4166 - Médecins agressés : inacceptable
Médecins agressés : inacceptable
Le nouveau rapport de l’Observatoire annuel de la sécurité des médecins, qui vient d’être publié, est particulièrement préoccupant. Avec 1 992 incidents signalés par les praticiens l’an passé, les actes de violence envers les médecins affichent une hausse de 26 % par rapport à 2023. En trois ans, le nombre d’agressions recensées a presque doublé ! Le Conseil de l’ordre des médecins estime désormais qu’il ne s’agit plus d’événements isolés mais bien d’un « problème structurel qui fragilise l’ensemble de la profession médicale » et qui, par ailleurs, concerne toutes les spécialités.
Si les médecins généralistes, les plus au contact de la diversité de la population, sont les plus ciblés, de nouvelles disciplines sont désormais pareillement exposées, comme l’endocrinologie, la rhumatologie, la gériatrie, la cancérologie ou la médecine physique et de réadaptation. Insultes, menaces, violences verbales et parfois physiques… autant d’agressions insupportables qui touchent les cabinets des grands centres urbains comme ceux des milieux ruraux. Et les chiffres, qui font froid dans le dos, sont certainement sous-estimés. Par empathie ou par résignation, nombre de médecins victimes renoncent à porter plainte…
Comment en est-on arrivé là ? Comment, après avoir applaudi les soignants pendant les confinements de la pandémie de Covid-19, certains peuvent s’en prendre aux personnels soignants ? L’exaspération de patients face aux dysfonctionnements d’un système de santé perfectible, fragile et sous-financé – que subissent aussi les soignants –, la colère face à des délais d’attente interminables pour certains rendez-vous, l’incompréhension face à un diagnostic ou un refus de délivrance d’un traitement ou d’un arrêt de travail : rien de tout cela ne saurait justifier des actes d’agressions envers les médecins.
Face à cette violence, les pouvoirs publics ne sont pas restés les bras ballants et, depuis 20 ans, des initiatives ont été prises. Dès 2002, le Conseil national de l’Ordre des médecins a créé l’Observatoire de la sécurité ; en 2011 un protocole
interministériel Santé-Sécurité-Justice-Ordres a renforcé ce dispositif partenarial. Et en 2023, le docteur Jean-Christophe Masseron, président de SOS Médecins France et Nathalie Nion, cadre supérieure de santé à l’AP-HP, ont remis un rapport complet sur le sujet. Parmi ses 42 mesures, la création d’un délit unique d’outrage pour couvrir tous les professionnels de santé ou encore des dispositifs d’alerte notamment pour les professionnels libéraux les plus exposés. Sensibiliser le public et former les soignants, prévenir les violences et sécuriser l’exercice des professionnels et déclarer les agressions et accompagner les victimes figuraient comme axes forts.
Le rapport a enfin débouché cet été sur une loi qui a traduit ces orientations dans le Code pénal et qui a élargi la protection à tous les personnels exerçant dans les lieux de soins, des hôpitaux aux Ehpad en passant par les pharmacies ou les laboratoires. Une loi qui, on l’espère, portera ses fruits pour que les médecins et les professionnels puissent exercer en toute sécurité.