Incendie dans l’Aude : la guerre du feu
Derrière le rideau effrayant des flammes géantes, l’enfer. L’éternel rappel de l’infinie puissance de la nature. Un terrible constat trop souvent répété, mais, fort heureusement, jamais dans de telles proportions. Quand le feu et le vent décident de s’allier pour tout dévorer il ne reste aux populations touchées que les yeux pour pleurer. Si précieux dans la longue histoire de l’humanité, indispensables même au fil des civilisations, ces éléments déchaînés, incontrôlables depuis mardi après-midi, viennent de semer la peur, la douleur, la désolation et même la mort dans cette partie de l’Aude déjà durement touchée depuis le début de l’été.
Conséquence directe du réchauffement ou non, aucune région de la planète n’est à l’abri, le phénomène ne touche évidemment pas que l’Occitanie. Dans un passé récent, en janvier, les collines "étoilées" dévastées de Los Angeles, il y a huit ans, les… soixante victimes des forêts de Leiria au Portugal, en mars, le "paradis naturel" d’Iwate au Japon, le mois dernier, l’île grecque de Chios juste après la très touristique Crête. Et l’Espagne régulièrement…
La sinistre liste n’en finit pas de brûler. Le combat à l’heure où nous écrivions ces lignes et malgré l’importance inédite des moyens engagés, était loin d’être gagné. Les chiffres tombent sans que l’on puisse se rendre bien compte. Pompiers, 2 150, véhicules terrestres, 600, Canadairs, 9, hélicoptères bombardiers d’eau 4, Dash et Beech (avions de surveillance afin d’évaluer en permanence la situation) 4… Aux frontières, des renforts de pays voisins sont prêts à décoller alors que des militaires sont attendus aujourd’hui. L’état des sites, recouverts d’une végétation déjà brûlée par le manque d’eau (pas une goutte tombée depuis le mois de juin), les conditions météorologiques avec une tramontane qui attise et rallume les foyers à plus de soixante kilomètres heure limitent fortement l’efficacité de la lutte. Sur place hier, François Bayrou et Bruno Retailleau ont échangé avec les élus, les habitants, les agriculteurs. Bien avant l’heure du bilan, au cœur du brasier, tous ont imploré les dirigeants à se montrer "à la hauteur" d’une situation hors normes.
Cette "Corbièra salada", au goût de sel, que chante Marti dans son pays qui veut vivre, a pris pour longtemps l’odeur âcre du cramé. Le temps des questions, des coupables et de l’avenir va "vite" revenir. Il en faudra beaucoup plus pour refermer les plaies. Quant à l’oubli, ne rêvons pas, il sera impossible à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, Lagrasse, Fontjoncouse et dans toutes les communes concernées.