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EDITO. Grève du 18 septembre : Lecornu capitaine abandonné
Le monde du travail est en colère et il entend en faire la démonstration, ce 18 septembre, lors de la grande mobilisation intersyndicale contre le plan d’austérité annoncé par François Bayrou au début de l’été. Ignorés par Emmanuel Macron et déconsidérés par les Premiers ministres successifs, les syndicats n’étaient plus descendus dans la rue depuis le printemps 2023, lors du mouvement contre la réforme des retraites. Les cortèges avaient rassemblé entre un et trois millions de manifestants, du jamais vu depuis les grandes grèves de 1968 et 1995.
Fait inédit, leur cible n’est plus au pouvoir : François Bayrou, qui s’est sabordé comme le chef des pirates dans « Astérix », a quitté le navire et laissé la barre à un nouveau capitaine. À peine nommé et encore sans gouvernement, Sébastien Lecornu devra donc affronter seul la tempête syndicale. L’ancien ministre de la Défense, réputé pour son habileté à résoudre les dossiers sensibles (Gilets jaunes, fermeture de Fessenheim, abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes), a plutôt bien commencé à manœuvrer. Il a reçu les partenaires sociaux, avant de désamorcer une première bombe sociale : l’abandon du projet de suppression de deux jours fériés, qui avait cristallisé la colère populaire.
Mais le nouveau locataire de Matignon, macroniste de la première heure, est aussi comptable de l’action de son prédécesseur que de l’impéritie politique de son mentor élyséen. Et c’est donc seul qu’il devra faire face aux trois crises – sociale, économique et politique – qui ont au final motivé les Français à descendre dans la rue, d’abord le 10 septembre avec « Bloquons tout », récupéré par l’extrême gauche, puis ce 18 septembre. Autant dire qu’il ne pourra opposer qu’une écoute attentive, au mieux des bonnes intentions, aux revendications de la rue.
La justice sociale sera sans doute sur tous les calicots alors que le précédent plan d’économies reposait essentiellement sur l’effort des travailleurs. Le message semble avoir été entendu par Sébastien Lecornu qui a déjà annoncé la suppression des avantages accordés aux anciens Premiers ministres, essentiellement la fin de la voiture avec chauffeur. Ce privilège, certes modeste à l’échelle du budget national (quatre millions d’euros par an), envoie néanmoins un premier signal fort.
Rétablissement de l’impôt sur la fortune (ISF), taxe Zucman… Lecornu devra briser le tabou macroniste de la taxation des plus aisés afin de calmer une gauche aiguillonnée par La France insoumise, et dont certains semblent reprendre à leur compte cette maxime de Jules Renard : « Il ne suffit pas d’être heureux ; il faut encore que les autres ne le soient pas »