692-Le Parti socialiste est de retour. 48 posts
Tropicalboy Un invité de ce blog: On a beaucoup glosé sur les reports de voix étonnants survenus à l'occasion de l'élection du Premier secrétaire. Partie avec un potentiel de 70% des voix, Martine Aubry s'est retrouvée élue avec 50 et des poussières... Beaucoup y ont vu la grande liberté des militants électeurs du PS et leur volonté de s'affranchir des consignes partisanes de courants. "Quelle liberté! Quelle demande de renouvellement! Les adhérents du PS ont choisi la liberté!" Hélas! j'ai bien peur que cela soit malheureusement la conséquence tragique de la panne idéologique qui frappe le PS d'aujourd'hui et le signe annonciateur de la défaite programmée en 2012. Tenez: examinez les deux congrès fondateurs des années 70, Epinay (1971) et Metz (1979). L'affrontement se joue sur la question de la rupture avec le capitalisme et la stratégie de conquête du pouvoir, l'Union de la gauche. Les deux fois, Mitterrand et ses alliés directs l'emportent grâce au renfort du CERES. Les questions de personnes viennent alors trancher le débat d'idées. Voter Mitterrand, c'est choisir la rupture avec le capitalisme et la stratégie d'Union de la gauche. Voter Rocard, c'est promouvoir une social-démocrate à la française et se passer de l'union de la gauche. A cette époque, il n'est pas question pour un militant issu du courant C (Rocard) de passer du jour au lendemain au courant E (Chevènement) ou A (Mitterrand). La displine de courant est de règle car règne au sein de chacun de ces courants une cohérence idéologique et politique claire. Qu'en est-il aujourd'hui? Au congrès de Reims, il n'y a pas eu de débats sur la situation du capitalisme d'aujourd'hui. Pas plus que de réels débats sur la stratégie à adopter pour reconquérir le pouvoir en France. Les questions de personnes sont aujourd'hui déconnectées de toute analyse politique, idélogique et stratégique. Voilà la grande tragédie du PS de 2008. Ainsi peut-on voter Royal après avoir voté Hamon ou Delanoë bien que ces derniers eux mêmes fassent un choix contraire. Ces choix sont vidés de tout sens politique, idéologique et stratégique. C'est même le grand paradoxe des socialistes qui passent leur temps à proclamer que toutes leurs agitations ne doivent pas se résumer à des questions de personnes, alors que tout prouve le contraire. Le PS de 2008 est un grand corps organiquement viable, mais cérébralement mort. Les uns et les autres peuvent brandir les mots de "renouvellement", "rénovation", "transformation", les Français qui les entendent savent que cela ne signifie rien, ne ressemble à rien, ne débouche sur rien. Sauf sur une défaite inéluctable en 2012. Bruno-Roger Petit invité du Post et de ce blog MADRID aujourd'hui Les socialistes et sociaux-démocrates européens ont adopté un "manifeste" en vue des élections européennes de 2009 "qui va proposer un nouveau modèle par rapport au libéralisme, où l'économique reprend le pas sur la finance", a affirmé la nouvelle première secrétaire du PS. "La gouvernance mondiale libérale et le libéralisme financier viennent de faire la preuve d'un échec social, moral et économique", a estimé Mme Aubry lors d'une table ronde organisée dans le cadre d'un "conseil" à Madrid du Parti socialiste européen (PSE), la formation qui réunit socialistes et sociaux-démocrates de l'UE. "La droite va prendre quelques mesures financières et tout va recommencer comme avant", a-t-elle critiqué. "Ce n'est pas le marché qui doit diriger nos vies et la société, mais les hommes et femmes, avec un marché régulé, dans une société où chacun a accès aux droits fondamentaux", a poursuivi Mme Aubry, très applaudie par les militants du PSE. "Tout l'enjeux des prochaines élections européennes est de convaincre les européens que l'Europe (...) c'est aussi l'espoir d'un nouveau modèle", a-t-elle lancé, appelant les socialistes européens à "parler d'un nouveau modèle face au libéralisme" et à "ne pas se contenter de quelques mesures de régulation financières". Le Parti Socialiste est de retour ! - Martine AUBRY Chers camarades, j'ai d'abord un seul mot à vous dire : merci. Je voudrais dire aussi que je sens une responsabilité lourde, mais cette responsabilité lourde, je ne peux l'accepter que parce que vous êtes là vous les quelque 200 000 militants du Parti socialiste. Je voudrais d'abord m'adresser aux militants. Aux militants parce que, dans ce congrès, jour après jour, soir après soir j'en ai rencontrés beaucoup, et que tous se sont battus pour ce qu'ils croient profondément, pour les valeurs du socialisme, pour la conviction qu'ils ont que