L'édito de Bruno Jeudy. Crise politique : dangereux engrenage
Par Bruno Jeudy, directeur délégués de la rédaction

Retrouvez l'éditorial de Bruno Jeudy, directeur délégué de « La Tribune Dimanche ».
LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
Par Bruno Jeudy, directeur délégués de la rédaction
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LTD/CYRILLE GEORGE JERUSALMI
Fin diplomate habitué à gérer les tensions et les conflits, Henry Kissinger avait lancé cette saillie aux journalistes : « Il ne peut y avoir de crise la semaine prochaine : mon agenda est déjà plein. » Emmanuel Macron eût aimé reprendre à son compte cette boutade avant une semaine qui sera celle de tous les dangers.
Car, lundi 8 septembre, il n'y aura ni suspense ni requiem pour François Bayrou. Après le probable échec du vote de confiance, la France n'aura plus de chef de gouvernement. Et le président de la République, qui aura usé quatre Premiers ministres en trois ans, se mettra en quête d'un successeur. Une instabilité digne de la IVe République.
À la suite d'une faute politique, le pays risque donc de basculer dans une crise financière. La semaine qui s'ouvre est en effet vertigineuse : inévitable chute du gouvernement Bayrou (lundi) ; forte agitation sociale (mercredi) avec le mouvement « Bloquons tout » ; menaces financières avec la possible dégradation de la note de la France par l'agence de notation Fitch (vendredi). Un crescendo inquiétant pour un pays paralysé depuis une année par les divisions politiques.×
À ce jour, Emmanuel Macron reste sourd aux conseils de Nicolas Sarkozy et de Marine Le Pen l'invitant à faire revenir les Français aux urnes. Dos au mur, il a entrepris en coulisses des échanges avec Olivier Faure pour explorer les conditions de la nomination d'un Premier ministre socialiste. En effet, le premier secrétaire du PS, qui a rompu avec les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon, s'est mis à la disposition du chef de l'État tout en posant des exigences sur les mesures d'économie à réaliser.
La remise en question de la doxa présidentielle sur la non-augmentation des impôts et sur la défense de la compétitivité des entreprises rend aléatoire la réussite de ces tractations. Reste à trouver au minimum avec le PS le nom d'un occupant pour Matignon qui pourrait obtenir un accord de non-censure de la gauche modérée tout en conservant la bienveillance des Républicains et le soutien des macronistes.
Cela permettrait d'accoucher au forceps d'un budget pour 2026. En cas d'échec de cette mission - que d'aucuns jugeront impossible -, l'Élysée sera contraint de dissoudre. De quoi combler les vœux des opposants qui voient la vie politique en 3D, comme dissolution, démission, destitution !
Pas sûr que la précipitation des échéances électorales règle quoi que ce soit tant le pays est fragmenté dans sa représentation politique. Dès lors, les partis, comme le font la CDU et le SPD en Allemagne, doivent faire l'apprentissage des coalitions et de la culture du compromis. Le prix à payer pour que notre nation ne s'enfonce pas davantage dans un marasme préjudiciable à sa cohésion.
La crise que nous traversons, si douloureuse et irritante soit-elle, a le mérite de placer nos compatriotes devant leurs responsabilités. Durant des décennies, ils se sont accommodés de vivre à crédit pour entretenir un État-providence inadapté aux temps nouveaux et à la démographie du XXIe siècle. Si l'on doit blâmer l'incurie des dirigeants qui se sont succédé, on ne saurait passer sous silence la somme des égoïsmes et le goût de la facilité qui ont conduit aux difficultés actuelles.
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