688-La crise ,le G20. Les invités du bistro 7 posts


Lourde tâche en vue

Dessin du jour : Lourde tâche en vue ...

Pour tenter d'échapper au "massacre" de Reims,ravaler notre amertume ou notre colère,quelques puissent être nos sentiments et nos choix personnels,il me parait utile d'aborder un nouveau sujet.Pour le PS ce sont les militants qui trancheront.Je n'en suis pas,je n'en suis plus,même si je brûle de ne pouvoir m'exprimer.Bon courage! Réfléchissez bien il en va de notre avenir et là nous sommes concernés.


L'autre sujet du moment c'est la crise et le G20.Là, le peux écrire et penser ce que je veux.Enfin théoriquement je peux.En réalité c'est tout de même un peu compliqué,aussi je vais céder la parole à quelques personnes que j'apprécie et qui savent, eux, de quoi ils parlent.Ce n'est pas la mode en ce moment où on entend d'abord et surtout celles et ceux qui ne savent rien et qui devraient se taire.Marc Baldy


actualité

dessin de Delize yahoo! cartoons



Premier invité du bistro,

François Hollande

Notre congrès se tient au moment où le monde vit une accélération de l'Histoire. D'abord, le capitalisme connaît une nouvelle crise. Ce n'est pas la première ; ces crises ont même tendance à s'enchaîner depuis 20 ans : 1987 (crise boursière) ; 1997 (crise asiatique) ; 2000 (crise technologique). Ce n'est pas la pire que le capitalisme connaît si l'on songe à 1929. Mais elle a ceci de spécifique qu'elle est la plus globale : financière, monétaire, économique, écologique et sociale.
Ce qui suppose d'y répondre dans toutes ses dimensions –pas seulement en convoquant un G20 aujourd'hui, pas seulement en évoquant un nouveau Bretton Woods, mais en prônant une nouvelle organisation de la planète et un nouveau pilotage de l'économie et de la finance. Cette crise est la plus révélatrice des excès du capitalisme.

Elle est le produit de trois déséquilibres fondamentaux qui la rendaient d'ailleurs inévitable :

•    Le taux de rendement du capital qui était exigé par les actionnaires depuis plusieurs années dépassait de très loin le taux de croissance de l'économie et les gains de productivité.
•    L'augmentation des valeurs boursières, ces 20 dernières années, n'avait plus rien à voir avec l'augmentation des bénéfices des entreprises.
•    La part des profits liée à la finance s'était faite au détriment de la part des profits liée à la production. Songeons même que des sociétés industrielles avaient même été capables d'inventer des entreprises sans usine. La logique de ce système supposait des innovations financières de plus en plus déconnectées avec l'économie réelle.

Si l'on ajoute que la rémunération des dirigeants qui s'était éloignée de toute logique de performance, avec une course au bonus sans lien avec les intérêts de l'entreprise, où les PDG du CAC 40 en France touchent en un jour ce que leurs salariés mettent un an à gagner… On comprend que les tensions étaient là et que le crack était inévitable.

La réalité s'est donc vengée sur les agents qui avaient organisé, propagé, couvert ces dérives : les banques elles-mêmes. Lesquelles viennent de prendre en otage les Etats, en les sommant de les sauver, au risque sinon d'un effondrement général.

Cette crise signe donc l'échec du libéralisme, du tout marché, de la dérégulation, de la privatisation, de la concurrence. Incontestablement, disons-le, elle valide nos thèses, celles des socialistes et sociaux-démocrates qui, des années, dénonçaient « l'économie casino », le déséquilibre entre capital et travail, et les dangers de l'autorégulation des marchés. Et nous serions nous-mêmes frileux, même s'il n'existe aucun privilège à avoir raison, pour dire que par rapport à la bataille idéologique que François Fillon voulait encore livrer ces derniers mois et qu'il pensait même avoir gagnée au nom du libéralisme, ce sont les socialistes et les sociaux-démocrates qui l'ont emportée !

