4159-Gaza : Trump et Netanyahou s'entendent sur un plan de paix

 

Gaza : Trump et Netanyahou s'entendent sur un plan de paix

Le président des Etats-Unis a obtenu de son allié israélien un arrêt complet des hostilités et la création d'un gouvernement provisoire sous tutelle internationale dans la bande de Gaza. Le Hamas doit encore approuver le plan de paix.

 
Donald Trump a proposé un plan de paix pour Gaza au leader israélien Benyamin Netanyahou ce lundi.
Donald Trump a proposé un plan de paix pour Gaza au leader israélien Benyamin Netanyahou ce lundi. (WIN MCNAMEE/Getty Images Via AFP)

Par Solveig Godeluck LES ECHOS

Publié le 29 sept. 2025 à 20:58Mis à jour le 30 sept. 2025 à 06:46

« Un jour historique », « un nouveau chapitre pour la paix et la sécurité dans toute la région ». Donald Trump a annoncé lundi après-midi être arrivé « au minimum très, très près », « au-delà de très proche » d'un accord de paix à Gaza, à l'issue d'une longue discussion avec le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou à la Maison-Blanche.

Le volontarisme de l'hôte de la Maison-Blanche est venu à bout de la réticence de son allié. Benyamin Netanyahou a accepté son plan de paix en vingt points, qui permet d' « atteindre tous nos objectifs de guerre sans aucun sang versé supplémentaire », avec un Hamas désarmé, Gaza démilitarisée, une administration civile pacifique sur le territoire.

Le plan a été transmis au Hamas, qui doit encore l'accepter. S'il le rejette, « Israël aura mon plein soutien pour finir le boulot et détruire la menace du Hamas », a indiqué Donald Trump. « Ça sera fait en douceur ou à la manière forte, mais ça devra être fait », a ajouté Benyamin Netanyahou.

Le Premier ministre a néanmoins exprimé ses doutes sur la capacité de l'Autorité palestinienne à s'amender de manière radicale et authentique, en nettoyant les manuels scolaires « empoisonnés », en reconnaissant l'Etat juif, en modérant la haine dans les médias « et de nombreuses autres réformes ».

 

L'Europe exhorte toutes les parties à « saisir ce moment. »

Depuis la France, Emmanuel Macron a salué « l'engagement » de Donald Trump « pour mettre fin à la guerre » et faire libérer les otages. Et a appelé le Hamas à les « libérer immédiatement. » Ailleurs en Europe, le président du Conseil européen, mais aussi des pays comme l'Italie, l'Espagne ou l'Allemagne, ont exhorté toutes les parties à « saisir ce moment. » Tandis que Londres a dit soutenir « fermement » les efforts pour mettre fin au conflit.

De leur côté, les ministres des Affaires étrangères du Qatar, de Jordanie, des Emirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie, d'Arabie saoudite et d'Egypte, ont aussi salué dans un communiqué « les efforts sincères du président Trump pour mettre fin à la guerre à Gaza ». Tandis que le Jihad islamique a affirmé le plan du président américain n'est qu'une « recette pour une agression » contre les Palestiniens, et « représente la position de l'ensemble de l'establishment israélien. »

Une administration technocratique, apolitique et palestinienne

 

Avant même que Donald Trump ne prenne la parole, son service de presse a diffusé le plan de paix préparé par Steve Witkoff, l'envoyé spécial de Donald Trump au Moyen-Orient, avec Jared Kushner, le gendre du président, un homme d'affaires proche des dirigeants saoudiens et émiratis, et l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair.

Selon le plan américain, la paix sera immédiate dès la signature. Les armes se tairont sans délai, et les forces israéliennes se retireront sur la ligne fixée par les signataires. Les otages du Hamas devront être relâchés sous 72 heures. Une vingtaine serait encore en vie. Quand ils seront de retour, Israël relâchera 250 prisonniers à vie et 1.700 habitants de Gaza détenus après le massacre du 7 octobre 2023.

