4056-10 septembre : entre soutien et méfiance, le coeur des oppositions balance 5 posts

 

 

 

 

 

 

DÉCRYPTAGE

10 septembre : entre soutien et méfiance, le coeur des oppositions balance

Face aux appels sur les réseaux sociaux à « tout bloquer » le 10 septembre prochain pour s'opposer entre autres au plan d'économies du gouvernement, la gauche et le RN adoptent des stratégies différentes.

 
LFI mise sur le mouvement du 10 septembre pour faire plier le gouvernement tandis que le RN prend ses distances.
LFI mise sur le mouvement du 10 septembre pour faire plier le gouvernement tandis que le RN prend ses distances. (Photo Nicolas Tavernier/REA)

Par Jacques PaugamHadrien Valat

Publié le 21 août 2025 à 17:46 Les ECHOS

Sous les pavés, la plage et les cocotiers pour François Bayrou ? Si le Premier ministre refuse de prendre des vacances, les oppositions rêvent de l'envoyer au repos forcé à la faveur des mouvements sociaux de la rentrée.

En premier lieu desquels les appels au blocage du 10 septembre. Depuis des semaines voire plusieurs mois, s'organisent via les réseaux sociaux des comités locaux, qui se sont donnés rendez-vous pour paralyser le pays, derrière le mot d'ordre « bloquons tout ». Les protestataires s'opposent entre autres au budget austéritaire de François Bayrou.

En ligne, les canaux d'organisation du mouvement témoignent du flou idéologique qui entoure pour l'heure la mobilisation. A l'instar du principal groupe de discussion, « Indignons-nous » - qui regroupe près de 8.000 membres sur Telegram, et de ses déclinaisons départementales, où se mêlent anciens «gilets jaunes», internautes très à gauche, ou d'autres très à droite… Avec, à la clé, des débats à n'en plus finir sur la politique budgétaire du gouvernement mais aussi sur l'immigration, les médias, le référendum d'initiative citoyenne, la franc-maçonnerie, une « grève des cartes bleues »…

Mise en garde contre «une récupération»

Malgré les inconnues qui entourent l'initiative, les Insoumis ont été les premiers, le week-end dernier, à affirmer leur soutien et leur participation au 10 septembre. En parallèle de la censure du gouvernement qu'ils appellent de leur voeu, « la mobilisation populaire tous azimuts » sera essentielle pour renverser l'exécutif, a écrit LFI dans « La Tribune Dimanche ». Le mouvement invite ainsi ses soutiens à « se mettre au service des collectifs locaux qui proposent cette mobilisation et à tout faire pour sa réussite ».

Difficile dès lors, pour Les Ecologistes, de ne pas se positionner. Ils leur ont emboîté le pas mercredi, par la voix de Marine Tondelier. « L'avenir du pays » se jouera lors des mobilisations de la rentrée, juge-t-elle dans « Libération ». Elle met toutefois en garde contre « la récupération » et une éventuelle compétition « de nombre de drapeaux » entre formations politiques, qui viendrait « tout gâcher ». Récupération qui, avertit-elle, mettrait « les manifestants mal à l'aise parce qu'ils auraient l'impression de marcher dans les pas de tel ou tel candidat à la présidentielle ». Une pierre dans le jardin de Jean-Luc Mélenchon.

 

Auprès de l'AFP, Léon Deffontaines, porte-parole du Parti communiste, a appelé mercredi « à participer à l'ensemble des mobilisations contre le projet Bayrou, le 10 septembre compris ». « On soutiendra le mouvement, on sera partie prenante », a-t-il déclaré. Pour l'heure, le PS, plus prudent, « suit et regarde l'initiative avec beaucoup d'intérêt », a expliqué la députée européenne Chloé Ridel. « Les motivations et les modes opératoires sont assez flous pour l'instant » mais « nous comprenons l'exaspération qui est à l'origine de ce mouvement », a assuré mercredi sur France Info la porte-parole socialiste.

 

A l'origine de la mobilisation, « ce n'était clairement pas des mots d'ordre de gauche, il ne faut pas se mentir là-dessus », rembobine Sarah Kerrich-Bernard, secrétaire nationale du PS. Mais « on remarque que l'extrême droite prend ses distances par rapport à ce mouvement - pour nous c'est une condition sine qua non de ne pas se mélanger avec eux. Et en parallèle, c'est plutôt des mots d'ordre sociaux qui sont en train de prendre le dessus », observe la proche d'Olivier Faure. Pour l'instant, les socialistes préfèrent néanmoins rester un peu en retrait, pour respecter l'autonomie du mouvement, et, le cas échéant, essayer de lui trouver des débouchés au Parlement.

Prise de distance du RN

Après avoir semblé hésiter, le parti de Marine Le Pen a finalement pris ses distances après que LFI a décidé de soutenir le mouvement. Et ce bien que certains de ses soutiens en ligne, très à droite, naviguent entre souverainisme et sortie de l'Union européenne. « La récupération politicienne par l'extrême gauche condamne la manifestation du 10 septembre à être parasité par des hordes de casseurs, de black blocs et de militants pro-Hamas », a fustigé la député RN Edwige Diaz sur le réseau social X, ce mardi. « C'est un rassemblement qui se voulait populaire et j'ai peur que ça devienne un rassemblement d'enfer », avait estimé la veille sur France Inter l'eurodéputé et porte-parole du RN, Matthieu Valet.

 

« Disons que ça paraissait légitime au début, qu'en circonscription, il y a une envie de bouger mais l'extrême gauche a totalement récupéré l'opération », justifie Matthias Renault, député RN de la Somme. Avant d'ajouter : « Je doute que nos électeurs aient envie de défiler avec des antifas et des militants LFI, le tout avec des revendications sur plus d'impôts et plus de dépenses publiques mille fois répétées et assez opposées aux mots d'ordre poujadistes de départ. » Reste que plusieurs des cadres du RN surveilleront l'ampleur de la mobilisation le 10 septembre.

Pour l'heure, ni Jordan Bardella, le président du parti, ni Marine Le Pen ne se sont encore exprimés publiquement sur le sujet. « Il y a une sorte de préemption de LFI sur le mouvement qui gêne le RN. D'un côté, ils ne veulent pas louper le coche de la contestation de la politique de François Bayrou. De l'autre, ils ne veulent pas s'associer à un mouvement qui pourrait éventuellement dégénérer et braquer une partie de l'électorat des classes moyennes et supérieures d'inspiration plus libérale et qu'il cherche à conquérir », analyse Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS et membre du Cevipof. 

Jacques Paugam et Hadrien Valat

 

 

 

 

 



22/08/2025
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