Aujourd'hui, le rôle de l'Etat est réhabilité. Et le voilà consacré comme le sauveur suprême des établissements financiers et comme prêteur –en dernier ressort- des entreprises. On en voit qui hier critiquait l'intervention publique demander la protection de l'Etat, sa garantie, sa tutelle. Les plus beaux esprits (souvent bien rémunérés) oublient les contraintes de l'endettement public comme pour mieux demander à bénéficier de sa prodigalité, voire même de son contrôle. Pour la première fois de leur histoire, le Trésor Public des USA vient de prendre des participations dans le capital des banques… Nicolas Sarkozy n'avait pas osé le faire. Même G. Bush finissant a fini par y consentir. Méfions-nous de cette soudaine reconnaissance, de cette subite conversion. Elle n'est pas le fruit d'un retournement idéologique, ni d'un pragmatisme, mais le résultat d'un cynisme à peine dissimulé et qui consiste à aller chercher l'Etat non pas pour protéger les plus faibles, les plus démunis ou pour permettre de sortir de la crise économique. Mais chercher l'Etat pour socialiser les pertes, comme hier on lui demandait de privatiser les profits.

Il ne s'agit pas de nier l'urgence et la nécessité des plans de sauvetage qui se sont généralisés à l'échelle de la planète pour venir  en aide au secteur financier (2500 milliards de dollars, rien que cela), mais il nous revient de faire apparaître que ces plans-là ne suffiront pas pour juguler la crise et même pour prévenir la suivante.

Le G20 convoqué aujourd'hui ne porte que sur les symptômes du mal financier et, dans le meilleur des cas, sans rien n'insulter, les réponses qui en sortiront sur les agences de notation, les normes comptables, le contrôle des fonds spéculatifs ou la réglementation des banques ne touchent en rien aux causes même de la crise.

Et c'est là que les socialistes doivent faire entendre leur voix. Il y a trois principes que nous devons poser pour sortir l'économie mondiale de la crise qui la frappe :

•    La stabilité : face à la volatilité de tous les marchés, il faut redonner de la confiance. Cela vaut pour les monnaies avec un système monétaire international fondé sur des marges de fluctuation limitées, pour les matières premières, avec des prix fondés sur la sûreté des ressources naturelles, pour le commerce mondial avec le respect des normes sociales et environnementales. Et pour la « finance noire » que sont les paradis fiscaux et les fonds spéculatifs.

•    La croissance : face à la récession généralisée, des plans de soutien à l'activité sont nécessaires. Ils doivent être concertés déjà à l'échelle de l'Europe. Et ils doivent porter sur les grands travaux d'infrastructures, d'économies d'énergie et sur la Recherche pour répondre non seulement à la conjoncture, mais aussi élever le potentiel de la croissance de demain. C'est pourquoi nous demandons que l'Europe lance un grand emprunt –au moins 200 milliards d'euros- pour financer précisément ces plans.

•    La répartition des efforts : face aux conséquences sociales de la crise –chômage, pauvreté, précarité…, c'est l'ensemble des mécanismes de la répartition de la valeur ajoutée, c'est-à-dire la part réservée aux salaires, et les mécanismes de redistribution qui doivent être revus. En ce sens, le paquet fiscal en France est, dans le contexte d'aujourd'hui, une monstruosité. Monstruosité économique, monstruosité sociale, monstruosité fiscale, dès lors qu'il encourage les banquiers plutôt que les investisseurs et incite à faire travailler davantage ceux qui sont déjà dans l'emploi plutôt que de favoriser l'embauche de ceux qui n'y sont pas.

devant le Congrès, sur son blog

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Zygmunt Bauman



Sociologue né à Poznan (Pologne) en 1925,

 Zygmunt Bauman enseigne à l'université de Leeds,

en Grande-Bretagne


les phénomènes que nous observons à l'occasion de cette crise sont indissociables des analyses que j'ai développées sur la « modernité liquide ». La société de consommation et le remplacement progressif et irrésistible des structures sociales traditionnelles par des réseaux flexibles sont allés de pair. Ce sont des phénomènes qui ont dépendu l'un de l'autre et qui sont peut-être en passe l'un et l'autre de laisser place à quelque chose d'autre. La forme liquide de la modernité a été accomplie par un triple processus de dérégulation, de privatisation et d'individualisation, complété par le divorce du pouvoir d'avec la politique.

Marianne  : Par la dépolitisation ?

Z.B. : Disons que le triple processus de dérégulation, de privatisation et d'individualisation a donné naissance à une condition d'insécurité et d'instabilité dans laquelle le consumérisme pouvait s'épanouir tout en devenant simultanément une drogue. Dans S'acheter une vie (éd. Jacqueline Chambon, 2008), j'ai analysé plus étroitement l'affinité qu'entretient la crise du capitalisme avec cette modernité liquide.

