EDITORIAL. 

  • C’est la rentrée des classes ce lundi 1er septembre.
    C’est la rentrée des classes ce lundi 1er septembre. DDM - ILLUSTRATION - JEAN LOUIS PRADELS
Publié le 
Par Jean-Claude Souléry La DDM
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Une rentrée des classes tranquille, ce lundi, pour douze millions de petits Français ? C’est toujours difficile à prédire, tant notre école se prête aux aléas qui accompagnent chaque nouvelle année : ici ou là, des classes fermées, des professeurs absents, des réformes mal engagées, des programmes bouleversés, des mouvements sociaux, des mécontentements divers de parents d’élèves, des difficultés à maintenir une certaine discipline, et, enfin – une nouveauté – le contrôle strict d’une "pause" des téléphones portables en classe (téléphones qui, normalement, sont interdits depuis 2018 !…).

Selon le niveau scolaire (de la maternelle au lycée) et la zone géographique (les banlieues ou les petites villes), tous ces aléas peuvent perturber la rentrée ou, au contraire, passer totalement inaperçus. C’est ainsi qu’on devrait plutôt parler des rentrées scolaires – tant elles sont différentes à travers le pays.

Cependant, pas de grands changements cette année comme c’est le cas lorsque des ministres de l’Éducation se lancent dans de vastes réformes, souvent mal comprises ou trop vite engagées. L’actuelle ministre, Elisabeth Borne, a surtout voulu dès cette année qu’on redonne du poids au baccalauréat, en encadrant le contrôle continu et en limitant les points supplémentaires octroyés par les jurys lors des oraux de rattrapage. Un bac un peu plus sélectif.

 

Autre souhait ministériel : faire davantage entrer les jeunes filles dans le cursus mathématique, leur faire aimer les sciences. Pour le coup Elisabeth Borne s’en est pris assez bizarrement à la devise qui orne le fronton du Panthéon à Paris : "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante", considérant qu’il serait discriminant envers les filles et ne les encouragerait pas à entreprendre des études scientifiques ! Un argument pour le moins tendancieux… Plutôt que de s’en prendre à un symbole gravé depuis deux siècles, ne faudrait-il pas incriminer, par exemple, la décision d’un ancien ministre (Jean-Michel Blanquer) de retirer les maths obligatoires du socle commun ?

Enfin – plus grave – on peut craindre en ces premiers jours de rentrée un manque cruel de professeurs. Soit pour des raisons administratives de mutation, soit pour des difficultés de recrutement, soit par la lassitude des enseignants face aux classes surchargées, parfois à la violence, au manque de reconnaissance et à des salaires insuffisants – autant de raisons qui provoquent des burn-out, des absences, ou les poussent tout simplement à la démission. Selon une enquête réalisée en juin dernier auprès de 10 000 enseignants, 86 % d’entre eux se disent "désabusés". C’est le grand mal-être des écoles.

Ce malaise des enseignants n’est pas nouveau. On en connaît depuis longtemps les causes, mais aucun ministre de l’Éducation n’est parvenu à le dissiper. Élisabeth Borne n’y parviendra pas davantage : le 8 septembre, il n’y aura plus de gouvernement, donc plus de ministre de l’Éducation…