L'événement politique régional de la rentrée est un non événement : le président de région Martin Malvy ne sera pas le candidat de la gauche à la mairie de Toulouse. Sollicité de toutes parts depuis un an pour mener la bataille du Capitole, désigné par tous y compris par l'adversaire comme le mieux placé pour rendre aux socialistes un bastion perdu en 1971, Martin Malvy a renoncé. Après un débat entre… lui-même et lui-même comme il l'expliquait dans La Dépêche vendredi 21 septembre.
Depuis un an que nous l'interrogions sur le sujet, nous avions perçu cette issue que ses amis socialistes ont tenté d'éviter jusqu'au bout. Enfin presque tous sinon le PS ne serait pas le PS. Pierre Izard, le président du conseil général de Haute-Garonne, par exemple, a d'emblée pointé l'âge avancé de Martin Malvy avant de piloter quelques contre-candidatures et de montrer quelques signes d'agacement à l'égard de son voisin.
Ce n'est pourtant pas l'âge (71 ans), ni des sondage masqués (Ils lui sont favorables quel que soit l'adversaire de droite), encore moins les bisbilles internes du PS qui ont découragé Martin Malvy.Il a tout simplement préféré la région à la ville de Toulouse. Les temps ont changé: le mandat de président de région est devenu dans la réalité autrement plus exaltant que celui de maire de grande ville pourtant plus prestigieux dans la culture politique française.
Les citoyens méconnaissent sans doute le quotidien de ces deux élus .
Suivons les sur le terrain dans l'exercice quotidien de leur mandat. Précisons d'abord que maire de Toulouse ou président de Midi-Pyrénées requiert un temps plein (week-end compris) malgré l'équipe d'élus, les staffs de conseillers, l'armada de fonctionnaires de tout rang qui constituent leur cabinet et leur administration.
Le maire de Toulouse et le président de région manipulent les mêmes budgets proches du milliard d'euros. La différence, c'est que le budget de la région est à plus de 70% orienté par de vrais choix politiques quand celui de la ville doit être consacré à 80% à des dépenses d'adminsitration ,entretien et de social incontournables .
Présider une région, c'est organiser des réunions entre décideurs et citoyens, promouvoir un territoire dans tout le pays et tout le continent. Maire de Toulouse, c'est une tournée permanente d'assemblées générales d'associations, de repas de clubs de troisième âge, de réunions dans les quartiers face à des citoyens qui évoquent de micro-problèmes de quotidien.Le maire doit répondre immédiatement, prendre en permanence de micro-décisions.
Le président de région participe voire déclenche toutes les grandes décisions, planifie sur plusieurs années des travaux routiers, ferroviaires, scolaires, noue des coopérations dans l'Europe entière voire au delà. C'est davantage un inspirateur qu'un gestionnaire, un VRP qu'une assistante sociale.
Exemple: Martin Malvy depuis 1998 a décidé de privilégier le transport ferroviaire triplant le nombre de dessertes et lançant un chantier sans équivalent de rénovation des voies. Rien ne l'obligeait à foncer sur ce terrain.
Il a décidé de financer les équipements des lycéens du technique alors que chez le voisin languedocien, la région dote tous les jeunes d'ordinateurs portable.
Quand le président de région se déplace, c'est pour débattre ou décider de grands projets aux côtés des élus du département ou des villes. Le maire va répondre aux inquiétudes sur des travaux qui se prolongent, le courrier qui n'arrive pas, le sens de circulation qui change
Le citoyen n'hésite pas à frapper à sa porte, le président d'association veut le voir en personne pour obtenir une subvention pour une fête locale, la tombola d'un club sportif. Le président de région n'est pas soumis à cette pression, ce qui lui permet de dégager du temps et de l'énergie pour des projets de plus grande ampleur sur tout le territoire.
Bien sûr, le mandat de maire d'une grande ville, compte tenu de l'importance des budgets, permet aussi de faire de vrais choix. Mais que reste-t-il après avoir financé les écoles, les crèches,l 'état civil, les travaux réglementaires de réseaux et de voirie,les prestations sociales, les centres de loisirs, les théâtres, les bibliothèques? A ces dépenses s'ajoutent la manne logiquement attribuée en subventions aux clubs, fondations, associations qui tissent des liens sociaux dans la ville.
Pour résumer, on dira que le maire est le gestionnaire des petits soucis du quotidien quand le président de région dessine les grandes ambitions d' un vaste territoire. Et ce malgré s'il ne dispose pas des moyens et de la latitude d'actions de ses voisins allemands et espagnols. Les deux mandats sont tout aussi nobles, tout aussi destinés à servir le citoyen. On peut comprendre ainsi que renoncer à présider une région n'est pas une décisions facile.