Marianne : Justement. Sous le choc de la crise mondiale, glissons-nous vers un nouvel âge de la modernité, un âge « postliquide » ?

Z.B. : Sondez plutôt les prophètes ! Il y a de nombreux postulants à ce rôle… En ce qui me concerne, j'ai appris à ne plus jamais ajouter foi aux prophéties sur les formes futures de la vie sociale. Lorsque je regarde en arrière, les 83 ans de mon existence m'apparaissent comme un immense cimetière de prédictions…

Cela dit, de nombreux signes indiquent que nous approchons du changement que vous évoquez. Aux Etats-Unis, 70 milliards de dollars, soit près de 10 % de la somme que les autorités fédérales s'apprêtent à injecter dans le système bancaire américain, sont d'ores et déjà employés à régler les primes de ceux qui ont conduit le système à sa perte…

Aussi massives et imposantes que soient les mesures prises par les différents gouvernements, elles visent d'abord à « recapitaliser » les banques et à leur permettre de revenir à leur fonctionnement habituel. Autrement dit, tout est fait pour que les banques renouent avec les activités qui sont à l'origine de la crise actuelle.

Pour le dire une fois de plus avec les mots de Rosa Luxemburg, tout se passe comme si on voulait tirer encore un peu plus la queue du serpent, tandis que ce dernier continuerait à se remplir l'estomac. Le retour « à la normale », dans ce cas, est plutôt un retour à des solutions néfastes et potentiellement dangereuses. Jusqu'à présent, nous n'avons pas encore pris la peine de nous interroger sur la viabilité de cette société propulsée par le double moteur du consumérisme et de l'endettement.

Propos recueillis par Alexis Lacroix.

Cet article est publié cette semaine dans Marianne, dans la rubrique Forum

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Jean-Pierre Chevènement


Un moment politique à saisir pour traiter la crise et «réorienter le système»

D'un voyage récent aux Etats-Unis, voici les impressions que je retiens :


1. Les Etats-Unis ne pourront pas seuls rétablir leurs équilibres fondamentaux,

a) Les Etats-Unis vivent très au-dessus de leurs moyens (déficit commercial supérieur à 700 Milliards de dollars, déficit budgétaire hors de contrôle, endettement des ménages égal à 133% de leurs revenus, épargne des ménages inférieure à 1 % de leurs revenus, endettement net extérieur croissant à une vitesse exponentielle, cours du dollar à la merci des politiques des pays détenteurs de « balances-dollars ». L'économie américaine draine 80 % de l'épargne mondiale. Le monde marche sur la tête !
b) Si les Etats-Unis devaient rétablir seuls leurs équilibres, cela plongerait le monde dans une récession sans précédent (le fléchissement du cours du dollar depuis dix-huit mois n'a entraîné qu'une progression modérée des exportations américaines, étant donné la désindustrialisation du pays. Quant aux importations, elles n'ont baissé tant soit peu que parce que la demande intérieure fléchissait. Il faudrait une chute de la demande beaucoup plus forte pour qu'on se rapproche d'un meilleur équilibre.
c) Si les Etats-Unis relancent seuls leur économie, les fondamentaux d'ici quelques années seront encore plus dégradés. On ira de bulle en bulle et de crise en crise, toujours plus graves. ce qui est décisif, si on veut éviter un nouveau rebond de la crise, sans le concours du « reste du monde ».


2. L'aide du reste du monde est l'enjeu principal des principaux sommets en vue (G20 etc.).

Cette aide doit se traduire par une relance économique coordonnée des principales économies mondiales, à commencer par celles des pays excédentaires tant en ce qui concerne leur épargne que leur excédent commercial (Chine – Allemagne – Japon – pétromonarchies du Golfe).

a) Le Japon pratique déjà une politique relativement expansionniste.
b) L'Allemagne devrait y être fortement encouragée (notons qu'elle réalise 75 % de son excédent extérieur sur l'Europe soit 150 Milliards d'euros sur 200 (dont 100 sur la seule zone euro). L'Allemagne devrait être sensible aux pressions en faveur de la relance d'origine intérieure (syndicats) ou d'origine extérieure (Etats-Unis et pourquoi pas autres Européens (France, Italie, Grande-Bretagne, Espagne, etc.). En année électorale, la coalition SPD-CDU-CSU devrait se montrer compréhensive.

