Nicolas! Nicolas! Nicolas! scandait la foule en transe au soir du 6 mai 2007. La masse des convertis à "la rupture" et au "travailler plus pour gagner plus" triomphait et convergeait vers la place de la Concorde pour y écouter chanter la France de papy, celle de Mireille Mathieu et d'Enrico Macias. La présence de milliardaires et de nombreux évadés fiscaux sur le podium auraient pourtant du leur mettre la puce à l'oreille, de même que les violents affrontements qui avaient lieu non loin de là, place de la Bastille. Mais l'humeur était au "tout devient possible", et on pouvait railler les mauvais français qui pendant la campagne avaient crié au loup et averti du danger que représenterait l'élection d'un fou à la présidence de la République (Marianne, Le vrai Sarkozy). Plus dure fut donc la chute pour les crédules.

En seulement une petite année d'exercice du pouvoir Nicolas Sarkozy est passé du statut d'hyper-président au firmament des sondages à celui de "gros vulgaire bling-bling" détesté par des foules appauvries. Tout ce qui fut entrepris a peu ou prou échoué, pour son grand malheur et pour le notre. Car tout ce que Sarko a massacré par ses "erreurs" à répétition ce sont les français qui l'ont payé. Mais lui s'en moque, il s'en fout depuis qu'il est à l'abri du besoin avec son auto-augmentation de 172%. Retour sur douze mois de malheur.


POLITIQUE ÉCONOMIQUE A LA CON

La première mission confiée au tout nouveau gouvernement Fillon fut d'instaurer un choc de confiance afin de relancer la croissance. Pour cela on ne trouva rien de plus intelligent que de ficeler un beau paquet fiscal à base de détaxation des heures supplémentaires, de suppression de l'impôt sur les successions et de cadeaux fiscaux en tout genre pour les amis milliardaires du président.  L'inconvénient, outre celui de vider les caisses, tenait pourtant dans la pertinence de ces "réformes" (le pêché originel à 15 milliards d'euros, selon l'opposition). Même un lycéen en grève peut vous le dire, une mesure macro-économique isolée n'a jamais eu et n'aura jamais d'influence sur les grands agrégats économiques et la croissance. Tout juste remplira-t-elle les poches des rares bénéficiaires. L'été 2007 fut donc merveilleux pour le Medef.

Une fois les caisses vidées il devenait évidemment urgent de réduire les dépenses. Pour y parvenir autant devancer les conclusions du rapport Attali et trancher dans le lard en fermant 130 tribunaux à coups de serpe (en attendant les hôpitaux), en anémiant les services publics (un fonctionnaire sur deux non-remplacé), et en lançant une série de réformettes illégitimes ou absurdes (carte famille nombreuse, RSA financé par les travailleurs pauvres, redevance télé pour les retraités démunis, etc.)

Après un an de confusion il n'était pas nécessaire d'être Prix Nobel pour comprendre que le président élu le 6 mai 2007 ne connaissait pas grand-chose à l'économie, et que son action portait clairement la marque d'un idéologue néo-libéral dépassé par la complexité et la mauvaise volonté des lois du marché. Pouvoir d'achat en berne, paupérisation de catégories entières de la population, inflation record (le double de celle de l'Allemagne), délocalisations et autres joyeusetés. Essayez de rester haut dans les sondages après un tel fiasco !


DES VALEURS RÉTROGRADES et parfois de droite

A défaut d'être efficient sur l'économie Sarko s'est surtout acharné à défendre l'idée obscure et délirante de la "politique de civilisation". La succession des annonces hallucinatoires de type "lecture obligatoire de la Lettre de Guy Môquet", ou "faire porter par les enfants de CM2 la mémoire d'un enfant juif gazé", en ont laissé plus d'un pantois, Simone Veil la première (mon sang s'est glacé, sic). Mais ou voulait-il nous amener, le bougre ?

Peut-être au Vatican, comme en ce 20 décembre 2007, ou après être devenu Chanoine de Latran Sarko s'est senti pousser des ailes frangées d'or : "Jamais l'instituteur ne remplacera le curé, le pasteur ou le rabbin". Et pan, sur le pif de la laïcité dont le président de la République est pourtant le garant ! Et un pan du voile qui se lève sur les véritables et inavouables intentions de Sarko. Puisque les caisses sont vides et que je ne peux rien faire en ce bas monde pour votre pouvoir d'achat, il vous reste des valeurs supérieures et bien plus réconfortantes. Celles des religieux qui, c'est juré, vous offriront un monde meilleur quand vous serez mort, au paradis.
Il est vrai que d'un point de vue comptable il est bien moins coûteux de faire sous-traiter l'enseignement des notions de bien et de mal à des curés plutôt qu'à des instituteurs. Et au diable la laïcité, fondement de la République, tout comme peuvent aller se faire foutre les signataires de l'appel républicain de Marianne.

Car Sarko les aurait bien éloigné comme de vulgaires sans-papiers, ces empêcheurs d'obscurcir en rond. Les Villepin, Bayrou, Royal et l'ancien chef de cabinet du Général de Gaulle qui entendaient réaffirmer leur "attachement au principe républicain et aux fondamentaux d'une laïcité ferme et tolérante, gage de la paix civile". Nul doute que si la constitution l'avait autorisé il leur aurait bien fait subir un test ADN à ces mauvais français, tout comme aux noirs traqués et chassés avec la collaboration de Brice Hortefeux. Pour faire plaisir aux électeurs du Front National et à leurs valeurs de droite décomplexée.


CRAC ! BOUM ! BLING-BLING !

C'est pourtant cette frange extrémiste de l'électorat de Sarko qui, pour l'histoire, sera la première à décrocher dans les sondages. Et on les comprend les pauvres. Alors que les catholiques purs et durs pensaient avoir porté Saint-Nicolas au pouvoir ils se retrouvaient soudainement avec Caligula à l'Élysée. C'est qu'en seulement une année Sarko n'y est pas allé de mainmorte pour "renouveler" l'image de la fonction présidentielle. Il faudrait des pages entières pour énumérer la liste des fantaisies et autres grossièretés de Bling-Bling Ier.

Fête au Fouquet's le soir de l'élection avec tout ce que la France compte de riches et de journalistes de TF1, retraite monacale à bord du Yacht du milliardaire Bolloré, mise en scène de la vie privée, invasion des unes de journaux pipoles, vacances de rêve aux États-Unis, esclandre avec les marins pêcheurs, rumeurs débiles sur un divorce avec Cécilia, re-une de journaux pipoles, divorce débile avec Cécilia, montres en or, gourmettes et Ray-Ban, visite de Kadhafi, rencontre et mariage avec la belle et riche mannequin Carla Bruni, Bigard chez le pape, affaire Martinon, et apothéose au Salon de l'Agriculture avec le célébrissime "casse-toi pauvre con !" Que du bonheur pendant douze mois, mais trente points en moins dans les sondages.

Il était bien temps de re-changer. Pour notre grand bonheur à toutes et tous... plus que quatre ans à tenir, bonne chance.