18 septembre, le retour des syndicats

Les syndicats ont promis un « jeudi noir ». Ils seront à peu
près tous dans la rue. CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa,
FSU, Solidaires : huit organisations défileront ensemble
pour peser sur les orientations budgétaires. Un front uni
comme on n’en avait pas vu en France depuis juin 2023, et les derniers
soupirs de la mobilisation contre la réforme des retraites.

En maintenant leur appel, malgré la chute du gouvernement Bayrou,
les fédérations syndicales entendent reprendre la main sur le front
social, se faire les relais du sentiment d’injustice qui cristallise autour
de la fiscalité. Il y a une semaine, le feu de paille « Bloquons tout », né
sur les réseaux sociaux, pur produit de la défiance à l’égard des
cadres traditionnels, a montré que la colère ne suffit pas à structurer
un mouvement social. Après l’éruption du 10 septembre, ce 18 septembre
devrait marquer un retour à une forme plus rituelle
de protestation, et plus massive.Manifestations, grèves… Une
probable démonstration de force, sous l’impulsion de syndicats
aussi puissants que fragiles. Bousculés par une myriade
de nouveaux mouvements sociaux, ils ne représentent plus que
10 % de la population active, contre 30 % dans les années 1950, et 20 %
dans les années 1970. Ce taux est particulièrement faible dans le
privé. Leur dernière grande victoire remonte à 1995 et au recul
d’Alain Juppé, alors Premier ministre, sur les retraites.

Essentiels mais déclinants, les syndicats conservent une force de
frappe réelle. Surtout quand ils sont unis. Ils savent organiser une
mobilisation à grande échelle, et l’inscrire dans la durée. Il est probable
qu’en cas de succès, ils appellent à une nouvelle journée d’action.
Mais pour quels résultats à terme ? Pour quelle perspective de
sortie de crise, alors que le pays est bloqué, politiquement, démocratiquement,
socialement ? Le macronisme a trop longtemps négligé,
ignoré même, les corps intermédiaires. Une occasion a tout de même
été offerte aux organisations professionnelles de remanier, au printemps
dernier, un texte décisif, celui de la réforme des retraites.

Rejet d’emblée de la CGT et de FO, inflexibilité du Medef… Le conclave
a tourné au rendez-vous manqué. À l’exception notable de la CFDT,
les acteurs du dialogue social n’ont pas montré leur capacité à se
détacher de leurs positions de départ pour délibérer en vue d’un
compromis. Au fond, ils se sont comportés comme les partis à l’Assemblée.
Ce n’est pas une bonne nouvelle pour ces prochains mois.

                                  Éditorial SUD OUEST Julien Rousset