ÉDITO. Plan de paix pour Gaza : on aimerait tant l’espérer

Jean Claude Soulery.

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Jean-Claude Souléry la DDM

Donald Trump en faiseur de paix ? Autant dire qu’il y croit et qu’il se rêve en Prix Nobel de la Paix. Ce serait même faire "insulte à l’Amérique", dit-il, s’il n’obtenait pas une telle consécration. Il n’est pourtant pas certain que le plan qu’il vient de proposer pour mettre un terme au calvaire des habitants de Gaza soit de nature à couronner l’orgueilleux Président américain. Tout simplement parce que ce plan est suffisamment flou, comme s’il lui fallait ménager à la fois pacifistes et bellicistes ; et parce que, s’il a obtenu à l’arraché l’accord du Premier ministre israélien, on attend toujours celui du Hamas qui devra accepter sa totale reddition – une condition difficilement négociable s’agissant d’un groupe terroriste.

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En attendant, loin d’afficher son impartialité, Donald Trump n’a pas caché son soutien indéfectible à Israël et à son gouvernement qui, lui, compte en son sein des ministres d’extrème-droite favorables à la poursuite du carnage sur Gaza et à l’annexion à marche forcée de la Cisjordanie. En outre, si le Hamas ne répondait pas rapidement et favorablement à l’offre de paix, le Président américain soutiendrait alors le recours à la force, l’invasion de Gaza par l’armée israélienne et l’éradication des factions terroristes – et cette menace qui accompagne son plan de paix ressemble en quelque sorte à un feu vert pour la poursuite de la guerre.

 

 

Autant de contradictions qui incitent à la prudence et on peut comprendre que les Palestiniens, eux, qui n’ont pas été consultés sur leur avenir, craignent surtout d’être les principales victimes d’un marché de dupes.

Et pourtant, des voix s’élèvent çà et là, en Occident et dans quelques pays arabes, pour se féliciter du plan Trump. On peut en effet retenir, dans les vingt points énoncés par l’Américain, quelques mots encourageants qui feraient l’unanimité : cessez-le-feu, libération des otages, retrait de l’armée israélienne, retour des habitants qui avaient fui Gaza, aide humanitaire massive, encouragement à la reconstruction et au développement, participation de l’ONU, arrêt de la colonisation israélienne en Cisjordanie – jusqu’aux mots qui paraissent encore inaudibles sur le terrain : la paix, et enfin l’Etat de Palestine.

 

Pourrait-on dire que Donald Trump est tout de même allé vite en besogne ? Les pacifistes sont rares de part et d’autre, même s’il en est qui courageusement manifestent leur refus de la guerre. Mais l’agression terroriste du 7 octobre 2023 et la guerre à outrance qui s’est aussitôt déclenchée ont laissé des traces de sang ineffaçables parmi les populations israéliennes et palestiniennes. "On se protège du terrorisme", disent les premières. "On est victimes d’un génocide", répondent les secondes. Comment pourrait-il en être différemment ?

Un plan, élaboré en Amérique par un Président ambitieux, est-il de taille à faire pénétrer au fond des cœurs israéliens et palestiniens ce qu’il appelle "la paix éternelle" ? On aimerait tant l’espérer, mais peut-on spontanément le croire ?