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Jours fériés : en finir avec la farce des ponts de mai

François Bayrou ne flanche pas – et tant mieux ! Malgré une opinion publique vent debout à près de 80 %, malgré le front clientéliste des syndicats, malgré les menaces des partis populistes jamais à court de démagogie, le Premier ministre n’entend pas renoncer à supprimer deux jours fériés, le lundi de Pâques et le 8 mai. Dans un courrier adressé aux partenaires sociaux, il vient de confirmer sa décision – courageuse – qui fâche. La mesure rapporterait 4,2 milliards d’euros. Ce n’est pas rien, mais le symbole politique vaut bien plus encore.
Car, reconnaissons-le, d’un point de vue économique, la mesure est critiquable. Parce qu’ambiguë : elle consiste à faire davantage travailler les actifs déjà en emploi alors que le pays souffre de ne pas avoir assez de Français laborieux, notamment chez les jeunes et les séniors aux taux d’emploi bien plus bas que la moyenne européenne. Parce que paradoxale : au moment où un consensus se forme pour assurer qu’en France, le travail ne paie pas assez, on demande à des citoyens déjà réfractaires aux réformes punitives de travailler plus... pour pas un euro de plus !
Ces limites ne disqualifient en rien l’audace de Matignon, tant le message politique est limpide. Le désordre budgétaire est tel que toute procrastination ne ferait qu’accélérer la faillite. Or, même imparfaite, cette mesure simple a l’avantage d’assurer un rendement financier rapide et conséquent (loin des contre-propositions fumeuses sur la fraude ou l’immigration), de s’attaquer à cette déroute française consistant à distribuer toujours plus en produisant toujours moins, à créer un choc psychologique. A contre-courant des ruineuses 35 heures censées annoncer l'ère des loisirs, la fin de la farce des ponts du mois de mai pourrait matérialiser le début de l'ère des efforts. François Bayrou a raison, le sursaut passe aussi par là.