3419- «Ceux qui n’étaient pas Charlie à l’époque sont toujours là»,6 posts
Plusieurs cérémonies commémoratives des attaques terroristes de janvier 2015 à Paris, dont celle contre le journal satirique Charlie Hebdo, ont lieu dans la journée.
Le projet de mémorial du terrorisme n’est «pas abandonné», déclare François Molins
Selon le procureur, interrogé ce mardi sur Franceinfo, les deux responsables du projet de musée-mémorial du terrorisme, Henri Rousso et Élisabeth Pelsez, «ont été reçus hier soir par Emmanuel Macron, qui leur a annoncé que le projet n’était pas arrêté du tout et devrait aller à son terme». «On continuera à se battre pour qu’il aille à son terme», a déclaré François Molins.
Une information confirmée sur X par l’historien Henri Rousso lui-même. Ce dernier, nommé président de la mission de préfiguration du Musée-Mémorial du terrorisme (MMT), avait déploré le 9 décembre dernier, dans les pages du Figaro, la menace autour de l’abandon politique du projet. Un abandon que François Molins avait aussi considéré comme «un manque de respect flagrant pour l’ensemble des victimes du terrorisme et leurs proches», appelant à «se battre» pour qu’il aboutisse.
«Ceux qui n’étaient pas Charlie en 2015 sont toujours là», déplore l’ancien premier ministre Manuel Valls
Invité de la matinale de BFMTV, Manuel Valls, premier ministre au moment des attentats contre Charlie Hebdo, estime, comme à l’époque, que «nous sommes en guerre». «Les Etats-Unis viennent d’être frappés, il y a quelques jours, c’était l’Allemagne. La menace existe aux Pays Bas, en Grande-Bretagne, en Espagne...», affirme-t-il. Il précise : «L’islamisme joue sur le temps long pour frapper les démocraties occidentales».
Interrogé par Apolline de Malherbe sur la disparition d’une certaine insouciance et sur les menaces persistantes contre la liberté d’expression, Manuel Valls estime que «ceux qui n’étaient pas Charlie en 2015 continuent de ne pas l’être». Il s’agit, selon lui, «d’une partie de la gauche, de la presse et des intellectuels. Ceux précisément qui ne soutiennent pas Salman Rushdie, qui attaquent Boualem Sansal ou Sophia Aram.»
Manuel Valls affirme également qu’aujourd’hui, «nous n’allons pas commémorer seulement des victimes». «Charlie a été un attentat profondément politique. On a attaqué la France pour ce qu’elle était. J’en appelle à un esprit de résistance. Il ne faut pas avoir peur et regarder le danger dans les yeux.»
François Molins : «Je n’avais jamais vu une telle scène de crime»
Il y a dix ans, le procureur de la République François Molins apparaissait sur les écrans de télévision de France, après la découverte macabre de la tuerie de Charlie Hebdo. Invité de Franceinter ce mardi matin, le magistrat revient sur le souvenir de cette journée, l’une des plus difficiles de son parcours, partage-t-il. «Quand on est procureur, on est habitué à la violence. Mais je n’avais jamais vu une telle scène de crime. C’est extrêmement violent», raconte François Molins, premier magistrat à avoir pénétré dans la rédaction après l’attaque. Il ne s’attendait pas, alors, à trouver autant de morts - le dernier compte rendu faisait état d’un seul mort, l’agent de nettoyage abattu dans le hall.
En découvrant l’ampleur du massacre, il rapporte son émotion. «J’ai eu un geste irrésistible, je me suis signé. J’ai eu une minute de recueillement pour leurs familles», confie le magistrat. «C’est irrésistible, et une forme de refuge. Après ce recueillement, je me suis remis à ma mission, de la manière la plus rigoureuse que je pouvais».
«Abandonner le rire, c’est abandonner une parcelle d’humanité», affirme Riss
«L’envie de rire est un aspect de la nature humaine. Tout le monde a envie et besoin de rire. Abandonner le rire, c’est abandonner une parcelle d’humanité», a déclaré sur France Inter le dessinateur et directeur de Charlie Hebdo Riss, survivant de l’attentat qui a fait douze morts en quelques minutes. «L’ironie et le rire sont universels. À l’étranger, il y a toujours des gens qui sont Charlie. Partout dans le monde, des gens comprennent ce qu’est Charlie», a-t-il ajouté.
Les Une de la presse française consacrées à Charlie
En ce 7 janvier 2025, les kiosques français affichent de nombreuses Une consacrées au souvenir de l’attentat de Charlie. Pour ce numéro hommage, Libé a réuni autour d’une même table quatre rescapés de la tuerie, Riss, Coco, Philippe Lançon et Laure Daussy. Ces journalistes publient Charlie Liberté, le journal de leur vie, un livre consacré à leurs anciens camarades morts le 7 janvier 2015 : Cabu, Elsa Cayat, Charb, Honoré, Bernard Maris, Mustapha Ourrad, Tignous, Wolinski.
Le quotidien La Croix revient sur le renouvellement des dessinateurs de presse, alors que la caricature, après Charlie, a été promue symbole de la liberté d’expression. Dans Marianne, la rédactrice en chef Natacha Polony déplore l’«instrumentalisation» du souvenir du massacre. «Depuis dix ans, l’analyse de ce qui fracture la communauté politique s’est réduite à des raids sur Twitter et des proclamations en 140 signes. Défaite de la pensée», critique l’éditorialiste. Le Figaro, pour sa part, a enquêté sur l’héritage de l’«esprit Charlie». Dix ans après les attentats, les Français sont-ils toujours Charlie ?
PLANTU