4165- REVUE DE PRESSE DU BLOG
Justice sociale, une exigence à entendre
Premier ministre depuis trois semaines, Sébastien Lecornu
connaîtra aujourd’hui sa troisième journée de mobilisation,
la seconde pilotée par les syndicats après celle du 18 septembre.
Si les manifestations se suivent, les mots d’ordre restent
inchangés : plus de justice sociale, et un projet de budget revu et
corrigé, loin des 44 milliards d’euros d’économies que proposait François
Bayrou. Or, comme pour la dernière journée de manifestation, ce
mouvement battra le pavé sans connaître toutes les intentions du Premier
ministre. Depuis son entrée à Matignon, Sébastien Lecornu a
certes multiplié les rencontres avec les partenaires sociaux et les forces
politiques. Mais l’ancien ministre des Armées s’est surtout astreint à
une parole calibrée à sa plus simple expression, préférant aux coups
de semonce et à un pilonnage médiatique en règle quelques
frappes chirurgicales. Lesquelles ont notamment envoyé
par le fond la suppression de deux jours fériés, l’un des urticants
majeurs concoctés par François Bayrou.
C’est un fait : Sébastien Lecornu s’est bien gardé de dévoiler son
jeu, se contentant de propos volontairement flous. À l’entendre, des
impôts « augmenteront », d’autres « diminueront. » Du grand art. Les
militaires apprécieront son apprentissage du brouillard de la guerre…
Néanmoins, il a quand même abattu une carte. Et non des moindres.
Comme il l’a rappelé dans les colonnes de « Sud Ouest », jamais dans
la VeRépublique les députés n’ont eu « autant de pouvoir ». Traduction :
le prochain budget sera d’abord le fruit de leurs débats. En clair, si le
Premier ministre est opposé à la taxe Zucman, sa copie sera amendable,
charge aux oppositions de trouver des majorités pour faire
passer leurs mesures. La séquence à venir relancera-t-elle – enfin –
le parlementarisme ? C’est à souhaiter.
Mais au-delà de cette partie d’échecs annoncée, le mot d’ordre des
syndicats ne pourra rester lettre morte. Après huit ans de macronisme,
cette exigence de justice sociale devra être entendue. Par le gouvernement
mais aussi par les parlementaires. Députés et sénateurs ne pourront
pas éternellement s’abriter derrière les postures en pariant que
l’instabilité politique finira par servir leurs intérêts en vue de 2027.
Au passage, ces trois derniers mois, le déficit public s’est encore creusé
de 71 milliards, nous installant un peu plus dans le monde absurde des
Shadoks. La classe politique serait bien inspirée de se le rappeler :
les intérêts particuliers ne font pas l’intérêt général.
Éditorial SUD OUEST Jefferson Desport
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