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Algérie, la fuite en avant vers le despotisme
Quel magnifique roman Boualem Sansal pourrait-il tirer de l’incarcération
stupide et arbitraire d’un vieil écrivain malade dans son pays
natal, l’Algérie, qui le soupçonne d’être une menace pour l’unité nationale.
Rien que ça ! On y retrouverait le style précis et l’ironie mordante
qui enchantent ses lecteurs. Hélas, le prisonnier, c’est Boualem Sansal
lui-même et nul ne sait s’il récupérera bientôt sa liberté de bouger, de
penser, d’écrire.
Isolé depuis sept mois, Sansal a été condamné à cinq ans de prison,
peine tout juste confirmée en appel. Il ne s’est pas pourvu en cassation.
Àquoi bon dans une autocratie où justice et presse sont au service du
président Tebboune ? L’écrivain, comme ceux qui militent en faveur de
sa libération, attendait une amnistie ce 5 juillet, jour de la fête nationale
algérienne. En vain.
Alger maintient Sansal en détention et vient d’infliger sept
ans de prison à un journaliste français, Christophe Gleizes,
spécialiste de football, qui devient par la grâce du roi Ubu un
espion et un prosélyte du terrorisme.Les tyrannies n’ont aucune
pudeur de gazelle. Elles inventent n’importe quel grief
pour embastiller un ennemi ou, c’est le cas de l’Algérie, utiliser la diplomatie
des otages face à un pays qui l’importune, la France en l’occurrence.
Rien ne tient debout, peu importe. L’essentiel est de masquer sa
faiblesse derrière une rhétorique éculée, celle de tous les totalitarismes
pour lesquels un individu qui affiche une opinion divergente
est un barbouze, un criminel ou un fou. Donc un danger.
Face à de tels comportements, une démocratie est désarmée. Il est
facile de jouer les Tartarins mais, à moins d’utiliser la force pour exfiltrer
ses ressortissants, quoi faire ? Les sanctions économiques
s’avèrent peu efficaces. Exemple avec l’Iran qui écrase toujours sa
population sous un joug religieux et détient d’ailleurs deux touristes
français, évidemment considérés comme des infiltrés à la solde d’Israël.
Si les despotes se souciaient du bien-être de leurs concitoyens, on
le saurait…
Le romancier et le journaliste bénéficient d’un soutien unanime en
France, y compris de la part des Insoumis. Un heureux revirement
après leur honteuse compromission envers Alger à propos de Sansal.
Et puisque la presse officielle algérienne estime que celui-ci est « un
fardeau » pour le pouvoir, qu’elle réclame sa libération, pourquoi pas
le 14 juillet, tout le monde sera satisfait.
Benoit Lasserre éditorial Sud-ouest