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 Affaire Epstein et Donald Trump : conte de la folie ordinaire

Jean-Claude Souléry.

  • Jean-Claude Souléry. DDM
Publié le 
Jean-Claude Souléry

C’est un épisode de ces contes de la folie ordinaire qui, autour de Donald Trump, hantent désormais l’Amérique. Pas un jour, pas une heure sans qu’un nouveau scandale, une fausse rumeur, une exactitude truquée, une calomnie invérifiable, une vidéo montée de toutes pièces, ne viennent nourrir le débat populaire. Nous vivons au temps des complots qui, depuis belle lurette, ont remplacé ce qui était autrefois la simple vérité – une vérité qui, désormais, ne compte plus vraiment.

Le Président s’est longtemps complu à froisser cette vérité, comme si ses désirs ou ses lubies pouvaient la remplacer, comme si la réalité était suffisamment souple pour qu’on puisse la tordre en tous sens. Ainsi ont fructifié les théories conspirationnistes, abondamment relayées par Trump lui-même et ses supporters, et qui dépeignent une Amérique souvent imaginaire, dangereuse et livrée à des élites malfaisantes. Mais il arrive aussi qu’à trop vouloir nourrir l’espace des conspirations et des fausses vérités, on s’empêtre à son tour, et que, par un effet pervers, on en soit la victime. C’est ce qui arrive au Président des Etats-Unis.

 

On pensait que l’affaire Epstein – du nom de ce riche financier accusé de trafics sexuels de jeunes filles mineures et qui s’est suicidé en 2019 dans sa prison avant de comparaître devant la justice – ne concernait pas vraiment Donald Trump. Ou, pour le moins, qu’elle se limitait à de brèves rencontres entre Américains richissimes à l’occasion de soirées privées.

Mais, pour Trump, l’essentiel était ailleurs : il fallait faire de ce fait-divers sulfureux un vrai dossier politique, c’est-à-dire accuser sans preuve ses adversaires démocrates, en expliquant pourquoi les gouvernements précédents cachaient les listes de personnalités soupçonnées d’appartenir au réseau Epstein. Promis, juré : une fois au pouvoir, lui, Trump, ferait toute la vérité sur l’affaire. Or, on attend toujours… Au point que ses propres supporters s’interrogent bruyamment et ne cachent plus leurs ressentiments : et si Trump nous avait grugés, disent-ils ? C’est l’histoire archiconnue, de l’arroseur arrosé, pris à son propre piège. Pour faire bonne contenance, notre Président dirige désormais sa hargne contre le « Wall Street Journal », il attaque aussi Barack Obama qu’il accuse de « trahison » – mais la diversion paraît désormais un peu trop grosse.

Le complotisme permet de douter de tout, mais il n’est pas un puits sans fond : parfois, il se heurte au réel et, dès lors, gravement désemparés, ceux qui y succombaient sont capables de brûler leurs idoles. En sera-t-il ainsi pour ce Président, élu sur le rejet du « système », et qui démontre aux siens qu’il en fait pleinement partie ? Expert en conspirationnisme, a-t-il épuisé l’essentiel de son sac à malices, et, dès lors, ses fausses vérités ne vont-elles pas finir par le dévorer ?



26/07/2025
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