3853-affaire Nahel, l’avocat du policier réfute la qualification pour meurtre 1post
Invité du Figaro TV, Me Liénard, avocat du policier auteur du tir mortel ayant atteint le jeune Nahel, revient sur la course-poursuite préalable et maintient que son client, «après quatre mois et demi en détention, sait qu’il a sauvé des vies ce jour-là en prenant cette décision».
Invité de l’émission «Points de Vue» sur Le Figaro TV, Me Laurent-Franck Liénard, avocat du policier mis en cause dans la mort de Nahel Merzouk le 27 juin 2023, n’en démord pas. Son client a eu «un quart de seconde pour prendre une décision lourde de conséquences : blesser gravement le conducteur de la voiture - et ça, il le savait - ou que plusieurs personnes finissent mortes ou en fauteuil roulant».
Dans son réquisitoire ce mardi, le parquet de Nanterre a décidé du renvoi de Florian M. devant une cour d’assises pour «homicide volontaire». Outré, Me Liénard a interjeté appel de cette décision et considère que «dans un univers normal, impartial, nous aurions 100% de chances de réussite dans cet appel. Avec la justice française, nos chances sont moindres, je les estime à moins de 50%, surtout avec la pression politique et médiatique».
Soucieux de reconstituer la scène dans son ensemble
«Florian M. est un homme d’expérience. Il a été militaire déployé en Afghanistan, et même là-bas, n’a jamais tiré sur personne. Puis, policier, il a dû faire face à de multiples refus d’obtempérer et n’a jamais tiré. Aujourd’hui, après avoir vécu ce qu’il a vécu, les quatre mois et demi en détention, l’épée de Damoclès qu’il a au-dessus de la tête, comme tout être humain, si cela arrivait à nouveau, il laisserait partir cette voiture qui aurait tué des gens. Mais au fond de lui-même, il est persuadé d’avoir sauvé des vies ce jour-là, et il a raison.»
« Si vous saviez le nombre de juges d’instruction qui m’ont dit qu’ils n’auraient pas mis le policier en examen... »
Me Laurent-Franck Liénard
Soucieux de reconstituer la scène dans son ensemble, l’avocat tient à rappeler que «cinquante mètres plus loin, il y a des gens sur un passage piéton qu’on voit sur les vidéos, et à cent mètres, la place Nelson Mandela, à 8 heures 40 du matin, avec énormément de cyclistes et de poussettes. S’il laissait faire, le bolide faisait un strike, des mots mêmes du policier». Et martèle que les policiers décident précisément d’arrêter la folle course de la voiture, «lancée à 116 km/h», après avoir vu la Mercedes frôler «un cycliste à un centimètre près, à tel point que les agents ont fermé les yeux de peur de voir le choc frontal».
«Dès le début de ce dossier, les dés étaient pipés»
Quant à la suite des événements, Me Liénard affirme auprès de Timothée Dhellemmes que «les dés sont pipés depuis le début de ce dossier. Si vous saviez le nombre de juges d’instruction qui m’ont dit qu’ils n’auraient pas mis le policier en examen... Des magistrats de cour d’appel me disent que c’est inadmissible, que la mise en détention a beaucoup choqué chez nombre de magistrats. Finalement, la cour d’assises peut presque être salvatrice avec le jury populaire qui va pouvoir faire la part entre la décision prise par un policier dans l’exercice de ses fonctions, et la décision prise par monsieur Merzouk de se soustraire à un contrôle, avec déjà quinze mentions au traitement des antécédents judiciaires».
En colère, l’avocat de Florian M. contredit avec force l’absence d’«absolue nécessité» évoquée dans les réquisitions définitives. «Ça me fait bondir d’entendre que le parquet estime qu’il y avait d’autres moyens d’arrêter la voiture. Nous avons démontré par des expertises que tirer dans les pneus ou dans le capot moteur n’aurait pas suffi. À l’aune de ces éléments, on nous maintient qu’il y avait d’autres moyens. Lesquels ? Une intervention divine ?», ponctue Me Liénard.