Personne, sur la scène politique, ne devrait se croire dispensé d’un minimum d’humilité face au marasme ambiant. On ne reprochera donc pas au Premier ministre d’essayer d’en faire montre, en se faisant discret, en prenant acte de la difficulté de sa tâche ou en affirmant son souhait de mettre « le “quoi” avant le “qui” ».

Mais attention à ne pas trop en faire. Se décrire, devant des responsables syndicaux qui ont déjà le couteau entre les dents, comme le Premier ministre « le plus faible de la Ve République » n’est sans doute pas le meilleur moyen d’entamer une négociation. Persister dans les colonnes du Parisien, en ajoutant que « le gouvernement est sous le contrôle et même la tutelle du Parlement », c’est tendre le bulletin de vote pour se faire censurer !

L’humilité peut susciter l’estime. Mais si elle sonne faux ou se transforme en aveu de faiblesse, alors les adversaires du Premier ministre n’auront aucun scrupule à en profiter, et ce sera la curée.

L’humilité n’est pas non plus l’absence de volonté. Or, la question demeure depuis sa nomination : que veut faire Sébastien Lecornu, et avec qui ? Puisqu’il s’est engagé à nommer son gouvernement avant la reprise des travaux parlementaires, le 1^er octobre, la réponse ne tardera plus. Il est temps, car l’humilité s’accommode mal de l’ambiguïté.