2251- La dictature sans le prolétariat 12 posts

Faure et Mélenchon, ou la dictature sans le prolétariat

  • par Étienne Gernelle, pour Le Point - février 2023 Republié par JALR (Jacques Antoine Louis Rossi)
Après la pantalonnade de l’élection du premier secrétaire du PS, on peut se demander si Olivier Faure ne marche pas sur les traces de Mélenchon…
 
La triche paye : c'est la déprimante leçon que l'on peut tirer de la dernière élection interne au Parti socialiste. Olivier Faure reste premier secrétaire, malgré l'évidence de tripatouillages d'ampleur, aggravés par la mascarade de la commission dite de «récolement» qui a arrêté ses travaux avant la fin, n'étudiant qu'une partie des résultats. Pourquoi ne pas aller jusqu'au bout, si le scrutin était honnête ? Cette pantalonnade n'a pas empêché Faure, notre mini-Loukachenko, vainqueur autoproclamé, de s'imposer ensuite lors du congrès du parti.
 
Le pire, dans cette affaire, c'est que tout cela sera vite oublié. Faure sera bien sûr invité sur tous les plateaux de télévision sans qu'on le questionne plus sur cette fraude d'un autre âge. Dans une démocratie digne de ce nom, il serait mis au ban du paysage politique. Mais on sait déjà que ce ne sera pas le cas, et cela en dit beaucoup sur notre pays.
 
Tripatouilleur. Ses opposants, Nicolas Mayer-Rossignol et Hélène Geoffroy, d'abord révoltés, ont-ils eu tort d'accepter finalement un compromis ? Leur position peut s'entendre. Abandonner le parti à l'apprenti despote n'aurait rien arrangé. Et, en occupant des postes clés, ils peuvent désormais le surveiller de près, contrer ses dérives tant dans les méthodes que sur le fond. Peut-être un jour parviendront-ils à éjecter le tripatouilleur… Ce serait rassurant pour la démocratie française, enserrée entre deux blocs extrémistes, et qui a bien besoin d'une gauche - comme d'une droite - de gouvernement.
 
Les relativistes nous diront, et ils n'auront pas tort, que ces pratiques ne sont pas inédites en France, loin de là. Pour ne citer que deux exemples : la «victoire» au Parti socialiste de Martine Aubry en 2008 et celle de Jean-François Copé à l'UMP en 2012. Avec Olivier Faure, il y a malgré tout une autre dimension. Ce qui le distingue, c'est que son véritable acte de naissance en politique fut une soumission, celle à Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de la Nupes. On rencontre son destin où l'on peut.
 
Lider MaximoA-t-il cherché dans ce domaine aussi l'inspiration chez le Lider Maximo de La France insoumise ? Il n'y est pas encore. Car Mélenchon, admirateur de Chavez et de Castro, longtemps très indulgent avec Poutine, a de l'avance en la matière. Lui ne s'est même pas embarrassé de vulgaires bourrages d'urnes : il a fait directement installer son poulain Manuel Bompard comme patron de LFI par une désignation «à l'unanimité». Pas d'élection, pas de risque, moins de fatigue. Il fallait y penser.
 
Remarquez, il s'agit peut-être d'un retour aux sources. La «dictature du prolétariat» est en partie une invention française : lorsque Marx l'évoque pour la première fois, dans La Lutte des classes en France (1848-1850), c'est en citant Auguste Blanqui. Et l'on en trouve déjà les linéaments chez l'atroce Jean-Paul Marat, apôtre du despotisme, à condition que ce soit le despotisme de ceux qui pensent comme lui.
De Karl à Groucho (Marx). Certes, pour le prolétariat, on repassera. Il est de plus en plus difficile à revendiquer par Faure comme Mélenchon, le PS et LFI ayant largement abandonné les catégories populaires à Marine Le Pen. Une étude menée par Ipsos au moment des dernières élections législatives indiquait que la Nupes ne séduisait que 18 % des ouvriers, contre 45 % pour le Rassemblement national…
 
Pour la dictature, en revanche, les prémices sont là, si l'on en juge par cette définition souvent attribuée à Georges Clemenceau : «Une dictature est un pays dans lequel on n'a pas besoin de passer toute une nuit devant son poste pour apprendre le résultat des élections.» Voici qui convient parfaitement pour LFI. S'agissant du PS, c'est un peu différent, puisqu'on a tout de même attendu longtemps les résultats. D'ailleurs, on les attend toujours, ceux-ci n'ayant pas été ratifiés par le congrès du parti…
 
Bien entendu, rien de tout cela n'embarrassera nos deux «dictateurs» sans prolétariat de la Nupes lorsqu'il s'agira de donner des leçons de démocratie, par exemple à propos de l'usage de l'article 49.3. Ou comment passer de Karl Marx à Groucho Marx, auteur de cette devise qui leur va si bien : «Je vous céderais bien ma place, mais elle est occupée.»�
 
 
 
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08/02/2023
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