4104-Rendez-vous au bord de la falaise

Rendez-vous au bord de la falaise

 

 

Cette journée d’hier ne nous aura rien appris de nouveau.
Comme prévu, personne n’a suivi le panache blanc de François
Bayrou, qui va rester comme le premier Premier ministre
de la Ve République renversé par un vote de
confiance. Cinq gouvernements en trois ans, bientôt le troisième en
quatorze mois : hors l’épisode particulier du départ du général
de Gaulle, la dernière fois que la France a connu pareille instabilité
politique, les premiers « boomers » savaient à peine faire du vélo à
roulettes. Nous étions sous la IVe République et la question de la montée
des extrêmes était bien lointaine, au lendemain de la Seconde
Guerre mondiale. Est-ce là le signe d’une Cinquième à bout de souffle?

La conséquence du quinquennat et de son rythme effréné
de campagne électorale permanente ? Il faut aussi interroger
cela, mais ce n’est pas le sujet du jour.


Cette crise sans fin est-elle imputable à Emmanuel Macron ?
Assurément. Après son coup de force de la dissolution, la tentative
de mariage entre la carpe Barnier et le lapin Le Pen, c’est un autre
pari raté : la tortue Bayrou n’a pas plus passé la ligne. Mais le président
de la République n’est pas le seul à ne pas avoir voulu comprendre le
message du 7 juillet 2024. Et on peut, à ce stade de l’impasse, parler de
responsabilités partagées avec des parlementaires qui font semblant
de ne pas voir qu’aucune majorité n’existe. Coincés entre deux extrêmes,
les partis de gouvernement sont aussi coupables : à gauche de
ne pas avoir su divorcer à temps de Mélenchon ; à droite de continuer
à vouloir céder aux sirènes de Le Pen. Le sujet n’est désormais plus
tant de savoir quel sera le prochain Premier ministre, mais bien de
composer un gouvernement qui ne risque pas la censure, donc de
sortir d’une ligne 100 % macroniste. Et de le construire dans le compromis,
qui n’est pas la compromission.


On peut redouter le 10 septembre, le 18 du même mois, d’autres dates
à venir. On peut surtout craindre le pire, une nouvelle dissolution, la
poursuite de la fuite en avant. Ou enfin entendre le vote du corps électoral
et, entre élus responsables, ôter les oeillères pour gouverner la
France. Et, sans oublier les 3 345 milliards d’euros de dette, prendre
des décisions qui arrivent à satisfaire des camps aujourd’hui dos à dos,
avant qu’ils ne poursuivent leur exil vers les extrêmes. Notre démocratie
n’est pas en échec. Mais c’est elle, plus que notre budget, qui nous
donne rendez-vous au bord de la falaise.

 

                     Éditorial SUD OUEST Jean-Pierre Dorian



09/09/2025
5 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 375 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion