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À gauche, le doudou de la censure
Certes, avec son projet de budget à 43,8 milliards d’euros d’économies,
François Bayrou ne va pas être à la fête dans les
semaines qui viennent. Mais en attendant, c’est lui qui est au
spectacle d’une autre rentrée : celle de la gauche. Laquelle
s’avance vers septembre en ordre toujours aussi dispersé et très riche
– diront les plus optimistes – de ses nombreuses « nuances ».
Toujours est-il que, si les socialistes ont encore en travers de la gorge
l’épaisse couleuvre béarnaise du conclave des retraites, ils partagent
désormais le même mot d’ordre que les Insoumis et les écologistes : la
censure du gouvernement. Celle-là même qu’ils ont refusée en février,
convaincus de pouvoir arracher quelques avancées et bien contents de
se libérer de l’emprise de La France insoumise.
Bientôt sept mois plus tard, si la censure est de nouveau leur plus petit
dénominateur commun, il serait illusoire d’y voir là les signes de
riantes retrouvailles. Dans la foulée de la dissolution, la gauche avait su
mettre ses divergences sous le tapis. Mais, on le sait, le Nouveau
Front populaire n’était qu’un amour d’été.
Le seul enjeu qui anime désormais
cette famille en décomposition
reste la prochaine présidentielle.
Marine Tondelier, la patronne des Écologistes, a
beau répéter qu’elle se battra « jusqu’à son dernier souffle » pour faire
émerger une candidature commune en 2027, pour l’heure, son propos
a l’intensité tellurique d’un prêche dans le désert.
Si la censure de François Bayrou peut, en effet, être un objectif partagé,
elle ne réglera en aucun cas la question du leadership pour 2027. Et ce
d’autant plus qu’en cas de censure, Emmanuel Macron envisage davantage
de changer le Premier ministre que de dissoudre à nouveau, empêchant
ainsi ses adversaires de profiter de nouvelles législatives pour
se relancer. Sans compter que, pour renverser le gouvernement, il
faudra que le Rassemblement national y ajoute ses voix. Il l’a déjà fait et
rien n’indique qu’il ne recommencera pas.
Oui, la gauche est dans son rôle quand elle attaque ce projet de budget
porté, entre autres réjouissances, par la suppression de deux jours
fériés, mais elle n’a pas toutes les cartes en main. À cet égard, la censure
n’est qu’un doudou, certes réconfortant, mais qui ne saurait cacher ses
propres faiblesses. Que François Bayrou tombe et sa chute n’offrira
rien d’autre qu’un lot de consolation, tant ce qui menace la gauche est
d’abord de finir, elle aussi, échouée sur la plage, noyée dans ses divisions.
Jefferson Desport éditorial Sud-Ouest