458-Lièvremont-N'tamak après Laporte
Lièvremont succède à Laporte
24/10/2007 - 18:04 <Bernard Lapasset, le toujours président de la fédération française (FFR), a officialisé mercredi, depuis Tarbes, ce qui ne faisait plus aucun doute. Marc Lièvremont, assisté d'Emile Ntamack et Didier Retière, succède à Bernard Laporte à la tête du XV de France, éliminé en demi-finale de la Coupe du monde. Un trio inexpérimenté qui aura pour délicate mission de repenser le jeu des Bleus et pourra s'appuyer pour cela sur un projet de fond destiné à uniformiser toute la filière des équipes de France.
On attendait Saint-André, Galthié, Novès voire même Lagisquet, autant de techniciens réputés, aux riches palmarès et dont l'expérience constituait d'évidence un atout à l'heure de la décision finale. Le choix effectué par Bernard Lapasset, futur président de l'IRB, assisté dans sa réflexion par Jean Dunyach, le manager administratif des Bleus, et surtout par Jean-Claude Skrela, le Directeur technique nationale (DTN), n'en marque qu'un peu plus la rupture après huit années de règne d'un Laporte ultra-médiatique et incontournable dont l'image n'aura cessé d'écraser l'équipe de France. Et même si le secrétaire d'Etat aux Sports validait ce week-end les noms de ceux qui n'étaient encore que deux postulants en déclarant: "Quand on entraîne l'équipe de France des moins de 21 ans (champions du monde en 2006) comme le fait Emile Ntamack, on peut entraîner le XV de France. Les retours que j'ai au sujet de Marc Lièvremont, qui réussit de belles choses à Dax, sont très bons, on dit de lui qu'il est compétent, passionné.", on ne peut s'empêcher de voir à travers la nomination de Lièvremont et de Ntamack une défiance à l'égard de Laporte qui incarnait à n'en pas douter une toute autre famille du rugby français et surtout d'autres méthodes...
La DTN prend la main
Loin du discours convenu qui s'entêtait à décrire, malgré les apparences, un sélectionneur travaillant main dans la main avec Jean-Claude Skrela, la collaboration entre Bernard Laporte et la DTN aura été réduite à sa plus simple expression. L'arrivée à la tête des Bleus de Marc Lièvremont et d'Emile Ntamack marque de manière indéniable la prise d'influence de la DTN, les deux techniciens ayant fait leurs premières armes dans le giron de celle-ci, Lièvremont ayant en charge l'équipe de France des moins de 21 ans de 2003 à 2005 avant que Ntamack, s'appuyant sur le travail de son prédécesseur, ne prenne le relais en compagnie de Didier Retière avec la réussite que l'on sait et le titre de champion du monde de la catégorie en 2006. Un titre qui consacre la génération emmenée par Lionel Beauxis et Loïc Jacquet, appelée à fournir les nouveaux visages du XV de France...
Lièvremont (39 ans, 25 sélections entre 1995 et 2000) et Ntamack (37 ans, 46 sélections entre 1994 et 2000) partagent plus que leur courte expérience à la tête des jeunes pousses tricolores puisqu'ils ont tous deux porté le maillot bleu et furent coéquipiers sous les ordres de... Jean-Claude Skrela et de Pierre Villepreux lors de la Coupe du monde 1999 dont les Français furent finalistes. Mais c'est bien sûr leur inexpérience qui saute aux yeux. Si Ntamack a lui su mener ses petits Bleus sur le toit du monde lors de la Coupe du monde des moins de 21 ans en France, "Milou", qui occupait jusqu'à aujourd'hui les fonctions d'entraîneur des espoirs au Stade Toulousain, n'a à ce jour jamais entraîné au niveau professionnel. Quant à Lièvremont, s'il a déjà entraîné en Pro D2 sur le banc de Dax, son vécu se résume à deux saisons, il est vrai conclues par deux finales d'accession, la première perdue et la seconde gagnée, le club des Landes effectuant cette saison son retour dans l'élite.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que les deux hommes, qui auraient insisté pour que Didier Retière, complice de Ntamack auprès des moins de 21 ans sacrés champions du monde et ancien entraîneur de France A, les accompagne dans l'aventure, arrivent plein de fraîcheur. Ce qui dans le contexte actuel n'est sans doute pas la moindre de leurs qualités. Et l'exemple d'un Pierre Berbizier, nommé à la tête des Bleus en 1992 sans la moindre expérience, montre qu'un tel raccourci dans la carrière n'a rien de rédhibitoire.
Sella manager des moins de 20 ans

Une intention louable, nécessitant une collaboration pleine et entière entre l'équipe de France et les clubs telle qu'elle peut se pratiquer en Angleterre et comme nous l'a décrivait Olivier Magne: "Quand un entraîneur vient chaque semaine dans les clubs voir les joueurs internationaux ou les plus jeunes, susceptibles d'intégrer la sélection, voir où ils en sont et les faire progresser, c'est forcément rassurant." Mais un plan qui pourrait souffrir d'un durcissement de la position de la Ligue ulcérée d'avoir été écartée du débat autour du choix du sélectionneur. On peut comprendre le mécontentement, pour ne pas dire plus, de Serge Blanco, président de la LNR mis devant le fait accompli par Lapasset qui réclamerait aux clubs de nouveaux efforts. La tâche de Lièvremont et de ses adjoints, qui débutera en février prochain par le Tournoi des Six Nations 2007, s'annonce immense et il n'est pas certain que toutes les bonnes volontés se mettent à leur service...