ce qu'ils proposaient étaient les bonnes réponses pour les Français. Je voudrais dire à tous les militants : bravo pour ce travail. Je voudrais dire à Ségolène et à ses amis -dont je comprends aujourd'hui la réaction tout à fait naturelle - que nous avons tous défendu ce que nous croyons juste. Je crois que si nous voulons changer ce parti, il faut d'abord que nous acceptions cela. Accepter que, dans un grand parti démocratique, nous puissions penser différemment en nous respectant et j'irai même plus loin, penser différemment en nous faisant confiance, en pensant que, en chacun d'entre nous, il n'y a qu'un seul souci, servir les Français et pour servir les Français, servir le Parti socialiste. Les conditions dans lesquelles le vote a eu lieu et les résultats extrêmement serrés qui en découlent ne me donnent que des devoirs. Le premier devoir qui est le mien, c'est, si elle l'accepte, de rencontrer Ségolène. J'ai entendu, comme elle, ce que nous ont dit les militants à Reims et derrière les militants ce que nous ont dit les Français : « nous voulons retrouver la politique et la gauche, nous voulons un Parti socialiste qui nous défende alors que nous n'avons même plus le courage de nous battre car on a l'impression que nos voix ne sont plus entendues par les pouvoirs en place ». Oui, nous allons revenir avec les valeurs qui sont les nôtres, mais aussi avec les réponses d'aujourd'hui, ce qui nécessite beaucoup de travail. Puis, ils nous ont dit : « il faut renouveler profondément le Parti socialiste, ses pratiques, son fonctionnement ». Les voix qui se sont portées sur Ségolène comme d'ailleurs sur Benoît Hamon sont aussi des voix qui nous ont dit profondément que certains portaient plus que d'autres le renouvellement. Notre prochain Conseil national sera sans doute fixé au samedi 6 décembre. Une ligne politique a été arrêtée avec une majorité lors du congrès, mais que, au-delà de cette ligne politique, ancrée à gauche, qui nous impose d'être sur tous les terrains pour défendre les Français, pour défendre les Français qui sont inquiets devant les licenciements qui arrivent, pour défendre les Français qui perdent en pouvoir d'achat, pour défendre les services publics qui sont le patrimoine de ceux qui n'en ont pas, pour être capable dès le week-end prochain d'être auprès de nos camarades des partis socialistes et socio démocrates européens pour changer l'Europe pour un autre monde, d'être capable effectivement d'être sur ce terrain-là et d'y travailler dans une ligne politique ancrée à gauche, il faudra aussi profondément nous renouveler.
Il faut faire appel à eux, il faut le dire, le Parti socialiste est à nouveau ouvert pour travailler avec vous, pour évidemment un projet porté aux Français, mais aussi porté aux Européens pour un autre monde. Mon devoir dans les heures qui viennent, c'est de faire en sorte que, sur une ligne qui est celle que les militants ont choisi au congrès, nous soyons capables d'être unis dans un mode de fonctionnement que je vous proposerai, où les élus trouveront toute leur place. Car rien n'est plus étonnant aujourd'hui de voir combien les Français nous font confiance, là où nous sommes et parfois même nous plébiscitent dans nos villes, dans nos départements et dans nos régions et de dire que nous n'utilisons pas cette force extraordinaire des élus et des militants pour construire le projet de demain et là aussi il nous faudra changer nos pratiques. Tous les jours on nous annonce un cadeau fiscal pour les plus riches, tous les jours nous apprenons un recul dans le domaine social, que ce soit à Je veux une équipe unie où toutes les sensibilités se sentent bien. L'équipe unie ne veut pas dire que l'on oublie ses fidélités, je ne demande à chacun non pas d'oublier ce qu'il est, ce à quoi il croit, la personne à laquelle il est attaché et c'est cela aussi la politique des liens d'affection, de fidélité qui se nouent, je demande à chacun de dire d'abord : nous sommes tous socialistes nous voulons porter en avant notre parti pour que les Français à nouveau aient l'espoir. Nous avons une feuille de route collective, dès demain, à mettre en place : rassemblement, renouvellement profond, et travail. Nous allons le faire ensemble pour incarner à nouveau l'espoir. Nous devons être à la hauteur. Je sais qu'il faudra beaucoup de courage et de ténacité mais je sais que chacun d'entre vous pensez actuellement aux militants et aux Français qui voient ce qui se passe depuis quelques jours dans notre parti et se lamentent. Discours de Martine Aubry hier au soir transmis par un bistronaute pour les visiteurs de ce blog. |