Le Premier ministre peut donc continuer à dérouler sa stratégie, en s’appliquant à faire exactement l’inverse de son prédécesseur à Matignon. Là où toutes les conversations confidentielles de François Bayrou fuitaient instantanément hors de son bureau, le secret des échanges imposé par Sébastien Lecornu semble résister. Et là où l’ancien chef du gouvernement avait misé sur l’effet blast d’une annonce en bloc de l’ensemble des mesures budgétaires et fiscales, en juillet dernier, son successeur préfère la stratégie des petits pas.

De ce point de vue, l’annonce d’une possible défiscalisation des heures supplémentaires ou du retour de la « prime Macron » sont une aubaine pour la droite : toute mesure de pouvoir d’achat qui passe par une réduction des charges et de la fiscalité est bonne à prendre. Mais attention, si cela devenait un prétexte pour donner à la gauche un signal symétrique (taxation des hauts revenus, fiscalisation des patrimoines et gel de la réforme des retraites), ce serait une très mauvaise nouvelle. De même que devient inquiétant le manque de précision sur une baisse de la dépense publique, qui devrait pourtant être au cœur de la proposition politique de la minorité de gouvernement. C’est le défaut des budgets de survie comme les connaît la France depuis la dissolution : ils ne sont pas destinés à construire l’avenir mais à donner au gouvernement quelques chances de durer jusqu’aux prochaines échéances électorales.