2673-Anatole de Monzie -Maurice Faure deux carrières comparables, Hubert Delpont (extraits 2)

 

Anatole de Monzie et Maurice Faure

deux carrières comparables,

qui font un siècle de Lot

 

Hubert Delpont, extraits

 

Résumons : De Monzie fait son entrée dans un cabinet ministériel à 26 ans, Faure à 25. Conseiller général à 28 ans, Anatole devient député à 33 ans, alors que Maurice l’est dès 29 ans. Ce dernier devient ministre à 34 ans, gardant trois ans d’avance sur Anatole qui ne l’est qu’à 37. Deux entrées en carrière au pas de charge qui révèlent la commune ambition des deux hommes, qui portent beau leur trentaine.

Certes, Anatole claudique, héritage du manque d’attention de sa gardienne. Si sa boiterie gâche son enfance, elle fait ensuite la singularité de ce bel homme aux fines moustaches, visage carré sur une stricte chemise à haut-col, avant de lui éviter la guerre. Par la suite, l’âge se charge de dépouiller cette tête, découvrant un énorme crâne qu’il peine à dissimuler sous le béret des paysans du Quercy, tandis que sa gourmande bouche en cerise trahit sa sensualité. Sur un visage plus allongé, la chevelure de Maurice résiste davantage au temps. Les deux hommes partagent une carrure imposante et un regard bleu profond qui les rendent d’autant plus irrésistibles auprès des femmes qu’à leur allure, ils joignent le charme de l’intelligence et la séduction du pouvoir.

 

Deux carrières similaires

 

Leur boulimie de charges électives est telle qu’on peine à les départager autant par la diversité de leurs mandats, que par leurs durées. Anatole est conseiller général pendant 36 ans, Maurice pendant 37[1]. Le premier préside le Conseil général du Lot 20 ans, le second 24[2]. Anatole est maire de Cahors 22 ans, Maurice 25[3]. Ce dernier est député pendant 32 ans, élu et réélu sans interruption à 7 reprises[4]. Élu à six reprises, Anatole ne l’est que 22 ans, handicapé par les deux guerres[5]. Tous deux enfin accomplissent un mandat de sénateur[6].

Le léger avantage de Faure en termes de mandatures est contrebalancé par la supériorité de la carrière ministérielle de Monzie, qui fut dix-huit fois ministre pendant plus de 5 ans[7], alors que Faure ne le fut qu’à huit reprises, pour une durée guère supérieure à deux ans.[8].

 

Une même addiction aux relations européennes

 

Anatole, commis-voyageur de la paix en Europe

Bien qu’il n’ait jamais occupé de poste lié à la diplomatie, Anatole a paradoxalement joué un grand et long rôle diplomatique. Il commence à Madrid dès 1915, lorsque jeune député, il visite les cercles dirigeants espagnols en quête d’un soutien à la France en guerre. Dès la fin du conflit, il prend de l’avance sur les orientations du Quai d’Orsay en prônant une diplomatie de la présence au Vatican, avec lequel les relations sont rompues depuis 1904, puis avec Moscou où la France n’a plus de représentant depuis 1917 et où il se rend en 1923.

Mais au lendemain de la guerre, comment garantir la paix ? Après avoir voté le traité de Versailles, il s’oppose à ceux de Trianon et de St-Germain. La substitution d’un puzzle de petits états (Autriche, Hongrie, Tchécoslovaquie, Yougoslavie) en place de l’ancien empire autrichien lui paraît comme un cadeau au « militarisme germanique », dont il craint non sans raison qu’un jour, « il rétablisse son influence parmi des peuples sans force, auxquels il s’offrira en sauveur ».

En 1925, anticipant de quelques semaines le pacte de Locarno par lequel l’Allemagne reconnaît sa frontière rhénane, Anatole, alors ministre de l’Instruction et des Beaux-Arts du gouvernement Painlevé-Briand, s’adresse aux délégués du congrès pour la Paix réuni à Paris le 2 septembre « au nom d'un gouvernement qui a mis sa pensée au service de la paix », lui-même s’offrant comme « préposé à ses menus soins ». Dans son inimitable style, il poursuit : « la paix est une grande idée technique […] qui requiert le savoir des élites plus que les assentiments troubles de la rue, à cause de quoi se sont fondés d’étonnants laboratoires à La Haye, à Genève, ici même, où se préparent les formules destinées à la médication des haines […] ». En véritable commis-voyageur de la paix, Anatole se rend ensuite en Allemagne à trois reprises (1925, 1927 et 1929), camelot de l’esprit pacifiste de Genève (siège de la SDN), initié par Briand. Signe de mauvais augure ? Sa tournée de 1929 tourne court. Elle s’achève à Francfort au soir de sa première conférence, pour cause de maladie.

