4178 -Tous responsables et tous coupables

Tous responsables et tous coupables

 

 

 


Le brouillard a beau être de saison, nous avons depuis hier
passé le cap de la navigation à vue entre Matignon et l’Élysée.
Tous les records sont battus, et nous vivons encore un moment
sans précédent de notre Histoire, après l’implosion du
gouvernement le plus furtif de la VeRépublique, laquelle est sur le
point de ridiculiser la si souvent moquée IVe. Dans ce que Sébastien
Lecornu, très digne (lui) Premier ministre aussi démissionnaire
qu’éphémère, n’a cessé d’appeler jusqu’au bout « le moment le plus
parlementaire » de notre République, personne ne semble avoir entendu
l’évidence depuis quinze mois et la dissolution : la France est ingouvernable
si ses principaux partis n’acceptent pas de travailler ensemble
à une coalition, un compromis,par-delà les clivages de plus en
plus marqués.


Ainsi, quand Marine Tondelier fait reposer sur les seules
épaules d’Emmanuel Macron « le dégoût des Français pour la
politique », la cheffe de file écologiste se trompe. À force
d’avoir comme seul curseur 2027 et le défi élyséen des uns ou des
autres, chaque parti politique doit prendre sa part. Tous ses responsables
sont coupables. Et il est tous les jours plus difficile de les défendre
dans un moment, à moins de six mois des municipales, où notre
démocratie a plus que jamais besoin de se ressouder autour de ses
élus. Alors, bien sûr, dans ce maelstrom, le président de la République
a tout du coupable numéro 1, ou du patient 0, lui qui semble de plus en
plus seul dans son monde depuis 2020 et le Covid… Si obtus qu’il en
vient à illustrer jusqu’à l’absurde la définition de la folie selon Einstein :
« faire toujours la même chose et s’attendre à un résultat différent ».
Donner quarante-huit heures de plus à Lecornu pour aboutir à un
accord qu’il n’a su réaliser en vingt-six jours doit être un symptôme.
Àce stade, il serait bon d’essayer quelque chose de vraiment différent.
Ce qui n’inclut normalement pas de nommer un nouveau Premier
ministre issu du socle commun, ni de dissoudre l’Assemblée une
deuxième fois – avec comme plus forte probabilité le risque de voir un
Parlement toujours aussi divisé conforter le chaos, puisque le chaos est
déjà là. La solution n’est évidemment pas dans ces lignes, mais autant
rappeler une évidence : la « cohabitation » avec la gauche, arrivée en
tête des dernières législatives, n’a pas encore été tentée. Et puisque
nous en sommes toujours à une Assemblée sans majorité, un pays sans
gouvernement et un État sans budget, au bout de la séquence parfaitement
inutile qui se termine, il est temps que les coupables redeviennent
responsables. À commencer par le premier d’entre eux.

 

                             éditorial SUD OUEST Pierre DORIAN



07/10/2025
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