Le Hamas devra rendre les armes et ses membres seront autorisés à quitter Gaza pour s'établir ailleurs. La bande sera démilitarisée et le Hamas « et les autres factions » n'auront aucun rôle dans la gouvernance locale.

L'aide humanitaire à Gaza reprendra immédiatement, au minimum au niveau de l'accord de cessez-le-feu de janvier, via les agences de l'ONU et la Croix-Rouge.

Gaza sera gouvernée de façon provisoire par une administration technocratique, apolitique et palestinienne, sous la supervision d'un nouvel organisme international présidé par Donald Trump et incluant l'ex-Premier ministre britannique Tony Blair.

Une zone économique spéciale

Un « plan de développement économique Trump » sera mis sur pied pour « reconstruire et énergiser Gaza », avec la création d'une zone économique spéciale bénéficiant de droits de douane préférentiels. Donald Trump avait parlé en février de créer une « Riviera » à Gaza sous occupation américaine, ce qui supposait de faire partir les habitants pour construire des hôtels de luxe. Mais le plan précise que les Palestiniens seront libres de rester, de partir puis de revenir.

Les partenaires régionaux devront garantir que les milices comme le Hamas respectent leurs obligations. Les pays arabes travailleront avec les Etats-Unis au déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS) à Gaza, notamment avec la Jordanie et l'Egypte, en formant des policiers palestiniens.

Israël devra se retirer progressivement de la bande de Gaza et renoncer à annexer ce territoire, ainsi que la Cisjordanie. Les forces de défense israéliennes passeraient graduellement le relais à la FIS, avec toutefois « un périmètre de sécurité », « jusqu'à ce que Gaza soit adéquatement protégée d'une résurgence de la menace terroriste ».

 

L'objectif de la paix au Moyen-Orient

Donald Trump s'est fait fort d'orchestrer la paix au Moyen-Orient. Celui qui se vante d'avoir arrêté sept guerres depuis son retour au pouvoir avait débuté son second mandat avec un cessez-le-feu à Gaza - qui n'a tenu que jusqu'au 18 mars. Lors de son premier mandat, il avait été l'artisan des accords de paix d'Abraham : les Emirats arabes unis, Bahreïn puis le Soudan et le Maroc ont signé la paix avec Israël. Washington veut à présent convaincre l'Arabie saoudite. Ce serait à porter au crédit de Donald Trump, qui brigue le prix Nobel de la paix.

Le leader israélien est arrivé aux Etats-Unis la semaine dernière. Il a juré jeudi à la 80e session annuelle de l'assemblée générale des Nations Unies de « finir le boulot » avec le Hamas. L'enceinte lui a réservé un accueil sans chaleur, voire hostile, au moment où les habitants de Gaza encerclée meurent affamés, et alors que 66.000 Palestiniens auraient été tués en deux ans.

Sur la scène internationale, Benyamin Netanyahou est de plus en plus isolé. Avant son discours, une dizaine de pays supplémentaires dont la France ont reconnu l'Etat de Palestine, au grand dam de Tel-Aviv. L'avion de Benyamin Netanyahou vers les Etats-Unis a dû contourner l'Europe, pour ne pas risquer d'être arrêté à cause du lancement d'un mandat d'arrêt par la Cour internationale de Justice pour suspicion de crimes de guerre.

Politique du fait accompli de Netanyahou

Les bonnes relations entre les deux leaders ont été mises à l'épreuve par la politique du fait accompli de Benyamin Netanyahou. En septembre, Tel-Aviv a frappé un repaire du Hamas au Qatar, alors que ce pays est un allié de Washington et un partenaire des négociations de paix. Les Américains n'ont été prévenus qu'au dernier moment.

Lundi, lors d'une conférence téléphonique avec Donald Trump, l'Israélien a présenté ses excuses au Premier ministre qatari pour avoir violé la souveraineté territoriale de ce pays. Les deux dirigeants moyen-orientaux ont accepté de mettre en place un mécanisme trilatéral de coordination pour éviter que les conflits s'enveniment.

 

Solveig Godeluck (Bureau de New York)

 

 



30/09/2025
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