La crise des années trente et la montée de Hitler anéantissent son rêve de paix. Suite à deux ultimes tournées européennes qu’il effectue en 1935 en Italie, Roumanie et Pologne, puis en 1936 de nouveau en Italie et ensuite en Yougoslavie, Hongrie, Autriche et Allemagne, il conclut : « Je ne me cache pas d’avoir envisagé un accord en vue d’établir avec la Russie, la Roumanie, la Yougoslavie, l’Italie et la France un barrage à l’ambition indéfinie du pangermanisme. Cette vue je le regrette appartient au passé[9] ». Le 11 mars 1938, au lendemain de L’Anschluss qui voit Hitler s’emparer de l’Autriche, on peut encore voir Anatole tenter d’ameuter ses collègues dans les couloirs de l’Assemblée nationale, dans une ultime velléité de résister à l’Allemagne[10].

 

Munich : d’un destin à l’autre

Le 27 septembre 1938, de Monzie, ministre du gouvernement Daladier, téléphone à Rome. L’heure est grave. Trois jours plus tôt à Bad Godesberg, Hitler a promis d’annexer des Sudètes le 1er octobre, synonyme de guerre. À l’autre bout du fil Anatole évoque la présence d’un « grand serviteur de l’Italie fasciste qui, dans cette crise soutint [son] espoir et lui conféra son efficacité »[11]. Derrière le profil de ce prestigieux interlocuteur, on est tenté d’imaginer la présence du comte Ciano, ministre italien des Affaires étrangères et gendre de Mussolini. Pourtant, le journal personnel du ministre ne fait pas mention d’un appel de Monzie[12]. L’a-t-il celé, ou s’agit-il d’un autre « grand serviteur » du régime ? Quoiqu’il en soit, suite à une ultime démarche anglaise auprès de Ciano pour que Mussolini intervienne auprès de Hitler en vue d’accepter une réunion à quatre, se tient la conférence de Munich qui débouche sur l’accord qui cède aux exigences du führer. Dix mois plus tard, Anatole est parmi les plus ardents partisans du vote de la loi du 10 juillet 1940[13], puis de Vichy, qu’il qualifie de « régence » permettant la survie de la patrie au prix de l’abandon de la République[14]. Cependant, devant le refus du nouveau régime d’accepter ses offres de service, Monzie s’installe dans une durable bouderie, ne rédigeant pas moins de quatre ouvrages critiques envers lui. Des ouvrages qui souffrent d’être publiés à Paris, grâce à l’obligeance des services d’Otto Abetz, ce qui met un point final à sa carrière politique.

De son côté, le jeune membre des Jeunesses radicales Maurice Faure garde de Munich ce souvenir précis : « Tout le monde applaudissait les accords. Moi aussi, j’étais pour. […] Ils étaient inévitables. On a eu des mots très excessifs pour condamner Munich mais c’était pratiquement inévitable ». Un soutien qu’il motive ainsi : « quant à la défaite de 1940, il convient de l’attribuer en premier lieu au fait que la France, cette fois, ne voulut pas se battre [et] que nos soldats partaient au front les larmes aux yeux[15] ». Comment ne pas souligner le lien entre celui qui s’affiche comme l’un des pères de l’accord de Munich et celui qui, contre vents et marées, lui conserve son appui un demi-siècle plus tard ? Cette filiation entre des deux hommes, à travers leur attachement commun au pacifisme munichois qui conduit tout droit à la défaite, paraîtra surprenante. Elle n’en est pas moins réelle, et permet d’expliquer la relative indifférence du jeune Faure au déroulement de la guerre, jusqu’au débarquement Allié du 6 juin 1944.

