4049-10 septembre : Mélenchon en premier de cordée
10 septembre : Mélenchon en premier de cordée
Pour La France insoumise, c’est déjà la rentrée. Jean-Luc Mélenchon
n’a même pas attendu la fin de ses universités d’été, dimanche
prochain dans la Drôme, pour reprendre à son
compte le mot d’ordre apparu sur les réseaux sociaux cet été :
«Le 10 septembre, bloquons tout ». Qu’il réponde à cet appel n’est pas
une surprise tant il a fait de la rue son domaine réservé. Mais quelle
urgence y avait-il, alors que la France cherche un second souffle après
la canicule des derniers jours, à reprendre la parole, et à vouloir accélérer
le calendrier d’une rentrée qui, de toute façon, sera difficile pour ce
gouvernement lesté d’un projet de budget hérissé de 43,8 milliards
d’euros d’économies ?
Réponse : Jean-Luc Mélenchon n’entend pas laisser seul dans la nature,
exposé à d’autres ambitions que les siennes, cet embryon de colère.
D’autant plus que c’est bien la perspective de ce coup de rabot budgétaire
inédit, incarné notamment par la suppression de deux jours fériés,
qui est à l’origine de ce mouvement spontané du 10 septembre.
En l’investissant sans tarder, le suprême leader des Insoumis nous
refait le coup des gilets jaunes. En décembre 2018, à Bordeaux, il avait
tenté de se réapproprier cette dynamique. Depuis le Parc des expositions,
il leur avait lancé « un immense merci », expliquant sans rire à ses
partisans, pour doucher les procès en récupération : « Vous ne soutenez
pas le mouvement des gilets jaunes, vous en êtes membres, vous en
êtes partie prenante. » Admirable de démagogie. Mais insuffisant pour
gagner la présidentielle de 2022.
Preuve, et il faut s’en féliciter, que la théorie du chaos n’est pas la
martingale qu’elle prétend être. Sans présager de l’issue de ce
10 septembre, la stratégie de Jean-Luc Mélenchon
est donc toujours la même : souffler sur les braises
pour renverser François Bayrou, provoquer de nouvelles législatives et
relancer son appel à la démission d’Emmanuel Macron. C’est un fait : ce
projet de budget est un baril de poudre, et son artificier en chef a déjà
une main sur l’extincteur et un pied dans le vide.
Reconnaissons à Jean-Luc Mélenchon son opiniâtreté. Mais en tirant
les premiers feux, il envoie également un message à la gauche : il entend
rester son porte-voix numéro un, son premier de cordée. Alors
que le Nouveau Front populaire (NPS) n’a pas plus tenu que la Nouvelle
Union populaire écologique et sociale (Nupes), pour elle aussi cette
rentrée en ordre dispersé s’annonce comme un moment de vérité. Car
ni les socialistes, ni les écologistes, ni les communistes n’ont trouvé la
solution à l’équation Mélenchon. Et ils ne peuvent s’en prendre qu’à
eux-mêmes.
Éditorial Sud-Ouest Jefferson Desport