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Trump, l’Ukraine et les Européens : les limites de la diplomatie courtisane

Volodymyr Zelensky a évité une nouvelle humiliation. Les Européens une mortelle indifférence. Après Anchorage, la bonhomie de Donald Trump envers le président ukrainien et ses alliés suffit-elle pour autant à faire du contre-sommet de Washington un succès ? Pour reprendre le dessus sur un Poutine à la rouerie consommée, la délégation a suivi à la lettre le manuel Bien gérer Narcisse : le flatter, valoriser ses réussites et ses obsessions favorites, cultiver une pseudo résistance pour stimuler son goût du défi et des tempéraments affirmés, ne pas le contredire.
Peu habitués à la diplomatie télé-réalité, et encore moins à sa version courtisanesque, les citoyens du monde ont assisté, médusés, à des scènes jamais vues où la flagornerie le disputait à la servilité. Avec l’objectif d’orienter le président américain vers leurs options (cessez-le-feu, réunions bi-, tri-, puis quadripartite, garanties de sécurité américanisées), les défenseurs d’une Ukraine indépendante ont encensé le « génial médiateur ». Résultat ? Une très relative réussite : la Maison Blanche reste – pour l’instant – engagée, mais ses promesses sont encore trop floues pour espérer une paix durable.
Car cette stratégie du compliment a ses limites. Elle incite à repousser les sujets qui fâchent – silence sur le Donbass dont on imagine mal Kiev abandonner les positions occidentales fortifiées. Elle expose à une contre-offensive du dernier des laudateurs (Vladimir Poutine a montré qu’il savait faire, lui qui a assuré qu’il n’aurait jamais lancé son offensive en 2022 avec Trump à la présidence). Surtout, elle s’avère fragile : rien ne dit que le flatté n’instrumentalise pas ses flatteurs, jusqu'à ce que leur impuissance ne l’incite à reprendre la main, par la contrainte. Ou à s’extraire d’un conflit après tout secondaire pour les Etats-Unis. Face aux politesses, seul le rapport de force comptera alors.