587-Revue de la presse européenne

Revue de la presse européenne




Tous les journaux s'accordent pour dire que cette affaire (celle du Salon de l'Agriculture,note du Webm.)devrait, une fois encore, se ressentir sur sa cote de popularité.


Un journaliste d'El Pais pense que Sarkozy pourrait être un boulet pour tous les candidats UMP aux municipales. Pour eux, si la cote de popularité du Premier ministre remonte, c'est tout simplement parce que Nicolas Sarkozy ne correspond pas du tout à l'image que les Français ont d'un président de la République.


La Tribune de Genève reprend cette idée dans un article intitulé « Pourquoi Sarkozy exaspère les Français » : selon ce journal le président n'arrive pas à « revêtir ses habits de chef de l'Etat », « le principal ennemi de Sarkozy, c'est lui-même » insiste un peu plus le journaliste, en citant Jacques Chirac. Dans cet article, Jean-Noël Cuénod va encore plus loin, il avance l'idée qu'une « sarkophobie » serait en train de naître en France. Elle serait liée à quatre points selon lui : tout d'abord la vulgarité, qu'elle soit intentionnelle (nettoyer la cité au Karcher, parler de Carla pour faire oublier les autres problèmes), compulsive (pianotant des sms alors qu'il est en visite avec le Pape) ou encore spontanée (le « casse-toi pauvre con » montre qu'il ne peut se contrôler). Mais aussi un égoïsme exacerbé, il a prononcé 47 fois « je veux » dans son discours sur les banlieues et ne « conçoit l'action politique qu'à travers son ego », un étalage de la vie privée, même si pour le journaliste suisse il y a une ambiguïté entre le fait que les Français critiquent l'étalage de la vie privée du président et le fait qu'ils achètent massivement les magazines en faisant état, le journaliste affirme qu'une chose et sûre, les Français sont exaspérés de le voir fasciné par les milliardaires. Enfin, il pense que l'auto-augmentation du président a du mal à passer, surtout que ça ne l'empêche pas de voler des stylos.


Le journaliste d'El Mundo est encore plus dur, pour lui, Sarkozy n'est plus une étoile montante de la politique mais plutôt l'auteur d'un « nouveau fascisme » dont la règle est « soit tu te soumets, soit je te méprise ».


El Pais aura le dernier mot en citant Le Pen : « Sarkozy tient plus de Tintin que de de Gaulle ». Notons tout de même que La Libre Belgique préfère ironiser sur la fidélité du gouvernement, avec un titre adapté : « Il faut sauver le soldat Sarkozy ». Insulter un homme au Salon de l'agriculture, une erreur ? Pas du tout : le chef de l'Etat a simplement fait preuve d'« authenticité », a défendu lundi le grand communicant de l'UMP, Thierry Saussez. « Il n'est pas dans le double langage, pas dans l'hypocrisie. Il ne triche pas. Ce n'est plus, comme les précédents, un président sur une autre planète, dans la distance avec les Français. Mais un président qui est dans la vraie vie. » Et le porte-parole de l'UMP, Yves Jégo, de renchérir : « Je préfère un président sincère à un président hypocrite. Il n'est pas malsain que le chef d'Etat soit comme nous. » « Il ne joue pas un rôle, il ne se laisse pas insulter, c'est tout », a complété le ministre Bertrand. Le journaliste montre qu'ils ont « osé » comparer ce lynchage des « charognards » à celui qui a poussé Bérégovoy à se suicider...


Cette ironie est aussi de ton dans le Financial Times, qui se moque de la façon soi-disant « moderne » de faire de la politique. Pour ce journal, la reine d'Angleterre n'aurait jamais tenu de tels propos. Il rappelle que la dernière fois que Jacques Chirac a été insulté de la sorte, il a répondu : « Ravi de vous rencontrer, mon nom est Jacques Chirac. » Il raille aussi le fait que notre président défende l'idée que sa chute dans les sondages ne soit que liée à des événements personnels. Le journaliste conclut sur cette belle formule : « During the presidential election campaign, Sarkozy hooked France. Now he has lost the fish. » [Pendant la campagne pour l'élection présidentielle, Sarkozy avait la France au bout de l'hameçon, maintenant le poisson est parti.] Pour filer la métaphore, notons que Le Soir écrit que Marine Le Pen est comme chez elle sur le marché d'Henin-Beaumont, en allant à la pêche aux « déçus de Sarko ».


Cette impopularité n'est pas la seule à faire couler beaucoup d'encre dans les journaux européens, El Pais revient beaucoup sur la publicité interdite pour l'hebdomadaire Courrier International dont un des titres était « Vu de Madrid, Sarkozy ce grand malade ». Bien que le journaliste explique que la société Replay, qui a refusé cette pub, appartient au groupe Lagardère dont le propriétaire est un ami personnel de notre président, il pense que les annonceurs ont, en fait, été effrayés par la poursuite au pénal du journaliste du Nouvel Observateur ayant révélé le célèbre sms.


Le Financial Times quant à lui consacre un article entier sur « Sarkozy's nuclear seduction ». Le journaliste montre à quel point les livres sur Carla Bruni se vendent bien. Il explique comment « Speedy Sarko » a réussi à conquérir Carla Bruni et conclut que malheureusement le mariage n'a pas réussi à impressionner l'électorat français. Les journaux espagnols quant à eux affirment que Carla Bruni-Sarkozy a éclipsé le président lors de la visite officielle en Afrique du Sud.


L'un des autres thèmes très présents, surtout dans la presse suisse et allemande, c'est le divorce entre Sarkozy et Angela Merkel. La Tribune de Genève titre « Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, un couple au bord de la crise de nerfs » et revient sur l'annulation à la dernière minute de la réunion entre Christine Lagarde, la ministre de l'Economie, et Peter Steinbrück, son homologue d'outre-Rhin, alors que quelques jours auparavant le président Nicolas Sarkozy et la chancelière Angela Merkel invoquaient un « calendrier chargé » pour annoncer le report au 9 juin d'un sommet prévu le 3 mars en Bavière. Pour ce journal « l'explication a tout du subterfuge » car c'est en fait « l'exaspération qu'a provoquée en Allemagne le projet français d'Union méditerranéenne » qui a entraîné ce froid entre les deux nations.


Selon le quotidien Die Welt, Merkel aurait refusé de cosigner sur ce thème une contribution que Sarkozy souhaitait voir publiée dans deux journaux de part et d'autre de la frontière. De manière plus générale, Berlin dénonce à la fois un comportement arrogant et une initiative douteuse. Le FAZ pense que le président joue avant tout son égoïsme et qu'il a oublié sa phrase de campagne, « pour la France l'amitié germano-française est sacrée ». Il ajoute que ce ne sont pas les bises de Sarkozy à Merkel qui remplacent la cordialité. Titrant « Zwischen Pathos und Pragmatismus » [Entre pragmatisme et pathétique] le SZ affirme que Sarkozy ne pense pas à l'Allemagne en se rasant, probablement parce qu'il a bien d'autres soucis.


Enfin Sarkozy est raillé à cause de son immersion dans l'économie française, notamment dans sa volonté de voir Daniel Bouton démissionner de la Société Générale, volonté reniée à deux reprises par les actionnaires de la banque. Le FAZ se dit ébahi de voir la secrétaire nationale aux Droits de l'homme approuver l'utilisation du Malodore pour chasser les SDF de sa ville de Colombes.

Agoravox



03/03/2008
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