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Les « Bloquons tout », de la parole aux actes ?

 

 


« Ce mouvement est populaire, mais l’intérêt qu’il suscite sur les réseaux s’est ralenti depuis la rentrée » Si les contestataires sont fortement 

mobilisés en ligne, difficile de savoir de quelle façon surgira cette petite armée de l’ombre au matin du mercredi 10 septembre. Pour les forces de l’ordre,une vigilance numérique permanente

 

 

Héritiers en ligne directe de nos bons vieux « RG » sacrifiés en 2008 sur l’autel
du Sarkozysme triomphant, les 3 000 agents du Renseignement territorial craignaient
une rentrée chargée. Et c’est à une véritable corvée d’épluchures des réseaux
sociaux que ces policiers se retrouvent bel et bien astreints. Autrefois à la manoeuvre dans la coulisse de syndicats plus ou moins bienveillants,à leur égard, les voilà désormais postés à l’ombre d’écrans ouverts sur un monde parallèle, occulte.
«Le métier a tellement changé », soupire un vieux de la veille, chargé comme tant d’autres d’épier en ligne les prémices du mouvement « Bloquons tout ». « En fin de semaine, rien que sur leur boucle Telegram de Nouvelle-Aquitaine, ils étaient déjà
près de 2 800 à rivaliser d’idées pour la journée du 10 septembre. Comment voulez-vous démêler l’écheveau d’un tel chantier ? »
Foin, piquets et barbelés Quoi qu’en laisse deviner l’abondance des contenus postés depuis le milieu de l’été – notamment 600 millions de vidéos vues –, bien malin en
effet celui qui saura prédire l’ampleur de cette mobilisation protéiforme, quand l’outrance du propos le dispute parfois à l’amateurisme de certaines actions envisagées par le collectif Indignons-nous. Pêle-mêle, la levée de péages autoroutiers et le passage en force aux caisses des supermarchés, le boycott des distributeurs
de billets, l’assaut de dépôts Amazon et des lieux de pouvoir, le blocage des raffineries et des gares, ou encore le ramassage des fruits invendus à travers les vergers béarnais «pour faire des confitures citoyennes et se préparer à tenir un siège ». Où l’on retrouve enfin cet agriculteur girondin proposant foin, piquets et barbelés afin d’interdire l’accès à la rocade bordelaise. Rien de révolutionnaire a priori, sauf à dire que les plus cryptées de ces messageries contagieuses cachent sans doute
quelques projets d’actions autrement subversives. De la parole aux actes de rue, un pas dont on ne sait d’ailleurs combien le franchiront réellement. Au doigt mouillé, alors que Bruno Retailleau jure ne pas voir venir la foule des grands soirs, ses services évoquent quelque 100 000 personnes attendues dans le cadre d’une centaine de manifestations plus ou moins déclarées.
Et la plupart des analystes échaudés par l’épisode gilets jaunes d’inviter en retour à la prudence. « Ce mouvement est réellement populaire, mais l’intérêt qu’il suscite sur les réseaux s’est paradoxalement ralenti depuis la rentrée, notamment en région parisienne », constate Matthieu Bonzio, directeur des opérations chez Bloom, plateforme spécialisée dans l’analyse médias et la désinformation. « Peut-être est-ce lié au fait que Mélenchon et la gauche radicale se sont emparés de cette révolte que
beaucoup voulaient apolitique, et aussi à la chute annoncée du gouvernement.»
Seule quasi-certitude partagée avec la fondation Jean-Jaurès, les « Bloquons tout » désormais penchent nettement très à gauche, à rebours donc de la doctrine originellement portée au printemps – sur TikTok et dans un relatif anonymat – par le
groupe souverainiste Les Essentiels. Où la tendance est aujourd’hui à faire en ligne la « chasse aux fachos », et supposés tels, parmi tous les candidats à l’action, voire à l’insurrection.
« Plutôt que des revendications thématiques sur la retraite ou le pouvoir d’achat, nous observons de la contestation pure, avec comme principale volonté celle de faire grève et de tout bloquer », précise Matthieu Bonzio.


«Bobos collabos »
Un univers pour autant moins virtuel
qu’il n’y paraît quand, à la veille du
week-end, près de 300 assemblées
générales en mode gilets jaunes auront
déjà été organisées en plein air
comme à la croisée des chemins
contestataires. « Bien que certains réfutent
cette filiation, il y en a partout à
travers les villes et les villages, ça part
dans tous les sens », note une source
sécuritaire, craignant au passage un
prompt renfort d’étudiants et de lycéens.
Mille et un mots d’ordre aux injonctions
parfois contradictoires, et déjà
quelques frictions illustrant çà et là la
quadrature de ce nouveau cercle
contestataire. Qu’il s’agisse de la présence
controversée des médias
comme de la volonté de couper aussitôt
toute tête qui dépasse, le diable
se niche également dans les détails
des lieux de réunion. « À Bordeaux, ils
ont choisi le village alternatif Darwin,
un repaire de bobos collabos, s’agace
un militant. Mais bon, s’il n’y a que ça,
on continuera à se servir d’eux
comme eux se servent de nous. »



07/09/2025
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