 

M. Faure : le traité de Rome, « ma contribution à l’Histoire »

 

Le 25 mars 1957, dans la solennelle salle des Horaces et des Curiaces du Capitole[16], Maurice Faure, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères, signe le Traité de Rome au nom de la France[17], en même temps que les représentants des cinq autres pays fondateurs de la Communauté Économique Européenne. Par cette signature, qui clôt dix mois de négociations, il entre durablement dans l’Histoire[18].



[1] Anatole : 1904-1920 à Castelnau-Montratier suite au décès de Feyt ; 1920-1940 à St-Céré. Maurice : 1957-1963 à Salviac suite au décès de Cambornac ; 1963-1994 à Montcuq suite au décès de Lespinet, pour barrer la route au docteur Pons.

[2] Anatole 1920-1940 ; Maurice 1970-1994.

[3] Anatole 1920-1942 ; Maurice 1965-1990 (Maire de Prayssac : 1953-1965 ; son épouse 1965-1977).

[4] Elections de 1951, 1956, 1962, 1968, 1973, 1978, 1981.

[5] Elections de 1909, 1910, 1914, 1929, 1932, 1936.

[6] De Monzie : 1920-1929 ; Faure 1983-1988. Ce dernier fut aussi député européen de 1979 à 1981 et Vice-président, puis membre du bureau du Conseil régional Midi-Pyrénées (1974-1980).

[7] Secrétaire d'État à la Marine marchande du gouvernement Barthou : 22.03-2.11.1913 ; de Painlevé1 : 19.09-16.11.1917 ; Ministre des finances d’Herriot : 2.04-10.04.1925 ; Ministre Instruction et Bx-Arts de Painlevé2 : 17.04-11.10.1925, puis Justice 11.10-29.10.1925 ; Ministre Travaux publics de Painlevé3 : 29.10-22.11.1925 ; de Briand8 et 9 :28.11.1925-15.06.1926 ; Ministre des finances d’Herriot2 : 19-21.07.1926 ; Education d’Herriot3 : 3.06-4.12.1932 ; de Paul-Boncour : 18.12.1932-28.01.1933 ; de Daladier : 31.01-24.10.1933 ; de Saraut : 26.10-24.11.1933 ; de Chautemps : 26.11.1933-27.01.1934 ; Travaux publics de Daladier3, 4 et 5 :23.8.1938-20.03.1940 ; de Reynaud : 21.03-5.06.1940.

[8] Secrétaire d'État aux Affaires étrangères du Cabinet Guy Mollet du 1er février 1956 au 13 juin 1957, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères de Bourgès-Maunoury du 17 juin 1957 au 6 novembre 1957, Secrétaire d’État aux Affaires étrangères de Félix Gaillard du 11 novembre 1957 au 14 mai 1958, Ministre de l'Intérieur de Pierre Pflimlin du 14 mai 1958 au 17 mai 1958, Ministre des Institutions européennes (Remaniement du Cabinet Pierre Pflimlin) du 17 mai 1958 au 1er juin 1958. Garde des Sceaux, ministre de la Justice deMauroy1, du 22 mai au 23 juin 1981. Ministre d'État, ministre de l'Équipement et du Logement de Rocard1 et 2 du 12 mai 1988 au 22 février 1989.

[9] JdL, 25.11.1936.

[10] DEBU-BRIDEL (J) : L’agonie de la Troisième République, Paris, 1948, p. 418.

[11] MONZIE (A. de) : Ci-devant, p. 39

[12] CIANO (Comte G.) : Journal (1937-1938), Paris, 1949, 327 p.

[13] DELPONT (H) : Destins croisés op. cit. p. 191-192.

[14] « Périsse les principes plutôt que la patrie ». Oraison funèbre du sénateur maire de Figeac Loubet.

[15] D’une République op. cit. p. 26-27 et propos recueillis suite à la parution du livre par Christian Authier à la librairie Castéla et parus dans l’Opinion Indépendante de Toulouse.

[16] Le Capitole est le siège de la mairie de Rome. Les murs de la salle portent des fresques qui symbolisent les préludes de la civilisation occidentale.

[17] Le Président du Conseil Guy Mollet a cédé sa place à son négociateur Maurice Faure, tandis que Christian Pineau, Ministre des Affaires étrangères, est l’autre signataire du traité pour la France. Les autres signataires se nomment K Adenauer (RFA), P. H. Spaak (Belgique) L. Benvenuti (Italie), J. Bech (Luxembourg) et J. Linthorst-Homan (Pays-Bas).

