4016-Fêtes locales : l’ombre de Pierre-Édouard Stérin 2 posts
Fêtes locales : l’ombre de Pierre-Édouard Stérin
L’affaire pourrait paraître anecdotique. Ces derniers jours,
plusieurs communes de notre région ont claqué la porte de
l’association Les plus belles fêtes de France. En Gironde, Bazas,
qui organise la célèbre fête des Boeufs gras, a pris le
sillage d’Espelette, Hasparren et Hendaye au Pays basque. Alors
qu’elles avaient rejoint ce label, espérant bénéficier d’une meilleure
promotion de leurs fêtes, elles ont coupé les ponts après avoir découvert
que cette structure était liée au milliardaire conservateur, fervent
catholique et proche de l’extrême droite, Pierre-Édouard Stérin.
Cette proximité a fait l’effet d’une douche froide. De Bazas à Espelette,
ces fêtes qui ont en commun de faire rayonner la culture et les traditions
locales, se revendiquent toutes comme « apolitiques ».
Or, Pierre-Édouard Stérin, lui, assume non seulement de défendre
une vision résolument conservatrice de la société, mais
aussi de tout mettre en oeuvre pour faire triompher ses idées
en 2027. Lesquelles se retrouvent
en toutes lettres dans son projet Périclès qui se définit ainsi :
« Patriotes, enracinés, résistants, identitaires, chrétiens, libéraux,
européens, souverainistes. »
À la lueur de cette ambition, voir une entreprise, qu’il finance, investir
le tissu de ces fêtes, où se mêlent traditions ancestrales, parfum d’antan,
costumes d’époques et autres danses folkloriques, oblige a minima
à s’interroger. Le trait pourrait être caricatural. Ce qui ne l’est pas,
c’est que l’extrême droite française se structure. En cela, elle suit le
même chemin que sa cousine américaine. Outre-Atlantique, les milliardaires
conservateurs financent des universités, des cercles de
réflexion et des influenceurs pour diffuser leurs idées et mener leur
croisade culturelle avec le résultat que l’on sait : le retour de Donald
Trump au pouvoir.
La France a désormais de tels mécènes, aussi déterminés et décomplexés.
Dès lors, à deux ans de la présidentielle, que les fêtes locales
apparaissent dans leur orbite ne peut être anodin, tant l’imagerie
d’Épinal nourrit leur discours. Les élus et les associations ont raison
de demander des comptes : leurs événements n’ont pas à servir de
porte-voix, ni même de couverture, à une idéologie. Mais le simple fait
de le rappeler, le montre : la bataille de 2027 a commencé. Et la question
des valeurs promet d’être un épais morceau. Si la campagne permettra
d’en débattre à visage découvert, espérons qu’elle ne soit pas
exclusivement chaussée de gros sabots.
Éditorial Sud-Ouest Jefferson Desport