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Accord avec le Mercosur : Bruxelles doit revoir sa copie
La partie est encore loin d’être gagnée contre l’accord avec le
Mercosur. Mais alors que Michel Barnier pourrait tomber, fin
décembre, sur le projet de loi de finances si la gauche et le RN
venaient à mêler leurs voix, il a obtenu hier à l’Assemblée une
victoire symbolique contre cet accord commercial. Dans le sillage du
gouvernement, les députés ont très largement rejeté ce traité de libre
échange entre l’Union européenne (UE) et cinq pays d’Amérique latine:
le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay, le Paraguay et la Bolivie.
Une issue qui souffrait d’autant moins de doute que les
agriculteurs n’en veulent pas non plus. À cet égard, leur colère
de nouveau « tractorisée » a été entendue cinq sur cinq.
On retiendra aussi de cette séquence que la droite libérale, la gauche
sociale-démocrate et les centristes, pourtant partisans de l’économie
de marché, se sont dressés contre ce traité commercial aux côtés, donc,
des Insoumis, des communistes, des écologistes et des troupes de Marine
Le Pen. Certes, l’alignement des premiers sur les seconds ne signifie
pas qu’ils ont renoncé au libre-échange. Bien au contraire. Mais les
lourds déséquilibres sanitaires et environnementaux de cet
accord ont, cette fois, pesé. Et à raison.
Cependant, l’avenir de ce traité entre l’UE et le Mercosur en
discussion depuis vingt-cinq ans se jouera d’abord à Bruxelles. En
finissant par accepter d’ouvrir ce débat, Michel Barnier fait donc
le pari que ce vote peut faire bouger les lignes.
Or, en agissant ainsi, il prend un risque. En effet, si la
Commission européenne décide d’ignorer la mobilisation des députés,
c’est bien la faiblesse de l’influence française qui apparaîtra au grand
jour. L’isolement de la France dans le concert européen ne serait dès
lors plus un sujet d’interrogation mais une réalité.
Une certitude : importer en Europe, même dans de faibles volumes, des
viandes dopées aux antibiotiques et d’autres produits agricoles traités
avec des pesticides interdits n’a aucun sens. Certes, les promesses d’Ursula
von der Leyen, la présidente de la Commission, au sujet du pacte
vert européen semblent bien loin, et ce d’autant plus que l’industrie
automobile de l’Union tourne désormais au ralenti. Mais il en va de la
crédibilité de la Commission d’amender cet accord et de ne pas laisser
s’installer une concurrence déloyale. Que l’Europe passe outre la colère
des agriculteurs, passe outre aussi ce vote démocratique, et elle ne
récoltera que la défiance. C’est un luxe qu’elle ne peut se permettre.
Jefferson Desport édito Sud-Ouest