[18] RIONDEL (B) : « Maurice Faure et la négociation du traité de Rome ». In Europe brisée Europe retrouvée, s.l.d. de R. Girault, Paris 1994 ; Maurice Faure : un artisan de la construction européenne, thèse s.l.d. de R. Frank, Paris I, 1998.

 

 

Une négociation mal engagée

Sa présence à Rome ne doit rien au hasard. Ses études, sa sensibilité et l’expérience de la guerre l’ont sensibilisé à la question de la paix en Europe, comme il en fut de même pour de Monzie. Aussi n’est-il pas étonnant qu’après avoir intégré la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale dont il devient vice-président, il fasse sensation lors du discours qu’il prononce, le 9 décembre 1951, à l’occasion de la ratification de la Communauté Économique du charbon et de l’acier (CECA). Dans un texte soigneusement préparé et argumenté, le jeune député met d’abord en lumière la nouveauté diplomatique d’un traité qui n’est ni d’alliance ni de paix mais « qui consiste à opérer […] une révolution diplomatique par l’intégration, pour le moment limitée à deux secteurs de l’économie, des pays de l’Occident qui se sont au cours de l’Histoire le plus disputés[1] ». Il s’étend ensuite sur les avantages de sa haute autorité, organe exécutif composé de neuf membres nommés par les états membres : deux pour la France, la RFA et l’Italie, un pour les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg. Une institution inédite et appelée à un grand avenir lorsqu’en 1957 elle prendra le nom de Commission européenne.

Entre 1952 et 1954, il s’engage vigoureusement mais en vain en faveur du traité instaurant la Communauté Européenne de Défense (CED)[2]. Il y gagne cependant l’estime et l’intérêt de Guy Mollet, nouveau Président du conseil nommé au début de 1956, qui lui confie le Secrétariat d’État aux Affaires étrangères, chargé de négocier les traités de Rome[3]. Le nouveau chef de gouvernement socialiste est en quête d’un succès à l’international qui compenserait ses difficultés Algériennes. C’est la raison pour laquelle le jeune secrétaire d’État Faure – il n’a que 35 ans – se voit épaulé d’une remarquable équipe d’assistants. À peine sorti major de l’ENA, Jean François-Poncet devient son bras droit, au poste de secrétaire général[4]. Aussi discret qu’efficace, l’ancien secrétaire de l’OECE Robert Marjolin assure la vice-présidence de la délégation. Le doyen Vedel, éminent constitutionnaliste qui fut son professeur est son conseiller technique, tandis qu’Alexandre Verret se voit chargé des questions financières. Assistée d’experts, la délégation dispose de prérogatives suffisantes pour être dispensée de solliciter l’accord préalable des ministères concernés par les accords en discussion.

Les débuts des négociations donnent peu de résultats, essentiellement à cause de la France. Aux réticences de l’opinion révélées par les débats sur la CED, s’ajoutent l’hostilité de la haute administration préoccupée par les ennuis financiers du pays et l’abandon de son traditionnel protectionnisme. L’achoppement devient particulièrement vif lorsqu’en octobre Faure abat ses cartes en énumérant exigences françaises : harmonisation des lois sociales, droit de surtaxer des importations et de subventionner des exportations, association des pays d’outre-mer au marché commun et souhait d’une politique agricole commune. Le silence qui s’établit alors dans la salle fait à ce point craindre la rupture des négociations, que P.H. Spaak préfère suspendre la réunion.

 

À l’origine de l’accord, le soufflet soviéto-américano-égyptien de Suez

C’est alors qu’un événement imprévu vient au secours des négociateurs. Peu après son accession au pouvoir, le nationaliste égyptien Gamal Abdel Nasser nationalise la compagnie du canal de Suez, en juillet 1956. En réaction, Israël, la France et l’Angleterre occupent le Sinaï, Suez et Port-Saïd entre le 29 octobre et le 4 novembre. Le lendemain, Boulganine, président du Conseil des Ministres soviétique met en demeure l’alliance franco-anglo-israélienne de cesser les opérations en Egypte. Les États-Unis agissent dans le même sens, par de fortes pressions économiques. La France et ses alliés doivent plier bagage, remplacés par les premiers casques bleus. Pour la première fois dans l’Histoire, la France doit céder devant les deux superpuissances coalisées. Humiliée, la voilà désormais ouvertement réduite à un rôle de second rang[5]. Pour Guy Mollet, la seule façon d’atténuer le camouflet est de relancer le dossier européen. Selon Marjolin[6], « il jeta tout son poids dans la balance et la fit pencher du bon côté ». D’un autre côté, l’accord sur la Sarre du 27 octobre, suivi par la visite du chancelier K. Adenauer à Paris le 6 novembre permet l’amélioration des relations avec l’Allemagne. Des deux côtés du Rhin, des concessions mutuelles deviennent possibles, ouvrant à des compromis sur les points litigieux. En quelques semaines, le traité prend forme, malgré la réticence des allemands et des italiens devant l’exigence française de contribuer au développement ses territoires d’outre-mer.

