4038-Cambriolages sous surveillance

Cambriolages sous surveillance

Philippe Rioux

  • Philippe Rioux DDM
Publié le 

Selon les chiffres du service statistique du ministère de l’Intérieur publiés en juillet, la France a enregistré près de 218 000 cambriolages de logements en 2024, soit l’équivalent de 600 intrusions par jour. Après la parenthèse de 2020 – année où le confinement avait cloué les malfaiteurs comme les honnêtes gens chez eux – la courbe est repartie à la hausse : + 3 % en 2023 par rapport à 2022, pour un niveau proche de celui de 2019. Mais le premier semestre 2025 marque un infléchissement : 117 000 logements cambriolés, soit 5,7 % de moins qu’un an plus tôt.

Ce repli ne doit rien au hasard. L’État a durci le ton. Depuis février, le Plan d’action départemental de restauration de la sécurité au quotidien (PADRSQ) cible notamment les cambriolages avec un diagnostic précis, des partenariats locaux et un maillage policier renforcé. En Île-de-France, l’extension de la vidéosurveillance et l’usage d’applications collaboratives comme Voisins Vigilants & Solidaires produisent leurs effets : dans le 15e arrondissement de Paris, les effractions ont reculé de 17 % en six mois. Les campagnes de prévention, rappelant des gestes simples – fermer systématiquement les accès, prévenir ses voisins, vérifier ses équipements – complètent le dispositif, tandis que les systèmes d’alarme doivent désormais répondre à des normes strictes.

 

Reste que l’été demeure la saison reine des cambrioleurs. Près de 60 % des effractions surviennent en l’absence des occupants et les vacances estivales offrent un terrain de chasse idéal. Les réseaux sociaux, véritables vitrines involontaires, trahissent d’ailleurs parfois des absences prolongées, vite repérées par les malfrats. Les autorités misent bien sur le programme « Tranquillité vacances » – patrouilles de police ou de gendarmerie – pour contenir cette vulnérabilité saisonnière… à condition que les particuliers se signalent.

Les cambriolages n’épargnent en tout cas plus personne. Loin d’être cantonnés aux grandes villes, ils concernent aussi les zones rurales. Des départements naguère préservés – Isère, Gironde, Ain, Haute-Garonne – dépassent aujourd’hui la moyenne nationale. Quant aux résidences secondaires, notamment dans les régions touristiques, elles sont proportionnellement plus exposées.

Face à la menace, les particuliers répliquent massivement. Alarmes connectées, caméras intelligentes, télésurveillance : le marché explose. Verisure, Netatmo ou Orange Maison Protégée rivalisent d’offres estivales. Les kits sans fil, pilotables à distance et compatibles avec les assistants vocaux, traduisent une adaptation rapide aux méthodes des cambrioleurs. Les statistiques sont éloquentes : un logement équipé d’un système certifié réduit son risque d’effraction de 40 à 60 %.

Pour autant, la bataille reste inachevée. Avec un taux d’élucidation qui progresse à peine – 10 % des affaires résolues – la lutte contre les cambriolages demeure un combat d’endurance, où se conjuguent maillage policier, coopération citoyenne et culture de la prévention. L’été prochain dira si l’arsenal déployé en 2025 a véritablement inversé la tendance… ou s’il n’a fait que retarder l’inévitable retour à la hausse d’un fléau en perpétuelle mutation.

 



16/08/2025
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