c) Le point le plus dur sera certainement la Chine. Celle-ci a un taux d'épargne excessif (près de 40 % de son PIB). Il est décisif qu'elle augmente sa consommation soit par la voie des salaires soit par le rétablissement et l'extension d'une protection sociale. Sinon il faudra faire pression pour une réévaluation du yuan, sans qu'on puisse exclure des mesures protectionnistes (droit anti-dumping social ou écotaxes). Une initiative américaine dans ce domaine n'est pas à exclure. L'Europe pourrait alors en faire autant.

d) En fait, il faudrait fixer des objectifs de relance régionalisés (par grandes régions du monde), ultérieurement déclinés par pays.


3. La question fondamentale est celle de l'inscription de la relance dans une projection à long terme du type de développement.

D'immenses investissements sont nécessaires :

a) Dans le secteur de l'énergie pour préparer l'« après pétrole ».
b) Dans la lutte contre l'émission de gaz à effet de serre et contre le réchauffement climatique.
c) Pour la préservation de ressources rares (eau, air, matières premières)
d) Pour l'éducation et la recherche.
e) Pour l'innovation à travers le tissu des PME-PMI qu'il faut encourager en faisant en sorte que l'Etat se porte caution des emprunts qu'elles contractent à cet effet (ne pas aider seulement les banques).
f) Pour la santé et la protection sociale (y compris la politique familiale).
g) Pour le développement, par exemple des infrastructures en Afrique ou dans l'Asie pauvre (BenglaDesh, Laos, Cambodge, etc.) : eau, irrigation, transports, écoles, hôpitaux.


On ne doit pas selon moi exclure l'utilisation à large échelle des droits de tirage spéciaux (D.T.S.), créés en 1976 par les accords de la Jamaïque en réservant l'émission de ces DTS au FMI. Ces droits de tirage spéciaux n'ont servi qu'une fois à une échelle assez modeste. La seconde fois, les Etats-Unis s'y sont opposés, en vertu du droit de veto de fait, qu'ils détiennent au sein du FMI (17 % des droits de vote ce qui suffit à empêcher le vote à la majorité qualifiée de 85 %). Il faut lever ce veto, soit politiquement, soit en modifianr les quotes-parts au sein du FMI pour empêcher les Etats-Unis de maintenir leur veto (qu'ils justifient par le souci de ne pas dévaloriser le rôle du dollar comme « monnaie mondiale »). Ces DTS pourraient financer l'aide au développement en priorité.


En réalité, ce qui est en cause c'est le « modèle de développement » de l'humanité, à l'horizon des trente prochaines années. Il existe une « fenêtre d'opportunité » suite à l'élection de Barack Obama et à la profondeur de la crise pour « réorienter le système ».


4. En fait la faisabilité d'une telle « relance coordonnée » de l'économie mondiale passe par un « moment politique », celui de la reconnaissance de la multipolarité du monde.

Les Etats-Unis ne peuvent plus faire comme s'ils pouvaient seuls imposer leur loi et faire comme si « le reste du monde » n'existait pas. Ils ne peuvent procéder à une « relance en solitaire ».

En même temps, si cette multipolarité est acceptée par les Etats-Unis, en redistribuant par exemple les quotes-parts au sein du FMI et peut-être en donnant aux grands pays émergents (Inde, Brésil) et aux pays financièrement « excédentaires », un statut de membres « semi permanents » (cinq ans sans droit de veto) au Conseil de Sécurité de l'ONU, il est nécessaire que des pays comme la Chine acceptent de réduire leur taux d'épargne et que le Japon et surtout l'Allemagne se rallient à une stratégie coopérative, en relançant leur demande intérieure.

C'est ce « moment politique » particulier (le passage de l'unipolarité du monde à une multipolarité raisonnable où les Etats-Unis resteront la plus grande puissance mondiale, sans pouvoir prétendre diriger le monde à eux seuls) qu'il faudra savoir gérer. Le rôle de l'Europe et notamment du duo franco-britannique peut être à cet égard déterminant pour infléchir la position de nos principaux partenaires (Allemagne, Etats-Unis) et pour impliquer davantage les pays d'Asie dans le traitement de la crise.
 Sur son blog                           
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16/11/2008
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