Le 25 mars 1957, le traité est signé. Ses trois premiers articles créent une communauté européenne destinée à établir un marché libre de tout droit de douane et pourvu d’un tarif douanier commun. S’y ajoutent la libre circulation des personnes et des capitaux, l’instauration d’une politique commune dans les transports, l’agriculture et l’institution d’une Banque européenne d’investissement. Définies à l’article 4, les institutions de la communauté sont au nombre de quatre : une Assemblée composée de délégués des parlements (A. 138), un Conseil composé des membres des gouvernements concernés (A. 146) et disposant du pouvoir de décision après vote à la majorité des deux tiers (A. 148), une Commission chargé de l’application des dispositions du traité (A. 155) composée de 9 membres nommés « d’un commun accord » par les gouvernements membres (A. 158) et une Cour de Justice.

Le 23 mai, le gouvernement Mollet chute, avant que le parlement ait eu le temps de ratifier le traité. Lors d’une entrevue à Matignon, il confie à son ministre des Affaires étrangères Christian Pineau : « La ratification est à mon avis acquise […] tu es capable de mener le débat tout seul. D’ailleurs, Faure et toi restez au Quai d’Orsay, j’y veillerai[7] ». Effectivement, les deux hommes conservent leurs postes dans le gouvernement Bourgès-Maunoury. Lors du débat sur le traité, Maurice Faure conclut ainsi son intervention : « Nous disons que nous croyons à l'union des peuples de l'Europe et que nous croyons que la réalisation du marché commun est de nature à la favoriser, à la faciliter ». Le 10 juillet 1957, par 342 voix contre 239, traité est ratifié[8].

Même s’il ne le sait pas encore, la signature apposée au bas du texte du traité clôt le rôle historique de Maurice Faure. En 2007, dernier signataire vivant, c’est lui qui préside le comité d'honneur du 50e anniversaire du traité. De signataire, l’homme en est devenu l’icône respectée et honorée.

 



[1] M. Faure, Assemblée nationale, 9.12.1951.

[2] « Le traité de la CED est un compromis entre les nécessités politiques de l’intégration et les nécessités militaires […]. L’essentiel est d’éviter le cumul de deux périls, le péril allemand et le péril russe » M. Faure au congrès radical-socialiste de la Haute-Garonne, 16.02.1954 (Le Monde, 16.02.1954).

[3] Les traités, car il y en a deux : celui créant la Communauté et celui instaurant l’Euratom.

[4] DELPONT (H) : « Jean François-Poncet, une figure lot-et-garonnaise disparaît ». BAVN, 2013-49, p. 9-24.

[5]  L’opprobre international envers la France s’aggrave de l’acte de piraterie aérienne du 22 octobre 1956 couvert par le Ministre résidant à Alger R. Lacoste qui voit l’arrestation du dirigeant FLN Ben Bella qui voyageait au-dessus de la Méditerranée dans l’avion civil marocain qui le conduisait du Maroc à la Tunisie.

[6] MARJOLIN (R) : Le travail d’une vie. Paris, 1986.

[7] PINEAU (Ch) RIMBAUD (Ch) : Le Grand pari, Paris, 1991, p.267.

[8] Tout en se défendant d’avoir eu quelque influence dans les affaires de Suez et d’Algérie, M. Faure aime à évoquer ses rencontres avec H. Bourguiba à Tunis et Mohamed V à Cannes, après l’octroi de l’indépendance à la Tunisie et au Maroc, en mars 1956. (D’une République à l’autre, op. cit., p. 79-81).

 

 

 

 

 



20/01/2024
2 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion