Chute de François Bayrou : la proportionnelle, vite !
Il n’y a donc pas eu de miracle pour François Bayrou, mais qui pouvait croire un instant qu’il se produirait ?
Comme un seul homme, les oppositions ainsi que plusieurs députés du bloc central, ont refusé de voter la confiance sollicitée n’importe comment par le Premier ministre, si bien que nous voici revenus à la case départ, en pire…
Le cadavre politique du Béarnais est encore tiède que déjà, les paris sont ouverts sur la course aux petits chevaux pour Matignon. Sébastien Lecornu ? Catherine Vautrin ? Xavier Bertrand ? Gérald Darmanin ? Eric Lombard ? Olivier Faure ? Et en même temps qu’ils pronostiquent distraitement sur celle ou celui qui sera le quatrième chef de gouvernement en un an (!), les Français ne misent pas un kopeck sur ses chances de durer plus longtemps que ses prédécesseurs.
Aussi sûr que le pays étouffe sous le poids de la dette, et que la limite de sa soutenabilité est sur le point d’être atteinte, nous savons déjà sans le moindre doute que le prochain kamikaze nommé par Emmanuel Macron n’arrangera rien à nos affaires, et de la grave crise que nous traversons, il ne résoudra strictement rien.
A-t-elle précipité les événements, l’incompréhensible dissolution d’humeur décidée par le chef de l’État n’est pas la cause de tous nos tourments – elle les a certes beaucoup aggravés – mais la conséquence d’une évolution sociopolitique qui ne permet plus à notre mode de scrutin de fonctionner, c’est-à-dire de dégager une majorité. Plus confiants dans la mécanique de l’alternance que dans la puissance du travail et des idées pour conquérir le pouvoir, les deux grands blocs historiques ont cessé d’écouter les Français, laissant aux extrêmes et en son temps au macronisme, des espaces sur lesquels s’épanouir.
L’instabilité politique ne date pas de juin 2024, elle mine le pays depuis les législatives de 2022 et l’attitude désinvolte d’Emmanuel Macron à leur égard, comme s’il n’avait pas été nécessaire qu’il s’implique dans la campagne d’un scrutin gagné d’avance.
Alors que ni la droite ni la gauche républicaines ne semblent aujourd’hui en capacité de rétablir leur hégémonie, que le macronisme vit ses derniers instants, et qu’enfin la géopolitique anxiogène et nos dérèglements intérieurs favorisent le RN et sa théorie du repli sur soi, le temps est venu d’engager le chantier de la consultation électorale.
En cas de législatives anticipées, la proportionnelle en remplacement du scrutin majoritaire uninominal à deux tours, ne résoudrait pas tout du blocage dans lequel se trouve la France. Elle n’empêcherait pas davantage le parti de Marine Le Pen de devancer tous ses adversaires, comme l’annoncent les sondages. Mais fait nouveau dans un pays comme le nôtre qui n’en a pas la culture, elle obligerait nos formations politiques à souscrire au principe des alliances, à réinventer un "Front républicain" qui s’essouffle, et à travailler ensemble dans l’intérêt supérieur et la stabilité du pays, et pas seulement pour tenir l’extrême droite en échec.
D’autres y arrivent, et souvent avec un certain succès. Pourquoi pas nous ?