sans tabou, d’effectifs et
de rétributions pour continuer d’attirer une partie de la jeunesse
vers une profession ou une vocation qui n’ont rien de machinales.
Rien n’est certes plus noble que l’engagement au service d’autrui,
surtout quand on risque sa vie. Mais la sécurité, celle des personnes,
des biens et de la biodiversité, a un coût. Qui pèsera de plus
en plus lourd dans le budget national. L’été infernal que nous subissons
n’est pas une exception et il faut s’accoutumer à le revivre
dans le futur, peut-être en pire. Face à ce fléau, il y aura besoin
de soldats. Qu’il faudra rémunérer.


Sécheresse et canicule forment un duo qui va plomber notre
système de santé, notre agriculture, notre alimentation, notre
mode de vie, et accroître notre mortalité. Et qu’on ne fasse pas
semblant de découvrir le phénomène. Quand René Dumont, le
premier candidat écologiste à une élection présidentielle, celle
de 1974, avertissait, un verre d’eau à la main, sur le péril de l’épuisement
de la ressource aquatique, il se faisait traiter de Philippulus,
ce prophète de malheur à la silhouette farfelue qui annonce
la fin du monde à l’oreille de Tintin.


Ce jeudi matin, Élisabeth Borne a confirmé la solidarité européenne
pour combattre les incendies français. Une information
qui fait l’effet d’une bonne pluie après des jours de sauna. Mais
un Canadair ne calme pas le thermomètre. Il est temps que la
Première ministre nous prouve qu’elle est en charge de la planification
écologique.



12/08/2022
40 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion